Brigitte Macron et le cauchemar sans fin d’une fake news
En quatre ans, l’absurde rumeur selon laquelle l’épouse du chef de l’Etat serait un homme n’a cessé d’enfler. Relayée en France par des complotistes proches des réseaux d’extrême droite, elle a traversé l’Atlantique, reprise par l’influenceuse trumpiste Candace Owens. Emmanuel et Brigitte Macron se sont résolus à riposter judiciairement : en France, où un procès pour cyberharcèlement débutera fin octobre, et aux Etats-Unis, où ils ont porté plainte.
Daniel Nardello a donné rendez-vous dans un salon discret du Lutetia, son pied-à-terre parisien, en ce mois de septembre. Rien de tel qu’un palace et un fond de musique jazz pour camper une ambiance de film d’espionnage. L’Américain de 68 ans sort rarement de l’ombre. Costume ample, bouc finement taillé, cet ancien procureur fédéral new-yorkais est une sorte de détective privé haut de gamme, que les entreprises et les cabinets d’avocats embauchent pour ramener du « biscuit » sur leurs adversaires dans le cadre de procédures judiciaires.
Les affaires marchent bien, sa firme emploie 110 collaborateurs – anciens agents du FBI, ex-magistrats ou avocats – de Washington à Dubaï, en passant par Londres et Singapour. Nardello & Co devrait même bientôt s’installer à Paris, où la société compte un couple de clients prestigieux, Emmanuel et Brigitte Macron.
Depuis quelques mois, les limiers de Daniel Nardello enquêtent sur « l’affaire Jean-Michel Trogneux », cette fausse nouvelle qui dépeint l’épouse du chef de l’Etat en femme transgenre, l’accusant d’être en réalité son frère, Jean-Michel – qui existe bien et a 80 ans. Quatre ans que l’Elysée échoue à se dépêtrer de cette rumeur popularisée dans une vidéo, en décembre 2021, par une autoproclamée « journaliste amateur » et une médium. Quatre ans de démentis, de déclarations outrées et de silences, qui n’ont pas réussi à calmer la fureur des réseaux sociaux. Au contraire, tant le vacarme connaît désormais une résonance internationale.
Candace Owens, l’acharnée
La bataille ne se joue plus seulement en France, où un procès pour cyberharcèlement doit se tenir, les 27 et 28 octobre, à Paris, contre dix personnes, à la suite d’une plainte déposée par Brigitte Macron en 2024. Son sort pourrait se décider de l’autre côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis. Le nouveau cauchemar des Macron réside en effet au sud du pays, dans le Tennessee. L’influenceuse Candace Owens, 36 ans, qui compte parmi les voix les plus écoutées de l’Amérique MAGA (Make America Great Again), avec 5,4 millions d’abonnés sur YouTube et 7,3 millions sur X, a décidé d’ajouter cette théorie du complot à son fonds de commerce.
Cette enfant du Web a étoffé son personnage depuis le premier mandat de Donald Trump (2017-2021). A l’époque, le locataire de la Maison Blanche recevait et célébrait cette Afro-Américaine, critique du mouvement Black Lives Matter, qui se fixait pour objectif de détourner le vote des minorités au profit du républicain. Désormais, la jeune femme est surtout connue pour ses vidéos promettant la vérité sur « ce qui s’est vraiment passé le 11 septembre 2001 », ou cherchant la main d’Israël derrière l’assassinat de l’activiste Charlie Kirk, dont elle était proche.
Mais son plus grand « hit » des derniers mois s’appelle « Becoming Brigitte » (« Devenir Brigitte »). Une saga lancée grâce à l’aide – involontaire – d’Emmanuel Macron. Le 8 mars 2024, le chef de l’Etat commente pour la première fois publiquement cette histoire de « fadas » qui figure, avoue-t-il au micro de TF1, parmi ses pires souvenirs depuis son arrivée au pouvoir. Une dépêche tombe, aussitôt reprise dans le monde entier.
Trois jours plus tard, Candace Owens s’empare de la rumeur, qu’elle vend à son audience comme « le plus GRAND scandale politique de l’histoire humaine ». « Je mettrais en jeu toute ma réputation professionnelle sur le fait que Brigitte Macron est en réalité un homme », prévient-elle. L’influenceuse enchaîne les vidéos, un crucifix en arrière-plan, découpant et scénarisant son « enquête » en épisodes telle une créatrice de série Netflix.
Une photo de jeunesse de l’épouse du président, son faire-part de naissance dans la presse locale… Tout est prétexte à analyses et haussements de sourcils pour nourrir la thèse d’un « secret d’Etat démoniaque ». « Ne les laissez pas vous faire croire que vous êtes les fous », enjoint cette fervente catholique à ses fans, interrompant seulement ses monologues en lançant des « Find God and get three months free ! » (« Trouvez Dieu et gagnez trois mois gratuits ! »), afin d’assurer la publicité d’une application de prière.
Le succès est au rendez-vous. Les 11 épisodes traitant de l’affaire ont été visionnés entre 1,4 et 5,7 millions de fois chacun. Ils ont même trouvé de l’écho chez les plus gros podcasteurs de la place trumpiste, de Joe Rogan à Tucker Carlson, forts de dizaines de millions d’auditeurs. Provocatrice, l’Américaine vend des tee-shirts parodiant la une du magazine Time, sur laquelle Brigitte Macron figure en « homme de l’année ».
Le choix de la riposte
L’affaire n’est pas seulement lucrative, elle sert aussi un agenda politique. Sous un vernis pop, Candace Owens renouvelle les vieux tubes de l’extrême droite – antisémites, en particulier. La jeune femme, persuadée que le judaïsme est une « religion centrée sur la pédophilie, qui croit aux démons (…) et au sacrifice d’enfants », dépeint ainsi Emmanuel Macron en « pantin » des Rothschild, « manipulé depuis son enfance » par un individu – Brigitte, donc – aux liens nébuleux avec la célèbre famille de banquiers juifs… N’est-il pas curieux, souligne-t-elle, que l’épouse du chef de l’Etat français soit née le 13 avril 1953, jour du lancement par la CIA du projet MK-Ultra, visant à manipuler les esprits ? Et si Brigitte Macron était en réalité le père d’Emmanuel Macron, s’interroge-t-elle, en épilogue de sa série ?
Face à cette déferlante complotiste, le couple présidentiel a adressé un courrier à Candace Owens, en décembre 2024, par l’intermédiaire de son avocat américain, Mᵉ Tom Clare, pour lui demander de « retirer immédiatement » ses« affirmations fausses, diffamatoires et extrêmement préjudiciables ». Mais la lettre n’a fait qu’encourager sa verve. Le 23 juillet, après deux vaines relances, les Macron se sont donc résolus à porter plainte pour diffamation.
L’accusation, longue de 250 pages, décortique toutes les fausses informations colportées par l’Américaine depuis un an et demi, dans le cadre de sa « campagne d’humiliation mondiale », selon les termes utilisés par l’avocat du couple. « Chaque fois que les Macron quittent leur domicile, ils le font en sachant que d’innombrables personnes ont entendu – et que beaucoup croient – ces odieuses inventions », est-il écrit. La plainte a été déposée dans l’Etat du Delaware, où Candace Owens a domicilié ses activités.
Le document confirme qu’Emmanuel Macron aurait profité de sa venue à Washington, en février, dans le cadre de négociations sur la guerre en Ukraine, pour demander à Donald Trump de calmer sa pasionaria. Owens a ensuite raconté dans son émission, fin juin, que le locataire de la Maison Blanche en personne l’aurait appelée pour la prier d’arrêter de parler de Brigitte Macron. Selon elle, le président français faisait de cette condition un préalable à tout accord sur l’Ukraine. Si la plainte dément l’existence d’un tel chantage, elle ne nie pas, en revanche, la nature de la conversation entre les deux chefs d’Etat. Contacté, l’Elysée n’a pas répondu à nos sollicitations sur le sujet.
Au-delà d’un potentiel déballage sur leur vie privée, les Macron ont pris un autre risque avec cette procédure : celui de perdre. Aux Etats-Unis, pays revendiqué de la liberté d’expression, « il est généralement très difficile, pour les personnes considérées comme des figures publiques, de gagner des actions en diffamation », reconnaît Daniel Nardello, dans son salon du Lutetia. Et c’est là que le travail de l’enquêteur prend tout son sens.
« Il faut prouver que l’auteur des propos diffamatoires a agi avec une véritable malveillance ou avec un mépris délibéré pour la vérité », explique-t-il. Ces dernières semaines, son rôle a consisté à construire un « narratif »dépeignant Candace Owens en activiste politique intéressée par l’argent et déterminée à nuire à ce chef d’Etat « moderne et dynamique », selon les termes de la plainte. Pour cela, Daniel Nardello s’emploie à reconstituer les nombreux réseaux de l’influenceuse.
Il en ressort des éléments déjà connus, comme sa proximité avec le rappeur Kanye West – tristement célèbre pour ses déclarations antisémites –, ou l’influenceur masculiniste britannique Andrew Tate ; ses quelques rencontres avec Marion Maréchal, notamment lors de la « convention de la droite » organisée à Paris en 2019 ; ses échanges d’amabilités sur les réseaux sociaux avec l’idéologue poutinien Alexandre Douguine, ou encore la présence du héraut du Brexit, Nigel Farage, à son mariage avec George Farmer, fils de Michael Farmer, grand argentier de la droite conservatrice au Royaume-Uni.
Des complotistes français
La firme a peu creusé, en revanche, le profil – bien français – du principal complice de Candace Owens. Xavier Poussard, 38 ans, est un inconnu du grand public. Cet ancien journaliste de Faits et documents, une lettre d’information confidentielle d’extrême droite, est pourtant devenu la source unique – ou presque – de ses « informations ».
Ce Parisien d’origine, mâchoire carrée et lunettes de documentaliste, est obsédé par les juifs et les francs-maçons, dont il cartographie les réseaux et l’influence supposée parmi les élites. Il a hérité ce « savoir-faire » d’Emmanuel Ratier (1957-2015), le fondateur de Faits et documents, lui-même formé à l’école d’Henry Coston (1910-2001), journaliste et collaborateur pendant la seconde guerre mondiale.
Au printemps 2021, Xavier Poussard est contacté par Natacha Rey, une simple citoyenne, proche du mouvement des « gilets jaunes », qui se dit persuadée d’avoir démasqué la véritable identité de Brigitte Macron. Elle cherche un média prêt à publier le contenu de ses découvertes. Pendant plusieurs semaines, le journaliste s’exécute, et ajoute ses propres informations à cette enquête sur « le mystère Brigitte Macron ». Mais la série d’articles fait pschitt.
Natacha Rey se tourne alors vers Amandine Roy, une médium, pour tenter de propager son travail à travers sa chaîne YouTube. Leur vidéo, diffusée en décembre 2021, est vue plus de 450 000 fois en quelques jours, avant d’être retirée de la plateforme. Sur X (qui s’appelait encore Twitter), le hashtag #JeanMichelTrogneux devient viral. Les chaînes de télévision russes s’en donnent à cœur joie, invitant Natacha Rey à se produire sur leur antenne. L’affaire est née.
Xavier Poussard, qui n’a pas été associé à la vidéo, tente de s’accrocher au phénomène en poursuivant l’enquête dans Faits et documents. Les numéros spéciaux s’enchaînent, promettant « documents exclusifs et photos inédites ». Sa démonstration s’appuie sur un nouveau joujou, un logiciel de reconnaissance facial chinois, dont les résultats prouveraient que les photos de jeunesse de Brigitte Macron sont des fausses.
Le contact avec Candace Owens s’établit après un échange sur X, en mars 2024. Ils ne se quittent plus depuis. Xavier Poussard est intervenu à deux reprises dans le show de l’influenceuse, et s’est rendu chez elle, à Nashville. Il a publié, en février, un livre autoédité (en français et en anglais), Devenir Brigitte, présenté par Candace Owens, qui figure régulièrement dans les meilleures ventes sur Amazon. Il refuse de dire combien il en a écoulé, et n’a pas souhaité nous rencontrer. Au magazine Society, qui lui a consacré un long portrait, en juin, Xavier Poussard a raconté avoir pu acheter, grâce aux ventes du livre, un appartement à Milan (où il réside avec femme et enfants), une voiture, et embaucher comme collaborateur un membre de sa famille.
Des procédures complexes
De quoi susciter jalousies et convoitises dans cette communauté de forcenés lancés à la recherche des « vraies » origines de l’épouse d’Emmanuel Macron. Natacha Rey, en particulier, reproche au journaliste d’avoir vendu « son » affaire à Candace Owens. « Il refuse de lui verser un centime, il s’en met plein les poches », enrage son avocat, Mᵉ François Dangléhant. Sa cliente, qui vivote à l’aide de cagnottes en ligne et assure avoir demandé l’asile politique à la Russie, préparerait à son tour un livre, « en français et en anglais ».
« Je suis en relation avec un metteur en scène pour une série Netflix, avec Natacha en héroïne », assure l’avocat – qui a été notamment le défenseur de l’humoriste Dieudonné, condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine raciale. Prétendument apolitique, Natacha Rey a expliqué à la journaliste du Nouvel Obs Emmanuelle Anizon, autrice d’un livre enquête sur cette rumeur (L’Affaire Madame. Anatomie d’une fake news, Studiofact Editions, 2024), qu’elle conspuait la République, bâtie selon elle sur le « génocide » des « Vendéens, des aristocrates et des curés ».
De son côté, Xavier Poussard a été congédié de Faits et documents, fin 2024, par un certain Alain Soral, actionnaire de la revue. Le polémiste, condamné plusieurs fois pour ses déclarations antisémites, lui reprochait d’entraîner son journal dans la « brigittologie intégrale ». Un hobby trop risqué aux yeux de celui qui vit réfugié en Suisse pour échapper à la justice française.
Curieusement, Emmanuel et Brigitte Macron n’ont pourtant jamais porté plainte contre Xavier Poussard. Une source proche du couple explique que ces derniers craignent d’être déboutés. Car, en matière de diffamation, il n’y a pas que le fond des propos qui compte. Un journaliste peut arguer de sa bonne foi s’il a mené un travail d’enquête appuyé sur une base factuelle suffisante. Or, l’intéressé est assis sur les 330 pages de son livre qui, s’il « ne vaut pas un clou », poursuit cette même source, « a été écrit en prenant beaucoup de précautions ».
Dans cette affaire, les Macron ont déjà essuyé plusieurs échecs sur le terrain judiciaire. La première plainte déposée par Brigitte Macron contre Natacha Rey et Amandine Roy (conjointement avec son frère Jean-Michel Trogneux) a été rejetée, en 2023. La qualification retenue, « atteinte à la vie privée », n’était pas la bonne.
Un an plus tard, le frère et la sœur obtenaient la condamnation des deux femmes pour diffamation. Mais cette décision a été infirmée par la cour d’appel de Paris, en juillet, au motif que « l’imputation d’avoir effectué une transition de genre et de ne pas avoir voulu la rendre publique ne saurait constituer une atteinte à l’honneur ou à la considération »,constitutifs de la diffamation. Les accusations de mensonges et de falsification dont se sont rendues coupables Natacha Rey et Amandine Roy apparaissaient par ailleurs trop imprécises à la cour pour justifier d’une condamnation. Brigitte Macron s’est, depuis, pourvue en cassation.
Une affaire privée
En attendant cette nouvelle étape, un procès pour cyberharcèlement contre l’épouse du chef de l’Etat doit donc s’ouvrir le 27 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris. Brigitte Macron avait déposé plainte contre X, en août 2024, après qu’une photo d’elle en maillot de bain a suscité une nouvelle vague de moqueries, d’insultes et d’allusions sur son genre.
« Toutes ces allégations ont un fort retentissement sur mon entourage et moi-même », a-t-elle déclaré lors de son audition par la police, réalisée à l’Elysée, en décembre 2024. « Je n’ai pas effectué un séjour à l’étranger sans que l’on m’en parle, a ajouté la première dame. Il n’y a pas un conjoint de chef d’État qui n’est pas au courant. » Pour autant, Brigitte Macron n’a pas souhaité être examinée par un médecin afin d’établir un préjudice éventuel sur sa santé mentale.
Dix personnes sont renvoyées devant le tribunal, dont la médium Amandine Roy, mais aussi Aurélien Poirson-Atlan – connu sous l’alias Zoé Sagan – et Bertrand Scholler, deux personnalités en vue de la « complosphère ». Le reste des prévenus sont, en apparence, des internautes lambda. La brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), chargée de l’enquête, explique dans un rapport n’avoir sélectionné « que les plus virulents à l’encontre de Mme Brigitte Macron ». Xavier Poussard, qui a été interrogé à Milan, le 17 septembre, par les polices italienne et française, ne sera pas sur le banc des prévenus, son cas ayant été disjoint.
Officiellement, le parquet de Paris gère ce dossier sans intervention de la présidence. Le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrice Faure, à l’oreille duquel les préfets rapportent les menaces et les rumeurs ciblant le chef de l’Etat, s’est contenté d’orchestrer les plaintes déposées au nom du couple, qu’il a avisé et signé (il vient de quitter son poste suite à sa nomination, le 22 octobre, comme préfet de police de Paris). L’Elysée assure que pas un euro d’argent public n’est dépensé dans le cadre de la défense des Macron, qui relève de leur vie privée. La question n’est pas anecdotique, tant la procédure américaine pourrait coûter cher. Selon le New York Times, leur avocat, Mᵉ Tom Clare, peut facturer une heure de travail jusqu’à 1 800 dollars (1 500 euros environ).
Une mise à nu incontournable
Mais le coût le plus élevé à payer pourrait être pour leur vie privée. En 2017, Emmanuel Macron confessait à Vanity Fair entretenir un « rapport névrotique » à « l’intime », détestant voir la presse enquêter sur son passé et celui de sa femme. Aujourd’hui, Brigitte Macron rechigne, malgré la rumeur, à divulguer des photos d’elle enceinte, ou avec ses enfants dans les bras. Elle n’a pas, non plus, organisé de séance photo avec son frère, Jean-Michel Trogneux, qui démontrerait par l’absurde les accusations dont ils sont l’objet. Trop intrusif, argue son entourage. Les complotistes croiraient de toute façon à des images truquées, estime-t-on autour de l’épouse du président.
Le « succès » de cette fake news trouve en partie son origine dans les vingt-quatre ans d’écart du couple. Lorsqu’il a intégré le cours de théâtre La Providence, à Amiens, où officiait sa future femme, Emmanuel Macron avait 14 ans, et celle qui deviendra son épouse 39. Leur relation amoureuse aurait démarré deux ans plus tard, ont-ils raconté dans différents livres et articles consacrés à leur histoire. Seulement, les promoteurs de « l’affaire Jean-Michel Trogneux » y voient un détournement de mineur de la part de Brigitte Macron. La confirmation, pour Candace Owens, que « les pédophiles sont au pouvoir » – une vieille antienne de l’extrême droite, peu importe le pays.
A un proche qui s’offusquait des commentaires de ce type sur les réseaux sociaux, Brigitte Macron a confié que ses parents, à Amiens, recevaient déjà, avant Internet, des courriers anonymes la traitant de pédophile. « J’ai déjà vécu ça. C’est juste la forme qui a changé », a assuré l’épouse du chef de l’Etat. Dans leur plainte contre Candace Owens, les Macron ont pris soin de répondre à ces accusations. « A tout moment, est-il écrit, la relation entre Mme Macron et M. Macron, en tant que professeure et élève, est restée dans les limites fixées par la loi. »
Leur mise à nu ne fait sans doute que commencer. Joint en visioconférence, leur avocat, Me Tom Clare, nous confirme ce qu’il a révélé à la BBC, à savoir que Brigitte Macron est prête à effectuer, si nécessaire, des tests physiologiques afin de prouver qu’elle est une femme, dans le cadre de la procédure contre Candace Owens. Le même type d’examens auxquels sont soumises certaines athlètes féminines accusées de mentir sur leur genre. Selon lui, des photos de famille pourraient être également produites.
« Il est très important pour Emmanuel et Brigitte Macron de laver leur réputation de ce mensonge. C’est leur priorité, et c’est pourquoi ils entreprennent cette démarche », assure-t-il. « Nous voulons que ce procès ait lieu dès l’année prochaine, en 2026, ajoute l’avocat du couple. Plus tôt nous pourrons mettre un terme à ce mensonge, mieux ce sera. » Selon Mᵉ Clare, les Macron seraient prêts à se déplacer dans le Delaware pour comparaître ou témoigner devant le tribunal. Verra-t-on un président en exercice se présenter face à la justice d’une puissance étrangère ? L’événement serait hors norme. A l’image des proportions prises par cette affaire.
[Source: Le Monde]