Valentin Paret-Peintre vainqueur au mont Ventoux, le succès de prestige d’un grimpeur français sur le Tour
Le Haut-Savoyard s’est imposé, mardi, lors de la 16ᵉ étape de la Grande Boucle, au sommet du « Géant de Provence ». Formé en Savoie et engagé dans une équipe Belge, le coureur de 24 ans est issu d’une famille qui vit pour le cyclisme.
                                    Le mont Ventoux, dont le sommet est un désert minéral suspendu entre ciel et terre, est un dur à cuire. Mardi 22 juillet, il a cédé à l’audace d’un jeune homme de 24 ans : Valentin Paret-Peintre. Le grimpeur français s’est imposé lors de la 16e étape du Tour 2025, entre Montpellier et le mont Ventoux (Vaucluse), en devançant Ben Healy (EF Education-EasyPost) au sprint. « C’est extraordinaire, a réagi le coureur tricolore de l’équipe belge Soudal-Quick Step après la course. Je me disais : “C’est une victoire au Ventoux, tu ne peux pas lâcher” ! C’est une ascension mythique, où il s’est passé beaucoup de choses et qui rayonne à l’international. Incroyable, j’ai du mal à réaliser. »
Dans la rampe finale, le Haut-Savoyard, novice sur la Grande Boucle, a répondu avec sang-froid à l’attaque de l’Irlandais, déjà vainqueur de la 10e étape. Valentin Paret-Peintre a d’abord encaissé, puis s’est mis dans la roue de Healy et, cent mètres plus haut, l’a laissé derrière lui en s’arrachant à la pente. « J’ai vraiment eu du mal à le doubler, mais je devais le faire », a-t-il raconté. Il est le premier Tricolore à lever les bras lors de cette 112e édition du Tour. Depuis Richard Virenque, en 2002, aucun Français n’avait levé les bras au sommet du « Géant de Provence ».
Hasard du calendrier, ce succès coïncide avec l’anniversaire de sa sœur, Maéva Paret-Peintre, 26 ans. « Je n’ai pas de mots, c’est le plus beau cadeau, a expliqué, émue, la cadette, jointe par téléphone. Je suis en déplacement à Lyon pour le travail [elle est, par ailleurs, cuisinière au sein de l’équipe Decathlon-AG2R La Mondiale], mais j’étais scotchée devant la télévision. Le Ventoux ! J’ai des frissons… »
Issu d’une famille de coureurs
Cette victoire de prestige est une attention involontaire mais pleine de sens, puisque Valentin est issu d’une famille qui vit pour le cyclisme. Son grand frère, Aurélien, 29 ans, participe également au Tour de France – c’est son quatrième – et porte les couleurs de Decathlon-AG2R La Mondiale. Entre pudeur et tendresse, il a fait un petit signe de la main à son cadet en franchissant la ligne d’arrivée en 108e position, à plus de 25 minutes. « Tout le monde m’a mis au courant, c’est super ! On partage notre premier Tour de France, on discute souvent. Dans ces journées, il n’y a plus [de couleur]de maillot [qui tienne] », a-t-il affirmé.
Les deux frères Paret-Peintre ont été équipiers pendant trois saisons, avant le départ du benjamin vers la Soudal-Quick Step, en janvier 2025. Depuis quelques années, à l’image du double champion du monde Julian Alaphilippe (2020 et 2021), sacré au sein de cette même formation belge, de nombreux talents français ont choisi l’exil pour se faire une place dans le peloton professionnel et garnir leur palmarès. A l’arrivée de la 16e étape, Alex Baudin, coéquipier de Ben Healy, se disait « quand même content » du succès de celui qui a été son colocataire pendant deux ans chez Decathlon-AG2R La Mondiale.
Valentin Paret-Peintre a été formé au sein de l’équipe savoyarde après avoir été initié au cyclisme au Vélo Club d’Annemasse (Haute-Savoie), dirigé par son père. Champion d’Auvergne-Rhône-Alpes junior en 2019, le grimpeur fluet et discret signe son premier contrat professionnel en 2022. Deux ans plus tard, pour sa première participation au Tour d’Italie, il remporte la 10e étape, confirmant ses qualités en montagne. « Avec son côté gringalet, on a l’impression qu’il est fragile, mais il sait ce qu’il veut, confie Alexandre Abel, son ancien entraîneur chez Decathlon-AG2R La Mondiale. On savait qu’il allait gagner, avec sa détermination. Sur son faciès, il y avait quelque chose de différent. »
Un contexte particulier
Valentin Paret-Peintre, 2e du Tour d’Oman en février derrière Adam Yates (UAE Team Emirates-XRG), a profité d’un contexte particulier puisque le leader de son équipe, Remco Evenepoel, 3e du Tour de France 2024, a abandonné lors de la 14ᵉ étape. « C’était difficile pour tout le monde, mais on s’est remobilisés », a expliqué le Français qui, grâce au retrait de son chef de file, a pu jouer sa carte personnelle et offrir à sa formation sa quatrième victoire d’étape lors de cette Grande Boucle.
Dans un dernier kilomètre d’ascension rempli de tensions – Ben Healy, Santiago Buitrago (Bahrain Victorious) et Valentin Paret-Peintre se sont observés, presque figés, à la manière des pistards –, le vainqueur du jour a pu compter sur le soutien de son équipier Ilan Van Wilder pour relancer l’allure et résister au retour des deux cadors de l’épreuve, Jonas Vingegaard (Visma-Lease a Bike) et Tadej Pogacar (UAE Team Emirates-XRG). « Ce n’était pas le plan, je n’y croyais pas trop. Je pensais vraiment que Pogacar voulait gagner et cadenasser », a raconté le Français.
Les lauréats des cinq dernières éditions du Tour de France se sont marqués dans les premières pentes du mont Ventoux, avant l’attaque de Jonas Vingegaard, à 7 kilomètres de l’arrivée. S’en est suivi un mano à mano entre les deux rivaux et un statu quo au classement général, toujours dominé par Tadej Pogacar. « Je suis heureux pour lui qu’il gagne cette étape, a dit le maillot jaune au sujet de Valentin Paret-Peintre, au micro de France Télévisions. Il était tellement heureux au vestiaire, c’était beau à voir. Il mérite la victoire. » Cette fois, le Ventoux n’a pas sacré un favori, mais un pur grimpeur, qui s’est révélé dans un théâtre de rêve.
[Source: Le Monde]