Burkina Faso : les visas bientôt gratuits pour les ressortissants africains souhaitant se rendre dans le pays
Le Burkina Faso a décidé de rendre gratuits les visas pour l’ensemble des ressortissants africains. Une mesure inédite qui s’inscrit dans une volonté panafricaniste, destinée à faciliter la libre circulation et à renforcer l’intégration économique, politique et culturelle du continent.
Le Burkina Faso vient de franchir une étape symbolique en matière d’intégration africaine. Le Conseil des ministres a adopté par décret, le 11 septembre 2025, un rapport introduisant la gratuité des visas d'entrée pour les ressortissants de tous les pays du continent.
“Désormais aucun ressortissant africain ne déboursera une somme pour s’acquitter de frais de visas”, a déclaré le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana. Cette décision s’inscrit dans la vision panafricaniste revendiquée par les autorités de transition, qui affirment vouloir renforcer les liens entre les peuples africains.
Une ouverture continentale
Concrètement, le visa n’est pas supprimé : les voyageurs devront toujours déposer une demande en ligne sur le portail officiel. Mais cette procédure ne coûtera plus rien. “La gratuité n’est pas l’exemption. Les demandes sont formulées en ligne, font l’objet d’un examen et si la demande est acceptée, alors tout ressortissant africain qui passe par ce canal obtiendra gratuitement ce visa pour venir au Burkina Faso”, a insisté le ministre Sana.
Le ministre précise que “l’accès au territoire national Burkinabé est conditionné par la présentation d’un visa valide, et à l’exception des dispositions d’exemption de visas prévus dans certains accords bilatéraux ou communautaires”.
Pour Ouagadougou, l’objectif est de transformer le pays en terre d’accueil africaine et afficher une volonté politique d’ouverture. “Conformément à la vision panafricaniste du chef de l’État, le Burkina Faso réaffirme sa ferme volonté de raffermir les liens historiques de fraternité entre les peuples africains”, a souligné Mahamadou Sana.
Le gouvernement espère stimuler le commerce, le tourisme et les relations diplomatiques. Dans son communiqué, il estime que “cette gratuité des visas au profit des ressortissants des pays africains va également contribuer à promouvoir le tourisme, la culture burkinabè et à améliorer la visibilité du Burkina Faso à l’étranger”. Le Conseil des ministres résume la philosophie de la réforme : "Elle vise à faciliter la libre circulation des personnes et des biens sur le territoire burkinabè et à promouvoir l’intégration des peuples africains.”
Une mesure à fort impact économique et politique
Jusqu’ici, se rendre au Burkina Faso représentait un coût non négligeable : environ 55 000 francs CFA (84 €) pour un visa touristique simple entrée, et jusqu’à 120 000 francs CFA (183 €) pour un visa d’affaires à entrées multiples. La gratuité est donc perçue comme un signal fort en faveur de l’intégration. “Le sens profond de ce décret est de renforcer la libre circulation du peuple africain et de leurs biens sur le continent. Deuxièmement c’est de renforcer l’intégration africaine”, a rappelé le ministre Sana.
Les autorités espèrent que la mesure encouragera les voyages d’affaires, le tourisme et les échanges culturels, mais aussi la mobilité des étudiants et des acteurs associatifs. Selon le média Afrik, cette gratuité "pourrait accroître les flux commerciaux" et "assoit le leadership du Burkina Faso parmi les pays engagés pour une intégration africaine réelle".
En rendant son visa accessible sans frais, “Ouagadougou se positionne comme un acteur moteur d’une intégration africaine encore inachevée, mais dont les bénéfices économiques et diplomatiques apparaissent de plus en plus évidents”, analyse le média financier Sikafinance.
Cette mesure aligne de fait le Burkina Faso sur la politique de pays pionniers comme le Bénin ou le Rwanda, qui ont ces dernières années supprimé les visas d’entrée pour tous les Africains. La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont le Burkina Faso est membre, autorise déjà depuis 1979, la libre circulation de ses ressortissants sans visa. Une dynamique renforcée par la création d’un passeport commun en 1985. De son côté, l’Union Africaine promeut activement un continent “sans visas” à travers son Agenda 2063 et le projet de passeport africain unique.
[Source: TV5Monde]