Algérie: des appels à manifester le 3 octobre lancés sous le #GenZ213, le Maroc mis en cause

Des comptes avec le hashtag #GenZ213 émergent depuis le début de la semaine sur les réseaux sociaux appelant à manifester dès ce vendredi 3 octobre en Algérie, alors que le Maroc et Madagascar connaissent depuis plusieurs jours des manifestations du mouvement génération Z réclamant, entre autres, des réforme des services publics. L'agence de presse algérienne dénonce "une manipulation marocaine".

Oct 4, 2025 - 07:08
Algérie: des appels à manifester le 3 octobre lancés sous le #GenZ213, le Maroc mis en cause
Images du quartier des arcades à Alger avec le drapeau algérien. A. (AP Photo/Fateh Guidoum, archives).

Sur les réseaux sociaux et notamment sur TikTok, plusieurs comptes anonymes appellent à manifester ce vendredi 3 octobre dans les rues d'Alger et dans d'autres villes du pays. "Notre date est le 3 octobre pour libérer notre patrie du gang. Civils, militaires, mes frères, et vive l'Algérie #GenZ#213", peut-on lire notamment sur certaines de ces publications, où le président Abdelmadjid Tebboune est parfois représenté en sorcière. 

Des images de détenus politiques apparaissent également sur certaines de ces vidéos. D'autres appels à la manifestation sont plus sobres. L'appel à manifester touche tout le pays pour le 3 octobre, notamment à Annaba, Constantine, Oran ou Tlemcen.

Certains appellent à une mobilisation qui dépasserait le Maroc mais aussi l'Algérie et toucherait la Tunisie aussi.

"Une stratégie politique visant à projeter vers l'extérieur les tensions marocaines"

Dans une dépêche publiée ce 30 septembre, l'Agence de presse algérienne APS a dénoncé une "manipulation marocaine". "Malgré sa mort clinique, le Makhzen n’oublie pas l’Algérie", titre le papier, qui estime que ces appels à manifester "s'inscrivent dans une stratégie politique visant à projeter vers l’extérieur les tensions marocaines et à affaiblir la cohésion nationale algérienne".

L'agence de presse met également en avant un "État social solide" en Algérie qui, "malgré les défis, continue d’assurer des filets de protection solides". Et d'ajouter: "Avec cette manipulation, le Maroc et certains de ses relais régionaux tentent, par des actions désespérées, de déstabiliser les deux pays les plus stables du Maghreb: l'Algérie et la Tunisie".

"À chaque fois qu’il fait face à des difficultés internes, il incrimine l’Algérie et, quand cela est possible, cherche à lui exporter son mal", écrit de son côté TSA Algérie.

"Quand on n'a plus d'arguments internes, on invente des complots extérieurs", répond le site marocain Hespress. "L'APS ne parle ni du Hirak réprimé (les manifestations pro-démocratie de 2019, étouffées après le Covid et une vague d'arrestations, NDLR), ni des arrestations massives, ni de la censure, ni du désespoir qui pousse la jeunesse à fuir", ajoute le papier.

Le Maroc assure "prendre en compte les demandes exprimées par la jeunesse"

Au Maroc, le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch a déploré ce jeudi 2 octobre le décès de "trois personnes" durant les violences inédites qui ont secoué mercredi soir plusieurs petites villes marocaines au cinquième jour de protestations pour de meilleurs systèmes éducatif et de santé. 

Les gendarmes "ont été contraints de faire usage de leurs armes de service, dans le cadre de la légitime défense, pour repousser une attaque et une prise d’assaut menées par des groupes d’individus", ont indiqué les autorités locales, citées par l'agence de presse marocaine MAP.

Lors du Conseil de gouvernement, Aziz Akhannouch a assuré avoir pris connaissance des revendications de la jeunesse et affirmé la volonté des autorités de dialoguer. "Le gouvernement, avec l’ensemble des partis qui le composent, a reçu et pris en compte les demandes exprimées par la jeunesse. Nous annonçons notre réceptivité à ses aspirations sociétales, ainsi que notre disposition à dialoguer et à discuter au sein des institutions et des espaces publics", a-t-il déclaré.

Une vidéo de sept Algériens débarqués à Ibiza déjà au cœur des accusations

En Algérie, des vidéos publiées sur TikTok de sept adolescents algériens, passés clandestinement en Espagne début septembre et débarquant sur une plage de l'île d'Ibiza après un périple de près de 300 km sur un hors-bord, sont également devenues virales ces dernières semaines. 

Partis de Tamentfoust (La Pérouse), dans l'est de la baie d'Alger, ces adolescents auraient "volé un bateau en pleine nuit" et stocké de l'essence en remplissant le réservoir du vélomoteur d'un ami. Ces séquences ont suscité de vives réactions dans le pays, des internautes dénonçant "le chômage et des problèmes de corruption" incitant les jeunes à partir, d'autres s'en prenant à un manque de contrôle des parents de ces collégiens et lycéens.

Pour la revue algérienne El Djeich, il y a également eu lors de cette épisode une "surexploitation de cet incident" pour "nuire à l'image de l'Algérie à l'étranger" alors que le pays a mené "de grands projets (qui...) ont créé des milliers d'emplois au profit d'une jeunesse ambitieuse à laquelle sont offertes de vastes perspectives d'avenir". 

Le chômage des moins de 24 ans dépasse les 30% en Algérie, tandis que l'inflation impacte le pouvoir d’achat de la population. Une hausse de 22% sur un an des traversées clandestines en Méditerranée occidentale (entre l'Afrique du Nord et l'Espagne), a bien été constatée par l'agence européenne Frontex depuis le début de l'année, et plus de 90% des 11.791 migrants sont partis d'Algérie.

[Source: TV5Monde]