Kévin Vauquelin, indemne à la sortie des Pyrénées, change de braquet sur le Tour de France 2025

Les trois étapes pyrénéennes étaient redoutées par le Normand et son équipe. Mais le jeune Français a finalement réussi à conserver sa place dans le top 5 et ambitionne désormais de rester bien placé au classement général jusqu’à l’arrivée à Paris.

Juil 20, 2025 - 06:36
Kévin Vauquelin, indemne à la sortie des Pyrénées, change de braquet sur le Tour de France 2025
Kévin Vauquelin dans l’ascension vers Luchon-Superbagnères (Haute-Garonne) lors de la 14ᵉ étape du Tour de France, le 19 juillet 2025. SARAH MEYSSONNIER / REUTERS

A la sortie de la voiture qui le dépose au pied du bus de l’équipe Arkéa-B&B Hotels, Kévin Vauquelin est accueilli par une salve d’applaudissements. Entre le grand départ à Lille (Nord) et la 14ᵉ étape à Superbagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), samedi 19 juillet, que le Français a terminé à la 10ᵉ place, la foule de spectateurs qui fait le pied de grue pour l’apercevoir a pris de l’épaisseur. La nouvelle dimension du Normand sur ce Tour de France rameute presque autant qu’un Tadej Pogacar (UAE Team Emirates-XRG) ou qu’un Jonas Vingegaard (Visma-Lease a Bike).

A la faveur de l’abandon de Remco Evenepoel (Soudal-Quick Step), événement le plus significatif de la journée de samedi, avec la victoire d’étape de Thymen Arensman (Ineos Grenadiers) et les six secondes supplémentaires grappillées par Tadej Pogacar sur Jonas Vingegaard, Kévin Vauquelin est désormais 5ᵉ du classement général et continue de s’accrocher. Ce qui était loin d’être garanti après le contre-la-montre de Peyragudes (Hautes-Pyrénées), vendredi. « Je suis mort », avait-il confié à l’arrivée.

De fait, il lui restait encore un peu de carburant ce samedi. « J’avais de meilleures jambes. Et puis je m’attendais tellement à pire que, mentalement, ça m’a permis d’être mieux », confiait-il au Monde, après sa douche, dans une des voitures d’Arkéa-B&B Hotels. Distancé dans la dernière difficulté de la journée, le Français a concédé 1 minute et 43 secondes à Florian Lipowitz (Red Bull-Bora-Hansgrohe) et 59 secondes à Oscar Onley (Picnic-PostNL), respectivement 3ᵉ et 4ᵉ du classement général.

« J’ai limité la casse », assure Kévin Vauquelin, qui possède encore 13 secondes d’avance sur Primoz Roglic (Red Bull-Bora-Hansgrohe), 6ᵉ du général. De quoi rêver d’un top 5 à l’arrivée à Paris. « Ce serait quelque chose d’extraordinaire. Je pense que je suis en tout cas dans le jeu pour le top 10 », avance celui qui ne s’imaginait pas un instant, en début de saison, « être à la lutte avec les favoris sur une étape du Tour de France avec 5 500 mètres de dénivelé positif ».

« Il a passé un cap »

Surtout réputé pour ses qualités de puncheur, Kévin Vauquelin ne savait pas réellement à quoi s’attendre en montagne, terrain de jeu où il est essentiel d’être performant pour s’immiscer dans les premières places du classement général d’un grand tour. Avant le départ, l’objectif d’Arkéa-B&B Hotels sur cette Grande Boucle était d’ailleurs de réitérer la performance du coureur de 24 ans l’an passé, qui avait remporté une étape (la 2e, à Bologne, en Italie) lors de l’édition 2024.

Après son bon Tour de Suisse, achevé à la 2ᵉ place en juin, des interrogations avaient émergé sur sa capacité à se glisser dans le top 10. Une éventualité balayée d’un revers de la main par le premier intéressé, le 4 juillet, à la veille du départ : « On a juste envie de regagner une étape, on est dans cette optique. » Mais, depuis, Kévin Vauquelin « se prête au jeu du général », confie le manageur d’Arkéa-B&B Hotels, Emmanuel Hubert, au Monde. Après chaque étape, le Normand s’enquiert rapidement de ses écarts avec les autres coureurs.

« Il s’affirme et, au sein du peloton, il est de plus en plus respecté », assure le dirigeant de la formation bretonne. Avec sa bonne place au classement général, les tentatives de Kévin Vauquelin de partir à l’avant ont toutes été rapidement tuées dans l’œuf, les autres coureurs ne souhaitant pas lui faire « cadeau » de quelques minutes ou secondes. Toute l’équipe a donc changé de braquet pour viser ce nouvel objectif, d’autant plus après le bon triptyque pyrénéen de leur leader.

« Ces trois étapes pyrénéennes, on les redoutait un peu », confesse Emmanuel Hubert, qui assure que son coureur « a passé un cap ». Pour expliquer ses bonnes performances, le Normand n’oublie jamais de citer ses coéquipiers. Et pour cause : la formation Arkéa-B&B Hotels occupe la 4ᵉ place du classement par équipes, derrière la Visma-Lease a Bike (1ʳᵉ), UAE Team Emirates-XRG (2ᵉ) et Decathlon-AG2R La Mondiale (3ᵉ).

Un collectif à son service

« Je les pousse vers le haut, mais ils me permettent aussi d’aller beaucoup plus loin. C’est un cercle vertueux », se félicite Kévin Vauquelin, heureux de pouvoir compter sur l’expérience et le dévouement d’un « Arnaud Démare, 85 victoires en professionnel, qui accepte de se mettre dans le vent pendant toute une étape alors que le lendemain, il y a un sprint [la spécialité de Démare] ».

Dans l’ascension vers le Puy de Sancy (Puy-de-Dôme), lors de la 10ᵉ étape, le 5ᵉ du classement général avait pu profiter des efforts de Mathis Le Berre, qui n’est pas un grimpeur. « Je ne pensais pas aller aussi loin parce que ce n’est pas ma qualité première, mais je me suis arraché pour Kévin, parce que c’est important qu’il ait du monde [pour l’aider] », assurait alors le coureur de 24 ans, qui a une nouvelle fois été d’une grande aide pour le Normand, samedi, lors de la 14ᵉ étape.

Pour conserver sa place dans le top 5, Kévin Vauquelin devra désormais tenir lors des trois dernières étapes de montagne, au mont Ventoux et dans les Alpes. « On verra, parce que certains coureurs m’ont pris quelques secondes. En tout cas, c’est une belle bataille et on va jouer au vélo », conclut-il en souriant, avant de repartir à l’arrière d’une des voitures de son équipe. A son départ, les spectateurs continuent d’acclamer son nom. Dans le peloton comme en public, Kévin Vauquelin ne peut désormais plus passer inaperçu.

[Source: Le Monde]