CAN 2025: les joueurs pourraient être libérés une semaine plus tard que prévu par leurs clubs
La Fifa a autorisé les clubs à conserver leurs internationaux africains jusqu’au 15 décembre, soit moins d’une semaine avant le début de la CAN au Maroc. Une dérogation qui bouleverse la préparation des sélections et provoque la colère des entraîneurs africains.
La nouvelle est tombée lundi 1er décembre en fin de soirée, par circulaire de la Fifa. Contrairement à la règle habituelle qui impose une libération deux semaines avant un tournoi continental, les clubs pourront garder leurs joueurs jusqu'au 15 décembre, alors que la CAN débute le 21.
Selon le média français de sport L’Équipe, ce changement résulte d’une réunion tenue le 29 novembre entre la Fifa et l’ECA, l’association européenne des clubs. L’ECA et l’UEFA jugeaient une libération dès le 8 décembre trop précoce dans une période particulièrement dense du calendrier. Le quotidien rappelle que la CAN aurait dû se tenir l’été dernier, mais a été repoussée pour laisser place à la Coupe du monde des clubs, chère au président de la Fifa Gianni Infantino.
Cette nouvelle règle, qui n’a toujours pas été officialisée publiquement par la Fifa, place les joueurs dans une position délicate, partagés entre les impératifs de leur club et ceux de leur sélection.
L’entraîneur de Liverpool, Arne Slot, a confirmé en conférence de presse que Mohamed Salah ne rejoindrait l’Égypte que le 15 décembre. Le quotidien régional français Ouest-France souligne que l’Olympique de Marseille pourrait également profiter de ce délai : le Marocain Nayef Aguerd et le Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang seraient disponibles pour les matchs face au LOSC (5 décembre), à l’Union Saint-Gilloise en Ligue des champions (9 décembre) et à l’AS Monaco (14 décembre).
"C'est rageant"
Les sélectionneurs africains n’ont pas été consultés. Patrice Beaumelle, à la tête de l’Angola depuis deux mois, a exprimé sa colère dans plusieurs médias, dénonçant sur RMC Sport un manque total de concertation : “Ça va être ma huitième Coupe d’Afrique, et j’ai toujours l’impression qu’on est prévenus au dernier moment.”
Le technicien français avait organisé un stage du 8 au 18 décembre au Portugal, avec une arrivée prévue au Maroc quatre jours avant le premier match de l’Angola, le 22 décembre. “On a engagé des frais : hôtels, terrains, nourriture, billets d’avion, visas… toute une logistique sur deux mois. Et à une semaine du stage, on apprend ça”, a-t-il regretté sur RMC.
Sur le média français international RFI, il avait déjà alerté : “Trois séances, ce n’est plus un stage, mais juste du bricolage ! Et je trouve que pour préparer une Coupe d’Afrique des Nations, c’est dramatique.”
Beaumelle met en cause la Fifa : “C’est l’organisme suprême qui dirige le football mondial. C’est à elle de faire respecter son règlement”, a-t-il déclaré sur RMC, tout en précisant ne pas être “en guerre avec les clubs européens”, lesquels “suivaient simplement la régulation FIFA”.
"Un manque de respect"
Le sélectionneur angolais plaide pour la création d’un comité d’experts du football africain chargé de dialoguer avec les instances européennes : “La CAN, aujourd’hui, est suivie dans le monde entier. Les joueurs africains sont partout. Cette compétition mérite d’être respectée.”
Même son de cloche chez Gernot Rohr, sélectionneur du Bénin, dont le stage devait débuter le 10 décembre : “C’est quand même insuffisant pour préparer une équipe de foot à un si grand tournoi, et c’est un manque de respect par rapport aux sélectionneurs. Nous sommes en colère”, a-t-il déclaré à RFI.
Selon Beaumelle, certains de ses confrères ont même annulé leur stage pour rejoindre directement le Maroc. “Et vous le savez : quand vous arrivez sur le site de la compétition, vous ne travaillez plus comme en stage. Plus d’intimité, impossible de tester vraiment des systèmes, animations, coups de pied arrêtés”, a-t-il expliqué sur RMC.
Sur RFI, il dénonce enfin une attitude méprisante envers le football africain : “L’Afrique, c’est 54 fédérations. Lorsqu’il s’agit de chercher des voix pour être élu à la Fifa, on sait utiliser le continent. En revanche, lorsqu’il faut le préserver, le mettre en avant et le valoriser à sa juste valeur, on oublie de le respecter.”
[Source: TV5Monde]