Législatives en Moldavie: un scrutin décisif sous haute tension politique
Législatives en Moldavie: un scrutin décisif sous haute tension politique Les Moldaves ont commencé à voter ce dimanche 28 septembre pour élire leurs députés. Un scrutin décisif pour l’avenir de ce pays voisin de l’Ukraine en guerre: poursuivre sur la voie de l’Union européenne ou se rapprocher de la Russie ? Le gouvernement et Bruxelles accusent Moscou d’une “ingérence profonde”.

Le scrutin se déroule dans un climat tendu, chaque camp dénonce des manipulations et des tentatives d'intimidations. La présidente pro-européenne Maia Sandu, dont le Parti Action et Solidarité (PAS) reste en tête des sondages, mais recule depuis 2021, a tiré la sonnette d’alarme cette semaine. Elle accuse Moscou d’avoir injecté “des centaines de millions d’euros” pour acheter des voix, diffuser de la désinformation en ligne et préparer des violences.
L’Union européenne parle elle aussi d’“ingérence profonde”. La Russie dément et accuse les autorités moldaves de propager une rhétorique anti-russe.
Depuis le 1er août, la police a mené plus de 600 fouilles liées à des affaires de corruption électorale ou de déstabilisation, selon le Premier ministre Dorin Recean. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées.
L’ancien président Igor Dodon (2016-2020), figure du Bloc patriotique prorusse, principale force d’opposition, voit dans ce scrutin “l’agonie d’un gouvernement en état de panique”. Dans une vidéo, il a appelé à une mobilisation massive. “Je suis convaincu que l’opposition aura la majorité”, a-t-il déclaré à l’AFP. Igor Dodon dit vouloir poursuivre les discussions avec l’UE, mais aussi “rétablir les relations avec la Fédération de Russie”, avec comme priorité la crise socio-économique, dans l’un des pays les plus pauvres d’Europe.
Risque d'instabilité
Cette situation a poussé de nombreux Moldaves à l’émigration : plus d’un million vivent à l’étranger, contre 2,4 millions restés sur place. Leur vote est très convoité, puisqu’il a largement contribué à la réélection de Maia Sandu l’an dernier. Vendredi, des milliers de partisans du PAS ont défilé à Chisinau aux cris de “Votez pour la paix” et “Nous voulons être en Europe”. “J’espère que le PAS va l’emporter et que nous entrerons dans l’Europe”, confiait Olga, une retraitée revenue spécialement de l’étranger pour voter.
Maia Sandu a déjà ouvert les discussions officielles pour l’adhésion à l’UE et obtenu d’importantes aides financières occidentales. Mais la Moldavie reste traversée par des clivages, avec une forte minorité russophone. Certains électeurs, comme Tudor Soilita, blogueur de 33 ans, plaident pour une Moldavie “neutre, indépendante, avec sa propre souveraineté”.
Une vingtaine de partis et de candidats indépendants sont en lice pour le scrutin qui doit pourvoir 101 sièges. Deux formations prorusses ont été exclues vendredi par la commission électorale pour des irrégularités de financement, une décision contestée par l’opposition. Les analystes interrogés par l'AFP restent prudents quant au “résultat très difficile à prédire”, selon Igor Botan. “Tout va se jouer au dernier moment”, estime Valeriu Pasha, du groupe de réflexion WatchDog, qui n'exclut pas une assemblée fragmentée, source d’instabilité.
Les bureaux de vote ont ouvert à 04H00 GMT et fermeront à 18H00 GMT. La participation de la diaspora (300 000 votants en 2024) et de la Transdniestrie prorusse sera déterminante. En 2021, la participation avait atteint 52,3 % et le PAS l’avait emporté avec 52,8 % des voix contre 27,2 % au Bloc des socialistes et communistes (BESC) de Dodon.
[Source: TV5Monde]