À l’image du pays, le football à Madagascar peut-il faire sa révolution?

La soif de refondation à Madagascar gagne le monde du football. D’anciens internationaux Barea ont décidé de prendre le zébu par les cornes. Objectif: assainir le football malgache de la corruption et de la violence. Pour se lancer dans un tel combat, il faut de sérieuses références. Qui de mieux que 4 ex-internationaux de la glorieuse épopée de la CAN 2019 : l'ex-capitaine Faneva Ima Andriatsima, Voavy Paulin (milieu offensif), Lalaina Nomenjanahary (milieu alias Bolida) et Abel Anicet Andrianantenaina (milieu et capitaine des Barea).

Jouant de leur notoriété, ils ont mobilisé les fans et amoureux du football. Leur arme favorite : les réseaux sociaux, à l'instar des Gen Z. Cet outil est d'autant plus incontournable que la plupart des personnalités vivent et voyagent souvent à l'étranger. Les 4 compères ont réalisé plusieurs vidéos en direct pour informer mais aussi recueillir des témoignages de tous sortes d'abus qui gangrènent le football à Madagascar à tous les niveaux.

Des 4 joueurs, l'ex-capitaine emblématique des Barea, Faneva, joue le rôle de porte-parole.  Dans ce message sur son compte, Faneva appelle les clubs, les joueurs, les dirigeants et les entraîneurs à envoyer des preuves pour "démontrer la terreur et les abus existants". Conscients des risques, il garantit à tous la "protection de leur identité" afin de libérer la parole.

Car de la violence physique, il y a en a dans le football malgache, contre les arbitres, contre les joueurs et contre tous ceux qui feraient obstacle. Des vidéos circulant sur les réseaux en montrent des exemples. 

Mais l'un des cas les plus choquants a été reposté par Voavy Paulin qui commente : "Le président de la Fédération Malgache de Football a été filmé en train de frapper un joueur durant un match opposant Elgeco [son équipe, NDLR] à Mama FC. Ceux qui ne l'ont pas encore vu, je vous laisse analyser cela". 

Dans leur ligne de mire, les anciens internationaux Barea ciblent particulièrement la Fédération Malgache de Football à l'origine de nombre de ces maux. À cet égard, un autre facteur a poussé ces Barea de 2019 à agir au grand jour: l'affaire du paiement des primes des Barea du CHAN 2025 qui ont fini deuxième de la compétition continentale. Fêtés en héros à leur retour à Madagascar, cette performance historique des internationaux malgaches, qui jouent tous dans les championnats locaux comme le veut le CHAN, a été ternie par une polémique. Les joueurs et le staff technique ont dû réclamer le versement de l'intégralité de leur prime qui s'élève à 73 millions d'ariary, soit plus de 14 000 euros pour chacun d'entre eux. 

Or, la Fédération malgache de Football avait retenu 10 millions d'ariary à chaque bénéficiaire. Pour expliquer cette soustraction, la FMF avait expliqué, par la voix du chef de délégation lors de la CHAN 2024 et membre de son Comité exécutif, que l'argent avait été ponctionné à la source pour payer les amendes liées aux cartons, l'hébergement de la délégation ou encore les frais pour les droits de diffusion télévisée. 

Pour obtenir finalement gain de cause, il aura fallu plusieurs rencontres des joueurs et du staff au siège de la FMF et surtout l'intervention décisive des 4 internationaux Barea. Ces derniers ont lancé un ultimatum de 72 heures pour que la Fédération règle la totalité des primes. Déclarant avoir reçu leurs primes, les joueurs du CHAN ont exprimé leur reconnaissance . Le porte-parole des Barea a ensuite ajouté dans la vidéo : « Nous remercions également nos aînés d’avoir lutté pour que nous puissions jouir les fruits de nos efforts ... Nous sommes tous ici ... et on ne nous a pas forcés ». 

Mais pour Faneva, Paulin, Anicet et Bolida, le combat est loin d'être terminé. À la suite d'un appel lancé aux amoureux du football à Madagascar, l'ex-capitaine Faneva a réuni plusieurs centaines de personnes devant le stade Mahamasina à Antananarivo ce samedi 1er novembre. « Nous ne demandons pas la dissolution de la fédération, mais nous exigeons la pureté du football », a déclaré Faneva Ima Andriatsima. « Ce que nous demandons aux dirigeants est simple : laissez le football se dérouler librement, sans aucune pression. Assez de corruption ! ». Contactée par TV5MONDE, la Fédération Malgache de Football n'a pour l'heure pas répondu à nos sollicitations.

[Source: TV5Monde]