Sur le Tour de France 2025, des sprints à très haute tension

Le Belge Tim Merlier s’est imposé au sprint devant Jonathan Milan, à Dunkerque, lors de la 3ᵉ étape, lundi 7 juillet. Le maillot vert Jasper Philipsen a été contraint d’abandonner en raison d’une lourde chute.

Juil 8, 2025 - 06:52
Sur le Tour de France 2025, des sprints à très haute tension
Le sprinteur Tim Merlier (à gauche, le bras levé), de l’équipe Soudal-Quick Step, devance Jonathan Milan (Lidl-Trek), à droite, lors de la 3e étape du Tour de France 2025, à Dunkerque (Nord), lundi 7 juillet. THIBAULT CAMUS / AP

Des explosions de puissance et parfois le chaos. Les sprints du Tour de France 2025 ne sacrent plus seulement les plus rapides, ils jettent aussi à terre les plus téméraires ou les plus malchanceux. Lundi 7 juillet, lors de la 3ᵉ étape entre Valenciennes et Dunkerque (Nord), le peloton en a encore eu la parfaite illustration. Tim Merlier (Soudal-Quick Step), champion d’Europe en titre, s’est imposé sur le fil devant Jonathan Milan (Lidl-Trek), au terme d’une course marquée par l’abandon du maillot vert, Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck) à 60 kilomètres de l’arrivée.

Pour les principaux protagonistes de cet emballage final sous haute tension, le sujet était ailleurs. Les premiers mots de l’autre vaincu, Jonathan Milan, en conférence de presse, ont été pour Jasper Philipsen : « Je suis désolé pour lui et j’espère qu’il se rétablira rapidement. »

Cette étape, longue de 178,3 kilomètres et destinée aux sprinteurs, avait pourtant commencé sur un rythme de sénateurs, avec quelques tentatives d’échappée, vaines. Un accord tacite entre les formations de sprinteurs semblait régner, après deux premiers jours de course animés.

Mais à l’approche du sprint intermédiaire, à Isbergues (Pas-de-Calais), à une soixantaine de kilomètres de l’arrivée, les coureurs les plus véloces, en quête de points pour le maillot vert, ont fait monter la tension au sein d’un peloton relativement calme jusque-là. En essayant de se frayer un chemin à l’avant de la course, le Belge Jasper Philipsen, vainqueur de la première étape à Lille et premier maillot jaune de ce Tour 2025, a été télescopé par le Français Bryan Coquard (Cofidis), qui l’a involontairement heurté après avoir fait un écart et s’être frotté à Laurenz Rex (Intermarché-Wanty).

Coquard : « Je ne suis pas un mauvais garçon »

Si ces deux derniers ont évité la « catastrophe », selon les mots de Cédric Vasseur, manager de l’équipe nordiste Cofidis, Jasper Philipsen a lourdement chuté sur l’épaule droite. « J’étais clairement déséquilibré, j’ai perdu la pédale de la chaussure, a expliqué, après la course, Bryan Coquard. Même si ce n’était pas volontaire, je tiens à m’excuser auprès de Jasper Philipsen. Je ne suis pas un mauvais garçon. Ce n’est jamais agréable. » Pour son implication dans cette chute, le Français a récolté un carton jaune, subi une pénalité de 13 unités au classement par points du maillot vert et une amende de 500 francs suisses (534 euros).

Après la course, Alpecin-Deceuninck a indiqué que Philipsen souffre d’une « fracture déplacée de la clavicule droite »et « d’une côte cassée, peut-être deux ». Un diagnostic plus lourd que celui redouté par Philip Roodhooft, le manager de l’équipe belge, qui n’incriminait cependant personne après cette chute. Transporté à l’hôpital de Béthune (Pas-de-Calais), le sprinteur aux dix succès sur le Tour a été contraint d’abandonner.

Déboussolé pendant une cinquantaine de kilomètres, le peloton s’est réveillé dans les rues étroites de Dunkerque, pour le final. Le double champion olympique en titre, Remco Evenepoel (Soudal-Quick Step), s’est lui aussi retrouvé à terre, mais sans gravité. Dans les derniers hectomètres, la tension est encore montée d’un cran, chaque coureur guettant le moindre mouvement. Bryan Coquard a cette fois été lui aussi fauché par le sort, chutant lourdement après avoir été déséquilibré, comme son compatriote Paul Penhoët (Groupama-FDJ). « Ça a été une bataille très difficile, c’était dur de se mettre dans une bonne position », a détaillé le vainqueur Tim Merlier, à l’arrivée.

Les sprints à haute tension de cette troisième journée de course sont dans la lignée de ceux du week-end. Les fins d’étapes destinées aux spécialistes du genre sont plus rares que les années précédentes sur cette Grande Boucle 2025 – six contre huit en 2024. « Les opportunités sont moins nombreuses donc on ne veut pas laisser passer sa chance », confiait Cédric Vasseur avant la fin de l’étape du jour.

Une bordure qui avait frustré plusieurs sprinteurs

Son sprinteur, Bryan Coquard, en a subi les conséquences de manière spectaculaire lors des deux dernières journées. Bien amoché après sa culbute dans le sprint final, lundi, le coureur de la Cofidis est apparu très ému au pied du car de son équipe, la voix tremblante : « C’est une sale journée, vous imaginez que faire abandonner le maillot vert, ça ne fait pas plaisir. (…) J’ai mal partout, des abrasions, mais on verra [pour la suite du Tour]. »

La veille, le Français de 33 ans s’était écharpé avec Paul Penhoët, lors du sprint intermédiaire de la 2e étape. Au même moment, signe d’une extrême nervosité lors de ces moments stratégiques dans la course au classement par points, Jonathan Milan avait accusé Biniam Girmay (Intermarché-Wanty) de ne pas avoir tenu sa ligne dans le sprint. L’Italien, pris dans le feu de l’action, s’était finalement excusé auprès de l’Erythréen à l’arrivée.

Au cours de la première étape, le colosse italien de la Lidl-Trek, comme d’autres prétendants à la victoire à Lille, avait été pris dans une bordure qui avait frustré plusieurs sprinteurs. Depuis, Milan a pu se consoler en prenant le maillot vert du classement par points, son grand objectif pour ce Tour de France, tandis que Merlier a remporté sa deuxième étape sur la Grande Boucle. Les deux sprinteurs, comme leurs homologues, devront probablement attendre la 8e étape et une arrivée en plaine, à Laval (Mayenne), pour espérer lever les bras à nouveau.

[Source: Le Monde]