Yohann Ndoye-Brouard se pare de bronze sur 200 m dos aux Mondiaux de natation, une « épreuve qui fait très mal »
Le Français a décroché une deuxième médaille de bronze, vendredi, à Singapour. Légèrement déçu par sa performance, il est néanmoins « fier » d’avoir surmonté son appréhension sur cette distance éprouvante physiquement.

Les podiums des compétitions internationales ont un don, celui d’atténuer la douleur. Demandez plutôt à Yohann Ndoye-Brouard, longtemps rétif à disputer le 200 m dos, une « épreuve qui fait très mal », de son propre aveu. La finale de la distance n’a pas fait que du bien au dossiste français de 24 ans, vendredi 1ᵉʳ août, mais elle lui a offert sa deuxième médaille mondiale de la semaine grâce à un temps d’1 min 54 s 62. La deuxième en bronze, après celle sur 100 m dos, mardi.
« Dans l’appréhension de la course, c’est bien mieux. J’ai encore ce souvenir de Chartres, lors des qualifications pour les Jeux [olympiques de Paris 2024]. C’était la pire journée de ma vie, celle du 200 m dos. Franchement, j’avais envie de pleurer toute la journée, a décrit l’intéressé au terme de l’épreuve dominée par le Hongrois Hubert Kos (1ᵉʳ, 1 min 53 s 19) et le Sud-Africain Pieter Coetze (2ᵉ, 1 min 53 s 36). Vraiment, c’est fou ce que ça peut nous procurer comme émotions. »
Après discussion avec Mathieu Neuillet, son entraîneur à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), Yohann Ndoye-Brouard a accepté de s’y aligner à nouveau. « Il fallait qu’il prenne conscience qu’en réalité, le 200 m dos, ça pouvait être aussi juste une course de travail. Qu’on n’allait pas forcément y chercher quelque chose, mais qu’il y avait vraiment un intérêt pour lui à progresser sur le 200 m en vue du 100 m », détaille le coach, qui ajoute en souriant : « Maintenant, par contre, je pense qu’il est parti pour trois ans à faire le 200 m dos. »
Il a battu deux records de France à Singapour
Les sensations ressenties après cette médaille ce vendredi étaient inévitablement différentes de celles du début de semaine. Changement de dimension oblige. « J’avais revu mes ambitions à la hausse. Je voulais faire forcément un peu mieux », a expliqué Yohann Ndoye-Brouard. « Ça reste toujours plaisant, surtout sur une course où on ne l’attendait pas forcément. On était venus ici avec le 100 m dos en tête », rappelle Mathieu Neuillet.
Malgré cette légère déception à chaud, Yohann Ndoye-Brouard n’aura certainement que du positif à retenir de ces Mondiaux à Singapour sur le plan personnel. Au regard des meilleures performances de l’année sur 100 m et 200 m dos, rien ne disait que le Français parviendrait à se glisser sur le podium des deux épreuves. Avant la compétition, il n’était, respectivement, que le dixième et quinzième performeur de la saison sur ces distances.
« J’ai enfin réussi à faire le 100 et le 200 à un bon niveau, les deux au même niveau mondial, donc je suis très fier de moi », savourait-il après la toute première finale mondiale de sa carrière sur 200 m dos. A Singapour, Yohann Ndoye-Brouard a battu deux fois le record de France. Celui de Camille Lacourt, sur 100 m dos (51 s 92), puis, jeudi, lors des demi-finales du 200 m dos (1 min 54 s 47), celui de son copain d’entraînement, Mewen Tomac, qui datait des Jeux de Paris 2024.
« Je nage plus relâché »
La bonne ambiance en équipe de France, depuis le stage à Djakarta (Indonésie) qui a précédé ces championnats du monde dans la cité-Etat asiatique, l’a, selon lui, placé dans les meilleures conditions. Comme ce premier accessit, mardi, pour bien lancer la compétition. « Je nage plus relâché depuis que j’ai eu cette médaille », remarquait-il après les demi-finales du 200 m dos, jeudi.
Longtemps, Yohann Ndoye-Brouard a semé des promesses, rarement tenues lors des grands rendez-vous internationaux. Le Français avait accumulé les places au pied du podium et les frustrations avant Singapour, où il offre à la délégation tricolore sa quatrième médaille, après les sacres de Maxime Grousset sur 50 m papillon et Léon Marchand sur 200 m 4 nages. A 24 ans et avec de la suite dans les idées, il pourrait construire de futurs succès dans la durée.
Le sport l’a canalisé, lui qui a vécu de sévères crises d’asthme lorsqu’il était plus jeune. Plus calme, plus méthodique, finalement arrivé à maturité, Yohann Ndoye-Brouard n’ignore certainement pas que la prochaine grande échéance internationale se situera à Paris, lors des championnats d’Europe, à l’été 2026. Mais avant de se tourner vers la suite, il lui reste une course, « du bonus », et pourquoi pas, une nouvelle médaille à aller chercher, avec le relais du 4 × 100 m 4 nages, dimanche.
[Source: Le Monde]