Algérie: moins d'élèves, moins d'heures de cours... Le français remplacé par l'anglais?

La 28e édition du célèbre Salon international du livre à Alger se tiendra ce 29 octobre, mais cette fois l'Institut français d'Algérie ne sera pas de la partie. Dans un article publié ce lundi dans le Monde Afrique, on apprend que ce dernier s'est fait refuser l'autorisation de tenir un stand lors du prochain grand rendez-vous littéraire. 

Les éditeurs et écrivains français risquent aussi d'être absents. Selon les informations diffusées par l'hebdomadaire français Le Point, ces derniers ne se rendront pas dans la capitale "en protestation contre l'emprisonnement de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal". 

Des réformes dans le système éducatif 

La tension diplomatique entre les deux pays "se ressent également dans l'intérêt pour l'apprentissage de la langue", écrit le journal. "Le nombre d'élèves inscrits dans les cours dispensés par les cinq Instituts français s'érode peu à peu, passé de 18.000 apprenants à environ 16.000 en 2024", souligne le quotidien.

Parallèlement à cela, des réformes éducatives ont donné suite à une baisse du"volume horaire consacré au français, de quinze à onze heures par semaine dans l'enseignement primaire", révèle l'enquête du Monde Afrique. Une mesure similaire a été prise aussi pour les collégiens. 

En 2023, les autorités avaient déjà interdit l'application du programme scolaire français dans les écoles privées. 

Un changement particulièrement visible dans l'enseignement supérieur qui a toujours employé le français pour transmettre des connaissances techniques et scientifiques. Toutefois, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique a pris la décision d'instaurer l'anglais dans les facultés de médecine et de pharmacie, à compter de cette rentrée universitaire. 

Des billets d'avion et des factures en anglais

Et, il semblerait que le pays est en train de troquer petit à petit le français pour l'anglais. La compagnie aérienne Air Algérie a récemment pris la décision d'imprimer ses billets en anglais et en arabe. Une première pour cette entreprise dont le plus gros marché étranger reste la France. 

Dans cette même lignée, les factures et les reçus de paiement émis par Algérie Télécom, seront désormais éditées en anglais et en arabe. Leur argument? Une démarche de "modernisation de ses prestations de service".

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Mais ce recul trouverait des causes plus profondes: "Le pouvoir algérien n'a jamais eu de vraie stratégie en matière de langue", explique la professeure Khaoula Taleb Ibrahimi au journal. "Ce sont essentiellement des arrière-pensées idéologiques qui ont motivé les décisions prises."

Place à l'anglais 

Un recul qui profite surtout aux instituts anglo-saxons. "Nous proposons une multitude de programmes autour de la langue anglaise", assure l'ambassade des États-Unis auprès du journal. 

Le Link project reflète par exemple de bonnes relations diplomatiques ainsi qu'une place privilégiée accordée à la langue anglaise. Ce programme propose des formations à destination des cadres de tous les ministères du gouvernement algérien. 

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Reste que l'Algérie compte 15 millions de locuteurs francophones et c'est le troisième plus grand pays francophone au monde, selon l'Organisation internationale de la Francophonie. Et ce, malgré son refus de rejoindre l'institution pour des raisons politiques. 

[Source: TV5Monde]