Le Paris Basketball, sacré champion de France, replace la capitale au sommet du basket hexagonal

Le club parisien, créé en 2018, a remporté, mardi, son premier titre de champion de France masculin de basket, en s’imposant face à Monaco, lors du cinquième match de la finale.

Juin 25, 2025 - 09:03
Le Paris Basketball, sacré champion de France, replace la capitale au sommet du basket hexagonal
La joie des joueurs du Paris Basketball après avoir remporté le titre de champion de France de basket, à Paris, le 24 juin 2025. THOMAS SAMSON / AFP

Une poignée de mains tendues vers un seul ballon. Trônant sur l’esplanade de l’Adidas Arena, porte de la Chapelle (18e arrondissement de Paris), l’immense réplique du trophée de champion de France résumait l’enjeu de la soirée. Dans l’enceinte inaugurée quelques mois avant les Jeux olympiques (JO) de Paris 2024 devenue l’antre du Paris Basketball, il ne resterait qu’une équipe. Mardi 24 juin, le club de la capitale recevait l’AS Monaco basket, double tenant du titre, pour un brûlant épilogue du championnat de France masculin de basket (Betclic Elite). A égalité parfaite, dans cette finale (deux victoires partout) comme dans leurs affrontements cette saison (4-4), les deux équipes se sont départagées lors d’une ultime rencontre, qui a vu le club de la capitale être sacré sur le fil (99-93) pour la première fois de son histoire. L’aboutissement d’une quête commencée à l’été 2018.

Club créé ex nihilo par les hommes d’affaires américains Eric Schwartz et David Kahn, le Paris Basketball avait l’intention d’associer la « marque mondiale qu’est Paris » au riche terreau basket de région francilienne, exprimait alors le second, ancien dirigeant d’une équipe NBA, la grande ligue nord-américaine. Et s’ils n’ont pas brûlé les étapes, mettant trois ans à rejoindre la première division, ils n’ont pas traîné ensuite à mettre le club sur orbite.

Et un peu moins de trente ans après le Paris Saint-Germain Racing, dernier club nommé « Paris » à avoir remporté le championnat, en 1997, la capitale est de retour au sommet du basket français. « C’est un sentiment de fierté, encore plus pour moi qui suis Parisien. J’ai grandi ici, on a toujours attendu un grand club à Paris », savoure Amara Sy, le directeur sportif de la formation de la capitale.

Tout était à construire

Même lui peinait à réaliser, après avoir énuméré les trophées remportés par son jeune club depuis sa création notamment l’Eurocoupe, petite sœur de l’Euroligue, l’an passé, ou la Coupe de France, plus tôt cette saison.« On a quand même accompli pas mal de choses en très, très, peu de temps, met en avant Amara Sy. On a su s’adapter à l’arrivée des résultats, et créer une marque qui grandit de jour en jour, de semaines en semaines, et de mois en mois. »

Car au-delà du basket français, le club parisien a conquis sa ville. Et à voir la bouillante ambiance dans l’Adidas Arena, mardi, pleine à craquer comme lors de la plupart des matchs de la saison, difficile d’imaginer les débuts du club, il y a tout juste sept ans, dans la vénérable halle Georges-Carpentier, dans le 13e arrondissement de la capitale. Tout était à construire : l’équipe alors en Pro B (deuxième division), son public, et une enceinte à même d’accueillir son ambition.

« Je ne serais pas là s’il n’y avait pas la future arena », insistait David Kahn, interrogé en 2018. Pour la majorité des observateurs, l’absence d’une salle adaptée au basket avait précipité la chute de toutes les précédentes tentatives de créer un grand club à Paris. A la faveur des JO 2024, la salle de la porte de la Chapelle a vu le jour, et fait désormais salle comble à chaque rencontre, ou presque. Une source proche de l’équipe explique que Paris a fait les chiffres d’un très bon club de Ligue 1 en termes de remplissage. « C’est un sacré outil, le top que l’on puisse avoir en termes de technologie, de design ou d’hospitalité », soulignait le directeur sportif parisien en 2024.

« C’est la fin d’un voyage »

Pour la remplir, le club de la capitale a misé sur des joueurs frissons, à même d’électriser le public. Comme les duettistes T. J. Shorts et Nadir Hifi, aussi fantasques que fantastiques, qui « ont porté le club toute la saison, et ce soir encore », a fait valoir l’entraîneur Tiago Splitter. Mardi, dans une fin de rencontre haletante, le meneur de poche américain et l’international français se sont occupés de tout, multipliant les tirs compliqués pour offrir à Paris son premier titre. « C’est la fin d’un voyage, boucler cette histoire avec ce groupe comme ça, personne ne nous l’ôtera », a savouré T. J. Shorts, qui quittera le club cet été, comme nombre de ses partenaires et leur entraîneur.

« On sait le genre de profil [de joueur] qu’il nous faut si on veut continuer à proposer un jeu aussi spectaculaire et attrayant. Parce qu’on sait qu’à Paris, le public est très exigeant », assume Amara Sy. Riche métropole, la capitale fourmille de propositions concurrentes pour sortir le soir, et fidéliser des supporteurs n’était pas gagné d’avance, en dépit du fort bassin de basketteurs qu’est l’Ile-de-France. Se félicitant d’avoir « réussi à conquérir le public avec cette recette », le directeur sportif parisien entend « continuer dans cette dynamique ».

Tout réussit à Paris cette année. A bientôt un an du premier anniversaire des JO 2024, la vague sportive ne semble pas être retombée dans la capitale. Moins d’un mois après le sacre en Ligue des champions du PSG − assorti à un titre de champion de France de football, comme de handball −, au tour du Paris Basketball de décrocher le titre. « C’est un vrai kif », a savouré l’arrière Yakuba Ouattara, qui a rejoint le club en provenance de Monaco à l’été 2024 « pour l’aider à passer un cap ». « Ici l’énergie est juste différente, il y a une “vibe” difficile à décrire, propre à Paris. On ne fait rien comme toutes les autres équipes. »

Même sacré champion de France, l’intersaison s’annonce incertaine pour le Paris Basketball. D’autant que l’arrivée possible de la NBA en Europe – annoncée au printemps – pourrait rebattre des cartes dans le basket continental, notamment en tentant de s’associer avec des marques « établies », comme le PSG. Mais l’heure est à la fête pour le nouveau champion. « Je dirais pas qu’on est devenu un grand club, mais on est sur la bonne voie. A nous de rester sur ce chemin », conclut Amara Sy. Pour que la trajectoire du club parisien, météorite jaillie de nulle part en 2018, ne soit pas celle d’une énième comète du basket français.

[Source: Le Monde]