FC Barcelone-PSG : Lamine Yamal, un prodige de plus en plus clivant

De retour de blessure, l’attaquant du FC Barcelone sera bien présent, mercredi, pour affronter le Paris Saint-Germain en Ligue des champions. A seulement 18 ans, il fait l’unanimité par son talent, mais ses écarts sont de plus en plus commentés.

Oct 2, 2025 - 07:31
FC Barcelone-PSG : Lamine Yamal, un prodige de plus en plus clivant
Le Barcelonais Lamine Yamal, lors du match de Liga opposant son équipe à la Real Sociedad, au stade olympique Lluis-Companys, à Barcelone, le 28 septembre 2025. JOSEP LAGO / AFP

Si le Paris Saint-Germain pensait échapper au phénomène Lamine Yamal, c’est raté. Ces dernières semaines, le club de la capitale a certainement observé avec attention l’évolution de la blessure au pubis du Barcelonais. Les supporteurs catalans craignaient que celle-ci se mue en une pubalgie très contraignante, mais le prodige espagnol est bel et bien de retour et sera présent, mercredi 1er octobre à 21 heures, pour le match de Ligue des champions entre le FC Barcelone et le PSG.

Titulaire ou en sortie de banc, Lamine Yamal sera quoi qu’il arrive l’un des protagonistes de cet affrontement entre le champion d’Espagne et le champion d’Europe. Pour son retour à la compétition, dimanche contre la Real Sociedad (2-1), l’ailier est entré sur le terrain à l’heure de jeu et a répondu aux interrogations concernant sa forme physique en une accélération : sur le deuxième ballon qu’il a touché, il a offert à Robert Lewandowski le but de la victoire. Depuis le début de la saison, Lamine Yamal est décisif à chaque rencontre qu’il dispute.

A 18 ans seulement, l’Espagnol est la tête d’affiche de son club et de sa sélection. « Ce qu’il fait à son âge, c’est irréel. Il a énormément d’agilité. On le résume souvent à son dribble, mais il a une vision du jeu extraordinaire. Surtout, il joue très juste pour son âge, ce qui est particulièrement rare », observe Romain Perraud, le latéral gauche de Lille. Evoluant au Betis Séville la saison dernière, il a été confronté au virtuose barcelonais à trois reprises. « Ce gamin n’a pas de limite. C’est le meilleur ailier que j’aie affronté dans ma carrière », poursuit le joueur de 28 ans, qui, par le passé, a œuvré en défense face à d’autres cadors du football mondial.

Deuxième du Ballon d’or

Les performances de Lamine Yamal lors de la saison 2024-2025, marquées par un léger creux au cœur de l’hiver mais par des moments de grâce au cours des grands rendez-vous, lui ont permis de remporter, lundi 22 septembre, le Trophée Kopa du meilleur jeune joueur de la planète pour la deuxième année d’affilée. Au classement du Ballon d’or, l’Espagnol a cependant échoué à la deuxième place (avec 15,81 % des suffrages), derrière le lauréat, Ousmane Dembélé (20,60 %).

« Pour Lamine Yamal, terminer deuxième à 18 ans, c’est extraordinaire. Il le mérite et je pense qu’il mérite aussi le Ballon d’or. Il le remportera l’année prochaine », a assuré Joan Laporta, le président du Barça, après la cérémonie au Théâtre du Châtelet, à Paris. Hansi Flick, l’entraîneur du club catalan, a estimé, de son côté, que cette deuxième place « lui [servirait] de motivation pour les prochaines années ».

Deux ans et demi après ses débuts chez les professionnels, à 15 ans, Lamine Yamal fera certainement son retour sur la scène du Théâtre du Châtelet pour, peut-être, s’y voir décerner le Ballon d’or. Mais, pour cette édition 2025, l’ailier barcelonais a peut-être payé, dans les suffrages, sa fin de saison dernière, où sa réputation a été ternie à plusieurs reprises en l’espace de quelques semaines. Le signe que sa notoriété grandissante s’accompagne aussi de crispations à son égard.

Une soirée d’anniversaire très commentée

Lors de la finale de la Ligue des nations perdue par l’Espagne contre le Portugal, en juin, Lamine Yamal n’a pas daigné serrer la main de Cristiano Ronaldo. Quelques jours plus tard, l’ailier s’est rendu au Brésil en vacances, pour y passer un peu de temps avec Neymar, l’une de ses idoles de jeunesse. Une compagnie jugée néfaste par certains, qui critiquent l’hygiène de vie de l’ex-joueur du PSG.

D’autant que d’autres redoutent de voir le jeune homme se désintéresser du terrain. Sa vie sentimentale (il est en couple avec la chanteuse argentine Nicki Nicole) est scrutée, et la fête d’anniversaire organisée pour ses 18 ans, en juillet, a fait grand bruit. En cause : le thème choisi (« gangster ») et la présence d’artistes nains – à propos desquels le ministère des droits sociaux a saisi le parquet pour déterminer « s’il y [avait] eu [une] atteinte aux droits des personnes handicapées »lors de la soirée.

« Je travaille pour le Barça, je joue pour le Barça. Et, lorsque je suis loin de la Cité [sportive] Joan-Gamper [le centre d’entraînement du club], je profite de la vie, c’est tout », avait laconiquement réagi Lamine Yamal. Ces controverses successives ont rappelé le destin de certains footballeurs aussi fantasques sur le terrain qu’en dehors. A Barcelone, Ronaldinho avait ainsi longtemps oscillé entre la pelouse et les boîtes de nuit. Celles-ci avaient fini par prendre le dessus pour le Ballon d’or 2005.

Lamine Yamal en est encore loin, mais ces derniers mois ont fait de lui un personnage de plus en plus clivant, parfois taxé d’arrogance, et la victime, bien malgré lui, d’une récupération politique de la part de la gauche et de l’extrême droite. Contrairement à l’autre grande vedette du sport espagnol, le tennisman Carlos Alcaraz, plus consensuel, Lamine Yamal est catalan, a grandi dans un quartier défavorisé de Mataro, au nord de Barcelone, et est né d’un père marocain et d’une mère équato-guinéenne. Avec Nico Williams, dont les parents sont ghanéens, il est la première grande star de la sélection espagnole issue de l’immigration africaine.

« Un rôle d’intégration »

« Lamine Yamal et Nico Williams représentent un problème pour l’extrême droite espagnole, qui est hostile à l’immigration. Le premier est musulman, le deuxième est Noir, ce qui provoque des débats enflammés chez ceux qui refusent d’accepter la diversité de l’Espagne », explique Gabriel Colomé, professeur de sciences politiques à l’université autonome de Barcelone. Comme d’autres joueurs de Liga, il a été victime d’insultes racistes lors de certains matchs.

Dernièrement, son nom a été prononcé à plusieurs reprises dans l’enceinte du Parlement espagnol comme figure d’autorité. « Chaque but de Lamine Yamal est un but marqué contre le racisme. Nous avons besoin de davantage de Lamine Yamal dans le football, la médecine, l’éducation ou la science », affirmait Salvador Illa, ancien ministre de la santé (2020-2021) et membre du Parti des socialistes de Catalogne, lors de l’Euro 2024 remporté par l’Espagne.

« Aujourd’hui, Lamine Yamal joue un rôle d’intégration très important en Espagne, confirme M. Colomé. Les Espagnols, surtout les plus jeunes, qui portent beaucoup son maillot de la sélection, voient que cette diversité existe et s’identifient à lui. C’est un peu ce que la France a pu connaître par le passé avec Yannick Noah ou au moment de la victoire à la Coupe du monde 1998. » Une stature qui accentue la pression sur le jeune joueur. Ce dernier a déjà remercié à plusieurs reprises le psychologue du Barça, qui l’accompagne afin de répondre aux exigences du très haut niveau.

Malgré toute l’agitation qui l’entoure, Lamine Yamal a redit ses ambitions, jeudi 11 septembre, dans le podcast « Resonancia de corazon » : « Je ne rêve pas seulement d’un Ballon d’or, je rêve d’en avoir beaucoup et je pense que j’ai la capacité de le faire, que si je ne le fais pas c’est parce que je n’ai pas bien fait les choses ou parce que je ne l’ai pas voulu. (…) Le jour où cela arrivera, je serai très heureux, mais je vais continuer à gagner. » La quête du prodige catalan commence mercredi, avec la réception du PSG.

[Source: Le Monde]