Aron Donnum accusé de racisme : la commission de discipline de la Ligue de football professionnel va mener une enquête sur le joueur
Le conseil national de l’éthique de la fédération a demandé, lundi, à l’instance disciplinaire de la LFP de déterminer si le geste du Toulousain Aron Donnum envers le Havrais Simon Ebonog, dimanche, devait être qualifié de raciste.
Etait-ce du racisme ou une simple provocation ? Les autorités du football français devront se prononcer. Lundi 3 novembre, au lendemain du geste du Toulousain Aron Donnum envers le Havrais Simon Ebonog – le Norvégien s’était plaint de la soi-disant odeur du Franco-Camerounais – pendant un match de Ligue 1, le conseil national de l’éthique (CNE) s’est autosaisi de l’affaire et a réclamé que la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) s’en empare. Cette instance a annoncé qu’elle ouvrait une enquête.
« Il y a une suspicion, pour le moins, de geste à caractère raciste, a détaillé à L’Equipe Frédéric Thiriez, président du conseil national de l’éthique. Il appartient au CNE de saisir la commission de discipline de la Ligue et c’est elle qui jugera s’il y a effectivement un geste à caractère raciste qui, en soi, constitue un manquement à l’éthique. »
« Quand les faits sont susceptibles de revêtir un caractère discriminatoire, le règlement impose l’ouverture d’une instruction », a précisé de son côté la Ligue à l’Agence France-Presse, ajoutant que « la commission de discipline s’appuiera sur le rapport complémentaire du délégué » du match.
Dimanche, dans le temps additionnel du match Toulouse-Le Havre (0-0) , Aron Donnum a effectué un geste laissant entendre que son adversaire sentait mauvais, agitant sa main devant son nez tout en fixant Simon Ebonog. Un mime qu’ont dénoncé sans détour l’entraîneur havrais Didier Digard, puis son directeur sportif, Mathieu Bodmer, qui a demandé que cet incident figure dans le rapport du corps arbitral.
« Ce que j’ai vu, c’est intolérable, a pesté Didier Digard après le match, qui a lui-même reçu un carton jaune après avoir questionné l’arbitre de manière trop véhémente sur la nature de ce geste. Ça touche à l’être humain, ce n’est pas le sport. (…) Si on dit que ce n’est pas du racisme, c’est quoi ? C’est juste dire à mon joueur qu’il pue ? (…) C’est très grave. »
Toulouse soutient son joueur
Dans la foulée, Aron Donnum s’était défendu, assurant que son geste « n’a rien à voir avec du racisme ». « Je pense qu’ils veulent venir me voir et se battre [au moment de l’incident en cours de match], a justifié l’attaquant de Toulouse. La première chose que je sens, c’est sa respiration. Je fais ce geste parce que ça sent mauvais. (…) C’est très inconfortable d’avoir à s’expliquer là-dessus, je ne sais pas quoi dire, je me sens triste. J’ai grandi dans un environnement où il y avait tous types de population, y compris dans mes amis les plus proches. Pour moi, c’est fou de dire ça. »
Le soir même, le Toulouse football-club a publié un communiqué dans lequel il « condamne avec la plus grande fermeté les accusations infondées et particulièrement graves » à l’encontre de son joueur, et plaide une « instrumentalisation du geste » d’Aron Donnum. Ce lundi, c’était au tour de ses coéquipiers de prendre la défense du Norvégien, comme le gardien Guillaume Restes, le capitaine Rasmus Nicolaisen, ou le jeune (17 ans) Alexis Vossah. Tous lui ont tous adressé un message de soutien public sur les réseaux sociaux.
La commission de discipline de la LFP va désormais se saisir du dossier. Si le caractère injurieux est confirmé, le Norvégien risque jusqu’à dix matchs de suspension – en Ligue 1 et en Coupe de France.
[Source: Le Monde]