Comment Kylian Mbappé a fait plier le PSG devant le conseil des prud’hommes

Le Paris Saint-Germain a été condamné, mardi, par le conseil des prud’hommes à verser à son ex-star 60,9 millions d’euros de salaires et primes impayés lors de la saison 2023-2024. Une décision assortie d’une exécution provisoire.

Déc 17, 2025 - 13:14
Comment Kylian Mbappé a fait plier le PSG devant le conseil des prud’hommes
Kylian Mbappé, au Parc des Princes, à Paris, le 12 mai 2024. FRANCK FIFE/AFP

Kylian Mbappé a remporté une manche cruciale dans son litige salarial avec le Paris Saint-Germain (PSG). Le conseil des prud’hommes de Paris a condamné, mardi 16 décembre, le club de la capitale à verser à son ex-star 60,9 millions d’euros. Une décision assortie d’une exécution provisoire.

A l’origine, le joueur réclamait au PSG 55 millions d’euros de salaires et primes, prévus dans son contrat de travail, mais impayés à l’issue de la saison 2023-2024. Une somme revue à la hausse lors de l’audience du 17 novembre devant les prud’hommes : les conseils de Kylian Mbappé avaient réclamé 263 millions d’euros pour, notamment, la requalification du contrat à durée déterminée (CDD) du joueur en contrat à durée indéterminée (CDI) et en reconnaissance du « harcèlement moral » subi par leur client.

Quant au PSG, qui devra publier le jugement des prud’hommes sur son site Internet, il demandait à son ancien attaquant un total de 440 millions d’euros de dommages et intérêts en réparation du « préjudice d’image » et au titre de « perte de chance du transfert », celui-ci étant parti libre – donc sans versement d’indemnités – au Real Madrid, à l’été 2024.

« Le droit du travail s’impose à tous »

Au terme de débats rugueux, le conseil des prud’hommes a tranché, fixant le salaire de référence du joueur à 11,8 millions d’euros brut. S’il n’a pas eu gain de cause sur la requalification de son contrat en CDI et sur le harcèlement moral, le capitaine de l’équipe de France va toutefois récupérer, dans le détail, 36,6 millions d’euros brut « à titre de rappel de troisième échéance de prime de signature », 17,250 millions d’euros brut « à titre de rappel de salaire des mois d’avril, mai et juin 2024 », 3,6 millions d’euros brut « à titre de congés payés sur rappel de troisième échéance » et 1,5 million d’euros brut « à titre de prime d’éthique des mois d’avril, mai et juin 2024 ».

« Ce jugement confirme que les engagements pris doivent être respectés, ont réagi les conseils de Kylian Mbappé, coordonnés par son avocate historique, Delphine Verheyden. Il rétablit une vérité simple : même dans l’industrie du football professionnel, le droit du travail s’impose à tous. » C’est en août 2024 que le joueur avait lancé sa contre-attaque en saisissant la commission juridique de la Ligue de football professionnel (LFP) et l’Union des associations européennes de football (UEFA), comme l’avait révélé Le Monde.

« Au total, cela fait plus de dix-huit mois qu’il demandait le paiement de ses salaires et primes », rappellent ses avocats, soulignant que leur client a « scrupuleusement respecté ses obligations sportives et contractuelles » pendant ses « sept ans » de contrat au PSG (2017-2024).

Sorti affaibli de cette guerre d’usure qui a écorné son image, « tourné désormais vers l’avenir », le PSG a dit « prendre acte du jugement, qu’il exécutera, tout en se réservant le droit de faire appel » et assuré « avoir toujours agi de bonne foi et avec intégrité ». Conseil du club et de son président, Nasser Al-Khelaïfi, Renaud Semerdjian n’a pas souhaité s’exprimer à ce stade.

Le contentieux n’est pas terminé

Lors de l’audience du 17 novembre, les avocats du joueur avaient dénoncé les « méthodes de voyou », dignes d’« un film de Scorsese », de la part d’un club « qui se croit au-dessus de tout » et considère ses joueurs comme des « marchandises ». Ils rappelaient le refus du PSG d’honorer sa dette de 55 millions d’euros, malgré deux décisions rendues en faveur de Kylian Mbappé, à l’automne 2024, par les instances de la LFP. « Cette décision des prud’hommes est un signal fort qui montre que les décisions prises par les organes compétents de la LFP étaient les bonnes, commente David Terrier, le patron de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), le syndicat des joueurs. Nous étions étonnés que le PSG, le plus grand club d’Europe, mette en cause les décisions de la LFP. »

La décision de ce mardi constitue un revers manifeste pour le PSG. Ses avocats n’ont pas réussi à convaincre les conseillers que le joueur et le club auraient trouvé un accord, à l’été 2023, « qui consistait à ce qu’il abandonne 79 millions d’euros » s’il ne prolongeait pas d’une saison (jusqu’en juin 2025). « C’est donc la troisième fois que les instances compétentes n’achètent pas la fable extravagante de l’accord oral, pour lequel M. Mbappé aurait renoncé à 55 millions d’euros », observe le professeur de droit Thomas Clay, l’un des avocats du joueur.

A l’inverse, le camp Mbappé a répété qu’aucun accord n’avait été signé par le footballeur en échange de sa réintégration, en août 2023, dans le groupe professionnel du PSG. M. Al-Khelaïfi l’avait envoyé s’entraîner dans le « loft », avec les autres éléments jugés indésirables. Une mesure de rétorsion, la star lui ayant annoncé, dans un courrier du 12 juin 2023, qu’elle refusait de prolonger son bail jusqu’en 2025, comme une option incluse dans son contrat, renouvelé en mai 2022, le permettait.

Le contentieux entre Kylian Mbappé et le PSG n’est pas terminé. Une procédure est toujours en cours devant le tribunal judiciaire de Paris : le club y a assigné le joueur et la LFP afin de contester les décisions prises en 2024 par les organes disciplinaires de la Ligue. Par ailleurs, même si l’attaquant du Real Madrid a retiré, en juillet, « dans un souci d’apaisement », sa plainte pénale pour « harcèlement moral et tentative d’extorsion à la signature », une information judiciaire ouverte par le parquet de Paris est toujours pendante. Elle est menée par les juges d’instruction Serge Tournaire et Vincent Lemonier, chargés de la myriade de procédures pénales engagées en France contre M. Al-Khelaïfi.

[Source: Le Monde]