Carlos Alcaraz face à Jannik Sinner, une finale de Roland-Garros où la terre battue, aussi, a son mot à dire

En fonction de la météo, la surface peut ralentir et le rebond de la balle être plus bas. Ce qui pourrait avoir une influence sur le match entre l’Italien Jannik Sinner et l’Espagnol Carlos Alcaraz, dimanche.

Juin 8, 2025 - 11:01
Carlos Alcaraz face à Jannik Sinner, une finale de Roland-Garros où la terre battue, aussi, a son mot à dire
L’Italien Jannik Sinner, lors de sa victoire en demi-finale de Roland-Garros face au Serbe Novak Djokovic, vendredi 6 juin 2025. JULIEN DE ROSA/AFP

Carlos Alcaraz est le tenant du titre à Roland-Garros, mais Jannik Sinner est le numéro un mondial. L’Espagnol a dominé la saison sur terre battue, mais l’Italien n’a pas perdu le moindre set de la quinzaine. Alcaraz a gagné ses quatre derniers face-à-face avec Sinner, mais ce dernier a remporté les deux derniers tournois du Grand Chelem. Avant la finale de Roland-Garros, dimanche 8 juin, à 15 heures, pas facile de départager les deux hommes au jeu des pronostics. Alors, il faut peut-être regarder vers le ciel. Pas en quête d’un quelconque signe, mais plutôt en s’intéressant à la météo.

Mélange notamment de brique pilée et de calcaire, la terre battue est une surface vivante, qui évolue au gré des éléments. Lente par définition, elle est le paradis des défenseurs, qui peuvent en plus y exécuter de grandes glissades, dont raffolent Carlos Alcaraz et Jannik Sinner. Mais les deux hommes n’ont pas tout à fait le même jeu. Et si une bonne dose d’humidité ou quelques gouttes de pluie venaient s’inviter à la fête, chacun devrait s’adapter.

« Plus le court est humide, plus il devient lent. Plus il est sec, plus il devient rapide », explique Philippe Vaillant, qui bichonne les terrains de Roland-Garros pour la 24e année – dont sept en tant que responsable des courts – au sein d’une équipe de 187 personnes. A l’écouter, on pourrait ainsi croire qu’un temps capricieux avantagerait Alcaraz, en ralentissant les frappes puissantes de Sinner. Mais le jeu fait de balles liftées de l’Espagnol s’en trouverait aussi affaibli. « Sur une terre battue humide, le rebond est moins haut, ajoute Philippe Vaillant. En plus la balle s’alourdit en se gorgeant d’eau. »

Match nul donc ? « On est arrivé à un tel niveau de jeu et de polyvalence que tout le monde est facilement capable de s’adapter aux changements de conditions », estime l’homme de 58 ans, responsable de 33 courts, entre le site principal de Roland-Garros et les annexes. Tout le contraire de l’époque où « certains ne jouaient bien que sur gazon, dur ou terre battue » et peinaient dès qu’ils sortaient de leur zone de confort.

Des terres plus rapides dans le futur ?

La terre battue peut même devenir instable si elle s’imprègne de trop d’eau. Même pour un « skieur » reconnu comme le Transalpin Jannik Sinner, toute tentative de glissade peut alors se transformer en lourde chute. Pour éviter d’en arriver là, l’organisation des Internationaux de France choisit généralement de fermer le toit du court central – installé en 2020 – dès que les premières gouttes se font sentir, voire quand les nuages commencent à s’amonceler au-dessus du 16e arrondissement parisien.

Une fois déployé, le toit ne se replie plus jusqu’à la fin d’un match selon les règles du tournoi. La finale passerait alors dans des relatives conditions indoor (intérieures), car plusieurs ouvertures laissent passer de l’air dans l’enceinte. Avantage Sinner ? Avantage Alcaraz ? « Le jeu ira légèrement plus vite dans ces conditions », précise Philippe Vaillant, donnant ainsi un point pour l’Italien. Mais un tout-petit. « Il y a un tel volume d’air sous le toit que l’on reste presque dans des conditions de terre battue extérieures. Dans tous les cas, on ne se retrouve pas à jouer dans une boîte, toit ou pas. »

Face au réchauffement climatique, le défi de Philippe Vaillant et de son équipe dans les années à venir sera de faire en sorte que la terre battue « reste une surface lente ». Même si la mission s’annonce compliquée. « Il faudra qu’on adapte notre façon de travailler aux exigences et aux contraintes qu’on pourra avoir », explique le responsable, à commencer par d’éventuels durcissements des normes sur l’utilisation de l’eau : « Si on en utilise moins et qu’il fait chaud, on aura forcément des terres battues un peu plus rapides. »

[Source: Le Monde]