Le Louvre victime d’un vol avec effraction et fermé pour la journée ; des bijoux d’une « valeur inestimable » dérobés

Les malfaiteurs « ont pénétré par l’extérieur en utilisant une nacelle », avant de fracturer une fenêtre, selon le ministre de l’intérieur. Ils sont en fuite avec leur butin, mais la couronne de l’impératrice Eugénie a été retrouvée endommagée aux abords du musée.

Oct 19, 2025 - 17:03
Le Louvre victime d’un vol avec effraction et fermé pour la journée ; des bijoux d’une « valeur inestimable » dérobés
La couronne de l’impératrice Eugénie, par Alexandre-Gabriel Lemonnier. STEPHANE MARÉCHALLE/MUSÉE DU LOUVRE/RMN-GRAND PALAIS

Le musée du Louvre, à Paris, est fermé dimanche 19 octobre à la suite d’un vol avec effraction au cours duquel des bijoux d’une « valeur patrimoniale inestimable » ont été dérobés, a annoncé le ministère français de l’intérieur.

« Un braquage a eu lieu ce matin à l’ouverture du Musée du Louvre. Pas de blessés à déplorer. Je suis sur place aux côtés des équipes du musée et de la police. Constatations en cours », a écrit sur X la ministre de la culture, Rachida Dati, qui a été rejointe sur place par le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez.

Le Louvre, qui a accueilli près de 9 millions de visiteurs en 2024, dont 80 % d’étrangers, a annoncé sur le réseau social X qu’il resterait « fermé » dimanche « pour raisons exceptionnelles ».

Entre 9 h 30 et 9 h 40, des malfaiteurs se sont introduits dans le musée, situé au cœur de Paris, et ont volé plusieurs objets d’art avant de prendre la fuite, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de source proche du dossier. Selon le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, invité de « Questions Politiques », des bijoux d’une « valeur inestimable » ont été dérobés.

Vue de la galerie d’Apollon, au Louvre.

Une enquête est ouverte pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime, et a été confiée à la brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire parisienne, avec le soutien de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), a précisé le parquet, contacté par Le Monde. Il ajoute que « le préjudice est en cours d’évaluation » et que « les investigations sont en cours ».

Le président de la République, Emmanuel Macron, est « informé de la situation en temps réel », a fait savoir l’Elysée.

D’après le quotidien Le Parisien, trois malfaiteurs auraient dérobé neuf pièces de la collection de bijoux de Napoléon et de l’impératrice Eugénie. Un des bijoux dérobés a été retrouvé aux abords du musée, abandonné dans leur fuite par les malfaiteurs, a annoncé Rachida Dati sur TF1. Selon une source proche du dossier à l’AFP, il s’agit de la couronne de l’impératrice, qui a été endommagée. La couronne de l’épouse de Napoléon III, typique des représentations de couronnes impériales, est notamment composée de 1 354 diamants et 56 émeraudes, selon le descriptif mis en ligne par le Louvre.

«  Des failles de sûreté d’une gravité sans précédent »

Les malfaiteurs « ont pénétré par l’extérieur en utilisant une nacelle, qui était positionnée sur un camion », avant de fracturer la fenêtre de la galerie d’Apollon et de se diriger « vers un certain nombre de vitrines où ils ont dérobé des bijoux dont je ne donnerai pas la liste », a expliqué Laurent Nuñez sur France Inter. Ils ont ensuite pris la fuite avec des scooters. D’après le ministre, il s’agit d’une équipe apparemment « chevronnée » qui a agi en sept minutes. « Tous les moyens sont d’ores et déjà mis en œuvre pour retrouver le butin », a déclaré la Préfecture de Paris, au Monde.

« On sait très bien qu’il y a une grande vulnérabilité dans les musées français », a déclaré M. Nuñez, rappelant qu’un « plan de sécurité » récemment lancé par le ministère de la culture « n’épargnait pas » le Musée du Louvre.

Dans un message publié sur Instagram, la maire de Paris, Anne Hidalgo, dit apporter « tout [son] soutien aux équipes du Musée du Louvre ». « La police municipale de la Ville de Paris, aux côtés de la police nationale est pleinement mobilisée afin de procéder à l’évacuation du public présent au musée », ajoute l’édile. « Ma première pensée va aux personnels. Il faut souhaiter que les services de police et de justice identifient rapidement les auteurs afin qu’ils soient condamnés et que les objets volés soient retrouvés », a renchéri Ian Brossat, sénateur et conseiller communiste de Paris, candidat aux municipales.

« Ce braquage, qui a permis aux voleurs de dérober des joyaux de la Couronne de France, est une insupportable humiliation pour notre pays », a quant à lui déclaré sur X Jordan Bardella, président du Rassemblement national.

« L’intrusion, extrêmement organisée, démontre des failles de sûreté d’une gravité sans précédent, et pourtant largement anticipables », a réagi l’Union syndicale Solidaires dans un communiqué. « La responsabilité de la direction est écrasante, et il est grand temps que le président de la République et la ministre de la Culture prennent en considération les alertes lancées par les personnels et leurs représentants », a ajouté l’organisation syndicale, estimant que Sud Culture n’a eu de cesse de dénoncer les arbitrages internes constatés depuis trois ans.

Plusieurs musées français ont été récemment visés par des cambriolages et des vols, mettant en lumière de possibles failles dans les dispositifs de protection et de surveillance. « La criminalité organisée aujourd’hui s’attaque aux objets d’art » et « les musées sont devenus des cibles », a reconnu Rachida Dati.

En septembre, des spécimens d’or natif ont été volés lors d’une effraction au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, qui a déploré une « perte inestimable » pour la recherche et le patrimoine. Ce vol concerne plusieurs spécimens d’or natif, c’est-à-dire l’or sous sa forme naturelle, avait expliqué le musée, qui a évalué la valeur du préjudice à environ 600 000 euros.

Durant ce même mois de septembre, un musée de Limoges, dans le centre de la France, faisant référence dans le domaine de la porcelaine, a subi un cambriolage dont le préjudice est estimé à 6,5 millions d’euros.

[Source: Le Monde]