Stade toulousain-Union Bordeaux-Bègles : une finale au goût de revanche, pour la suprématie sur le rugby français
Un an après le large succès des Haut-Garonnais, les deux équipes se retrouvent de nouveau en finale du Top 14, samedi, au Stade de France, à Saint-Denis. Les Bordelais de Matthieu Jalibert sont, depuis, devenus champions d’Europe.

D’une édition à l’autre, seul le cadre a changé. En 2024, le Stade-Vélodrome de Marseille hébergeait la finale du Top 14 en lieu et place du Stade de France, qui terminait de se faire une beauté pour accueillir les Jeux olympiques. Un an plus tard, l’enceinte dionysienne est de nouveau opérationnelle pour l’ultime affiche du championnat de France de rugby, en forme de remake, entre le Stade toulousain et l’Union Bordeaux-Bègles (UBB). Les deux équipes croiseront le fer, samedi 28 juin (21 h 05) pour tenter de s’approprier le Bouclier de Brennus.
Dans la cité phocéenne, l’UBB – née en 2006 de la fusion du Club athlétique Bordeaux-Bègles Gironde (CABBG) et du Stade bordelais – découvrait l’ambiance particulière d’une finale du Top 14. Et avait payé pour apprendre face aux spécialistes de l’événement, des Toulousains qui avaient conquis le 23e titre national de leur histoire au terme d’un festival offensif (59-3).
Il y aura donc de la revanche dans l’air samedi, mais pas simplement dans le vestiaire girondin. A Toulouse aussi, l’adversaire du soir représente un mauvais souvenir. Et plutôt trois fois qu’une, comme autant de défaites cette saison face à l’UBB. La dernière, début mai en demi-finales de Champions Cup, a été particulièrement difficile à digérer dans la Ville rose. D’autant que, non content de faire tomber le Stade toulousain de son trône européen, Bordeaux s’y est installé trois semaines plus tard en décrochant le titre face aux Anglais de Northampton.
« Des revanches, il y en a sans arrêt au rugby ! Depuis cinquante ans, les mêmes clubs se rencontrent et il y a des revanches année après année », rappelait mardi l’entraîneur de la défense bordelaise, Christophe Laussucq, guère convaincu que son équipe entrerait sur le terrain avec la seule volonté de venger l’affront de 2024.
La « saison en enfer » de Toulouse
« Bordeaux s’est servi de ce match pour préparer sa saison, mais c’était il y a déjà longtemps, ça ne changera pas grand-chose samedi », abonde Louis Picamoles, passé par les deux clubs au cours de sa carrière. Mais l’ancien troisième-ligne international voit bien les Haut-Garonnais tenter de capitaliser sur la défaite en Coupe d’Europe. « Historiquement, le club aime se challenger sur ce genre de choses et mettre les joueurs face à leurs responsabilités. »
Ce levier ne sera pas de trop pour les Rouge et Noir, parfois empruntés en demi-finales face au Petit Poucet bayonnais (32-25). De son côté, l’UBB a fait plus forte impression pour se défaire de Toulon (39-24). « Mais il ne faut pas se fier au match très moyen des Toulousains en demi, nuance David Gérard, ancien joueur du CABBG et de Toulouse. Ce n’est jamais facile de les affronter en finale. Il suffit d’une seconde d’inattention pour que ça bascule. »
Invaincus en finale depuis dix matchs, les Toulousains ont l’occasion de poursuivre leur série et de conclure en beauté « une saison en enfer », selon les mots d’Ugo Mola. Les résultats du club n’évoquent en rien une balade sur le Styx, mais le coach toulousain pointait surtout « les situations un peu complexes à gérer » des derniers mois, comme la disparition d’un jeune du club, Mehdi Narjissi, 17 ans, emporté par les vagues sud-africaines en août, ou le feuilleton du transfert de Melvyn Jaminet, pour lequel le Stade toulousain a été sanctionné financièrement en mars.
Bordeaux en forme cette fois
Les Rouge et Noir n’ont pas non plus été épargnés par les blessures. A commencer par celle de leur star, Antoine Dupont, dont les ligaments croisés du genou droit ont cédé sur un déblayage de l’Irlandais Tadhg Beirne en plein Tournoi des six nations. Le demi de mêlée est en pleine rééducation et donc forfait pour la rencontre. Au contraire du Bordelais Louis Bielle-Biarrey. Tout juste remis d’une commotion cérébrale qui lui a fait manquer la demi-finale, l’ailier, déjà auteur de 33 essais depuis le début de la saison, en chassera d’autres sur la pelouse du Stade de France.
Il sera épaulé par une ribambelle d’internationaux français, de Yoram Moefana à Damian Penaud en passant par Nicolas Depoortère et Matthieu Jalibert. Le demi d’ouverture rayonne depuis le début de la saison et aborde bien différemment cette finale par rapport à celle de 2024. Initialement forfait en raison d’une déchirure à la cuisse, il avait tenu à jouer, mais était sorti tête basse en début de seconde période alors que l’affaire était déjà entendue.
Le numéro 10 n’est pas le seul Bordelais en meilleure santé qu’il y a un an. A Marseille, les Girondins avaient « manqué d’énergie », selon leur coach Yannick Bru, exténués par un match de barrage et une demi-finale serrés. Deuxièmes du championnat, ils se sont cette fois qualifiés directement pour le dernier carré, tout en ayant réussi à mieux préserver leurs cadres tout au long de l’année, grâce à un effectif plus riche. Symbole de cette nouvelle densité, l’ailier Arthur Retière débutera sur le banc samedi, après avoir changé de pavillon à l’intersaison en rejoignant Bordeaux depuis… Toulouse.
D’un club à l’autre, Retière pourrait signer un nouveau doublé championnat-Coupe d’Europe si son équipe n’est pas rassasiée par son titre continental. « Ils ne doivent pas l’être. Pour enchaîner les trophées, un club doit être gargantuesque et même égocentrique en ne pensant qu’à ses objectifs », énonce David Gérard, qui prend pour exemple des Toulousains « qui n’en ont jamais marre de gagner ». Depuis 2019, ils n’ont laissé filer qu’un Bouclier de Brennus, à Montpellier, en 2022.
[Source: Le Monde]