Au Maroc, deux personnes abattues près d’Agadir au cours des manifestations de la Gen Z
Le royaume fait face à une vague inédite de mobilisation d’une partie de la jeunesse, depuis le 27 septembre, à l’appel du collectif Gen Z 212. D’après les autorités, les deux personnes tuées tentaient de « prendre d’assaut » une brigade de gendarmerie.

Deux personnes ont été abattues et plusieurs autres blessées, mercredi 1er octobre au soir, par des gendarmes à Leqliaâ, près d’Agadir, dans le sud du Maroc, alors qu’elles tentaient de « prendre d’assaut » une brigade de gendarmerie, ont indiqué les autorités locales citées par l’agence de presse marocaine Maghreb Arabe Presse, évoquant une « tentative de vol de munitions, de matériels et d’armes de service ».
Il s’agit de l’incident le plus grave depuis le début des protestations impulsées, samedi 27 septembre, par un collectif de jeunes baptisé Gen Z 212, pour réclamer de meilleurs systèmes éducatif et de santé. Pour la première fois, les manifestations avaient été autorisées. Elles ont rassemblé des centaines de personnes à Casablanca, Tanger ou Tétouan, avec les slogans : « Le peuple veut la chute de la corruption » et « Liberté, dignité et justice sociale ». Les protestataires à Casablanca ont également demandé le « départ » du chef du gouvernement Aziz Akhannouch.
Des violences ont néanmoins éclaté dans le pays, pour la deuxième soirée consécutive. A Salé, ville voisine de la capitale Rabat, des personnes cagoulées ont incendié deux voitures de police et une agence bancaire sans scander de slogans, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).
Des personnes ont également incendié des bureaux au siège de la commune rurale de Sidi Bibi, près d’Agadir, dans le sud, d’après des médias locaux. Des actes de vandalisme ont aussi été commis dans des petites villes, comme Kelâat M’Gouna, dans le sud, qui ne faisaient pas partie des localités de manifestations désignées par le collectif Gen Z 212, selon les mêmes sources.
Plus de 400 interpellations
Mardi soir, des manifestations non autorisées avaient déjà donné lieu à des heurts avec les forces de l’ordre dans des villes comme Oujda et Inezgane, en banlieue d’Agadir. A la suite de ces violences, qui ont fait près de 300 blessés, en majorité dans les rangs des forces de l’ordre, plus de 400 personnes ont été interpellées, a indiqué Rachid El Khalfi, porte-parole du ministère de l’intérieur.
Il a précisé que plus de 140 véhicules de la police et 20 voitures de particuliers avaient été incendiés et que les manifestants ont également pris d’assaut des administrations, des agences bancaires et des commerces, notamment à Inezgane et Oujda.
A Rabat, le parquet a décidé, mercredi, qu’un deuxième groupe de 97 personnes, dont trois placées en détention, allait être jugé, a déclaré à l’AFP leur avocate, Souad Brahma, précisant que la date de leur procès n’a pas encore été fixée. Un premier groupe de 37 personnes, dont trois placées en détention, doit être jugé à partir du 7 octobre, selon MeBrahma.
Le groupement Gen Z 212 est apparu récemment via des appels à manifester sur des réseaux sociaux, comme Discord. Il se décrit comme un « espace de discussion » sur « des questions qui concernent tous les citoyens, comme la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption », et affirme rejeter « la violence » et agir par « amour de la patrie et du roi »Mohammed VI. Au Maroc, les inégalités sociales restent un problème majeur avec de fortes disparités régionales et un fossé entre les secteurs public et privé.
[Source: Le Monde]