L’émissaire américain annonce qu’Israël et la Syrie se sont accordés sur un cessez-le-feu
Vendredi soir, cependant, des affrontements opposaient toujours des combattants tribaux et druzes à l’entrée de Souweïda. Depuis dimanche, les combats entre groupes druzes et tribus bédouines locales y ont fait au moins 638 morts, selon l’OSDH.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le président syrien, Ahmed Al-Charaa, se sont accordés sur un cessez-le-feu, deux jours après les frappes israéliennes ayant visé Damas, a annoncé l’émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack, vendredi 18 juillet.
« Le premier ministre israélien, [Benyamin] Nétanyahou, et le président syrien, Ahmed Al-Charaa, avec le soutien du secrétaire d’Etat américain, [Marco] Rubio, ont accepté un cessez-le-feu, écrit Tom Barrack sur le réseau social X. Nous appelons les Druzes, les Bédouins, et les sunnites à déposer les armes, et, ensemble, avec les autres minorités, à construire une identité syrienne nouvelle et unie, dans la paix et la prospérité avec ses voisins », poursuit l’émissaire américain.
Vendredi soir, cependant, des affrontements opposaient toujours des combattants tribaux et druzes à l’entrée de Souweïda, dans le sud de la Syrie, où des violences ont déjà fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés depuis près d’une semaine. La présidence syrienne a affirmé, vendredi, travailler à l’envoi d’une « force spéciale » dans la région à majorité druze de Souweïda, d’où elle avait retiré ses soldats la veille sous la pression d’Israël.
Depuis dimanche, les affrontements entre groupes druzes et tribus bédouines locales, aux relations tendues depuis des années, ont fait au moins 638 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Ces violences fragilisent encore plus le pouvoir d’Ahmed Al-Charaa, qui, à la tête d’une coalition de groupes rebelles islamistes, avait renversé le président Bachar Al-Assad en décembre 2024, dans un pays meurtri par près de quatorze ans de guerre civile.
La présidence syrienne appelle à la « retenue »
Dans un communiqué, vendredi soir, la présidence syrienne a exhorté « toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier la raison », tout en affirmant travailler « à l’envoi d’une force spéciale pour mettre fin aux affrontements ».
Le pouvoir syrien, disant vouloir rétablir l’ordre, avait déjà déployé ses forces mardi à Souweïda, jusque-là contrôlée par des combattants druzes. L’OSDH, des témoins et des groupes druzes ont toutefois accusé les forces syriennes d’avoir combattu au côté des Bédouins et d’avoir commis des exactions.
Les forces gouvernementales s’étaient retirées jeudi de la ville, après des menaces et des bombardements d’Israël qui a dit vouloir protéger la minorité druze, Ahmed Al-Charaa affirmant sa volonté d’éviter une « guerre ouverte » avec Israël.
Un cessez-le-feu a été conclu entre les parties syriennes, mais la présidence a accusé, jeudi, les combattants druzes de l’avoir violé. Vendredi, l’OSDH a fait état de combats autour de Souweïda, ajoutant que « des bombardements visaient des quartiers de la ville ». Selon l’observatoire, « les combattants tribaux sont encouragés et soutenus par les autorités syriennes, qui ne peuvent plus se déployer à Souweïda en raison des menaces d’Israël ».
Près de 80 000 personnes ont été déplacées en raison des violences, s’est alarmée l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est dit « préoccupé par la détérioration rapide de la situation humanitaire » dans la région. « Les gens manquent de tout. Les hôpitaux ont de plus en plus de mal à soigner les blessés et les malades », a déclaré Stephan Sakalian, chef de la délégation du CICR en Syrie.
Présente principalement à Souweïda, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700 000 personnes. Cette minorité issue d’une branche de l’islam est aussi implantée au Liban et en Israël.
[Source: Le Monde]