Reconnaissance de l'État de Palestine: une journée historique s'ouvre à l'ONU

La France et plusieurs autres pays doivent reconnaître l'État de Palestine ce lundi 22 septembre. Une initiative "bienvenue", mais qui doit être accompagnée de "mesures concrètes", selon Max Rodenbeck, de l'International Crisis Group pour la prévention des conflits.

Sep 23, 2025 - 06:54
Reconnaissance de l'État de Palestine: une journée historique s'ouvre à l'ONU
( Illustration)Le secrétaire d'État américain Antony Blinken au siège des Nations Unies à New York, le lundi 23 septembre 2024. (Bryan R. Smith/Pool Photo via AP)

C'est l'aboutissement d'un processus de plusieurs mois. La reconnaissance de l'État de Palestine par la France et plusieurs autres pays est prévue ce lundi 22 septembre lors d'un sommet qu'organisent la France et l'Arabie saoudite. Ce dernier doit porter sur l'avenir de la solution à deux États, israélien et palestinien vivant côte à côte en paix et sécurité. 

Il a permis l'adoption par l'écrasante majorité de l'Assemblée générale de l'ONU d'un texte qui soutient un futur État palestinien, excluant sans équivoque le mouvement islamiste Hamas. Une condition exigée par de nombreux pays occidentaux.

Une reconnaissance sous condition de "libération des otages" 

La France pose comme condition à l'ouverture d'une ambassade en Palestine la libération des otages retenus à Gaza par le Hamas, a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien diffusé dimanche sur la chaîne américaine CBS.

Elle dispose d'un consulat général à Jérusalem, qui assure sa représentation auprès de l'Autorité palestinienne. L'ambassade française en Israël est située à Tel-Aviv.

Les Palestiniens "veulent une nation, ils veulent un État et nous ne devons pas les pousser vers le Hamas. Si nous ne leur offrons pas de perspective politique et une telle reconnaissance (...), ils seront coincés avec le Hamas comme unique solution", a justifié dimanche le président français dans l'émission Face the Nation sur CBS.

"Si nous voulons isoler le Hamas, le processus de reconnaissance et le plan de paix qui l'accompagne est une précondition", a-t-il ajouté.

Au moins 145 des États membres de l'ONU reconnaissent la Palestine

Avant même cette réunion à l'ONU, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et le Portugal ont formellement reconnu dimanche l'État palestinien. Cela porte désormais à au moins 145, sur 193 Etats membres de l'ONU, le nombre de pays reconnaissant l'État palestinien, selon les vérifications et le décompte de l'AFP. Cela ne change pas le statut d'observateur des Palestiniens à l'ONU, dont l'adhésion pleine et entière a été bloquée par les États-Unis.

Ce décompte inclut le Royaume-Uni et le Canada - premiers pays du G7 à faire une telle reconnaissance - l'Australie et le Portugal. Ils devraient être suivis donc ce lundi par plusieurs autres pays (France, Belgique, Luxembourg, Malte, etc.). 

La Russie, les pays arabes, quasiment tous ceux d'Afrique et d'Amérique latine, la grande majorité des pays asiatiques, dont l'Inde et la Chine, sont déjà dans cette liste.

Le président palestinien Mahmoud Abbas privé de visa aux États-Unis

Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui doit s'exprimer au sommet par vidéo car privé de visa par les États-Unis, a salué les nouvelles reconnaissances comme "un pas important et nécessaire vers la concrétisation d'une paix juste et durable". Mais certains diplomates craignent des représailles israéliennes. 

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a répété qu'il n'y aura pas d'État palestinien et menacé d'étendre la colonisation en Cisjordanie. Deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, appelaient dimanche à l'annexion de ce territoire palestinien occupé.

Mais "nous ne devons pas nous sentir intimidés par le risque de représailles, parce que, quoi que nous fassions, ces actions vont continuer", a insisté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un entretien à l'AFP, en référence à la guerre à Gaza et à "l'annexion insidieuse de la Cisjordanie".

Un discours de Benjamin Netanyahu à l'ONU en fin de semaine

Dans ce contexte, le discours de Benjamin Netanyahu à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU vendredi est très attendu, tout comme celui de Donald Trump mardi. Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, se sont clairement opposés à ce processus de reconnaissance, ne jugeant pas l'Autorité palestinienne comme un partenaire crédible pour la paix.

Le département d'État a critiqué dimanche des annonces "pour la galerie", disant "privilégier une diplomatie sérieuse".

Pour Max Rodenbeck, de l'International Crisis Group, tout effort diplomatique pour soutenir les droits des Palestiniens est "bienvenu", mais sans "mesures concrètes"pour les accompagner, ces reconnaissances risquent de "distraire de la réalité, qui est l'effacement accéléré de la vie des Palestiniens sur leur terre natale".

[Source: TV5Monde]