Municipales à Paris : vers un accord historique de premier tour entre socialistes, communistes et écologistes

Pour la première fois depuis 1977, date à laquelle le maire est élu au suffrage universel, les trois forces politiques qui dirigent actuellement la capitale pourraient faire candidature commune dès le premier tour des élections municipales.

Déc 17, 2025 - 12:51
Municipales à Paris : vers un accord historique de premier tour entre socialistes, communistes et écologistes
Emmanuel Grégoire, candidat socialiste à la Mairie de Paris, lors de l'inauguration de son local de campagne, à Paris, le 6 novembre 2025. MARIE MAGNIN/DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

La prudence est encore de mise, mais les trois grandes forces de gauche de la Mairie de Paris se dirigent bien vers ce qui serait une première historique : un accord de premier tour pour les élections municipales de mars 2026. Mardi 16 décembre, les responsables socialistes, communistes et écologistes ont enfin aperçu la lumière au bout du long tunnel de négociation dans lequel ils sont entrés il y a des mois, et sont tombés d’accord sur les conditions d’une alliance. Si les instances et les militants de leurs partis respectifs valident le texte, les trois partis qui composent la majorité actuelle au Conseil de Paris pourraient partir sous la bannière d’une seule liste en mars 2026.

Depuis 1977 que le maire de Paris est élu au suffrage universel, les socialistes et les communistes ont toujours fait liste commune dès le premier tour, mais les écologistes ont à l’inverse systématiquement présenté une candidature autonome avant, lors des derniers scrutins, de se rallier au second tour. Le caractère historique de l’accord trouvé mardi, et que beaucoup n’espéraient plus, réside donc dans l’inclusion de ce dernier parti dans l’union dès le premier tour.

Désigné candidat lors d’une primaire qui s’est tenue en mars 2025, l’écologiste David Belliard a annoncé mercredi matin sur Franceinfo qu’un accord pour une « liste commune » avait été trouvé et a « invité les écologistes parisiens à voter pour cet accord », au cours d’un scrutin en ligne qui doit démarrer à 9 heures. En parallèle, les militants communistes et socialistes doivent faire de même, chacun ayant bon espoir que cela aboutisse favorablement, puisque les chefs ont donné leur accord.

L’adjoint écologiste à la Mairie chargé de la voirie et des transports et déjà candidat aux municipales de 2020, où il avait fait 10,79 % des voix, aurait accepté de se ranger derrière le candidat socialiste Emmanuel Grégoire à ces conditions : le maintien de têtes de liste écologistes dans les arrondissements qu’ils dirigent déjà (les 12e et 14e) et l’obtention d’une autre place de numéro un dans un arrondissement de gauche, le 11e, terre d’élection de David Belliard et d’Anne Hidalgo. De plus, les écologistes disent avoir négocié suffisamment de places sur la liste générale du Conseil de Paris pour que les socialistes ne puissent pas avoir de majorité absolue à eux seuls.

Passer devant Rachida Dati

L’enthousiasme des uns doit toutefois être modéré par les réserves d’autres partenaires plus mineurs comme L’Après, qui rassemble des anciens de La France insoumise dont la députée de Paris Danielle Simonnet, ou Place publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann qui compte bien s’immiscer dans les municipales. Mardi soir, Mme Simonnet, qui était candidate en 2020 et 2014, disait attendre encore des garanties notamment sur sa demande d’obtenir trois postes de conseillers de Paris et, du côté de Place publique, on faisait toujours état de « points de désaccords » et d’« échanges nourris ».

Alors que la candidate investie par Les Républicains et soutenue par le MoDem, Rachida Dati, se maintient en tête des sondages, la seule façon pour la gauche de lui passer devant dès le premier tour est de faire bloc. D’autant que la réforme du mode de scrutin pour Paris, Lyon et Marseille adoptée cet été créé encore plus d’incertitudes sur l’issue du scrutin, ce qui a contribué à convaincre la gauche de s’allier face à l’inconnu et au rouleur compresseur de la maire du 7e arrondissement.

S’allier, jusqu’à un certain point : comme attendu, La France insoumise ne fait pas partie de l’accord, ce que la candidate du mouvement, Sophia Chikirou, ne souhaitait ni n’espérait de toute façon. Mais chez les écologistes, qui estiment qu’il ne faut pas complètement leur fermer la porte, alors que les socialistes ne veulent pas en entendre parler, on se satisfait d’une formulation suffisamment vague dans le texte d’accord « qui convient à tout le monde ». Si l’union de la gauche municipale permettra encore plus à Mme Chikirou de se poser en candidate de « rupture », elle pourrait aussi l’affaiblir si les électeurs de gauche privilégient un vote utile et de rassemblement.

A trois mois, quasiment jour pour jour, de l’élection du successeur ou de la successeure d’Anne Hidalgo, qui ne se représente pas après deux mandats, les trois forces principales de la gauche parisienne ne sont plus qu’à quelques pas de se réapproprier la dynamique de campagne face à une droite divisée entre Rachida Dati et Pierre-Yves Bournazel (candidat Horizons soutenu par Renaissance), avant d’entrer réellement dans le vif du sujet en janvier. Reste à savoir ce que leurs militants en pensent.

[Source: Le Monde]