Le retour opportun de Reza Pahlavi, prince héritier d’Iran, au lendemain des frappes américaines
A 64 ans, le prince héritier de la dernière dynastie royale de Téhéran, renversée par la Révolution islamique de 1979, se disait, le 23 juin, « prêt à mener la transition politique » dans son pays.

Un activiste discret
Reza Pahlavi, 64 ans, réapparaît sur nos écrans à chaque fois que le régime iranien semble sur le point de vasciller. Le prince héritier de la dernière dynastie royale de Téhéran, celle des Pahlavi chassée par la révolution de 1979, surfe sur l’onde de choc des bombardements de l’aviation américaine sur des sites nucléaires iraniens, le 21 juin. Bien que pris de court par le cessez-le-feu décrété par Donald Trump, le 24 juin, l’homme, installé aux Etats-Unis, n’a pas renoncé à préparer la suite.
Le 30 juin, il était à Londres, pour s’entretenir avec des parlementaires britanniques. Sur les réseaux sociaux, il promeut une boîte aux lettres en ligne, pour les membres des services de sécurité de la république islamique qui songeraient à retourner leur veste. A Washington, ses lobbyistes défendent un projet de loi au Congrès, dit de « soutien maximal » au peuple iranien. Un activisme destiné à épauler la prochaine vague de manifestations.
Un démocrate poli
Costume noir discrètement serré sur la poitrine, cravate d’un bleu caractéristique de l’ancien régime, moirée et texturée à l’américaine, Reza Pahlavi faisait, le 23 juin, à Paris, une offre de service, à la veille du cessez-le-feu entré en vigueur entre l’Iran et Israël. Devant des dizaines de médias internationaux, dont Le Monde, réunis dans un salon de la Maison de la chimie, il se disait « prêt à mener la transition politique » dans son pays.
En père bonhomme de la nation, poliment démocrate, il promettait de se retirer, une fois l’ordre rétabli. Il a tempéré ses premiers encouragements aux frappes israéliennes, enregistrés onze jours plus tôt, tout en refusant de critiquer ouvertement ces puissances étrangères. « La seule guerre qui existe, c’est celle que mène le régime [iranien] contre sa population », affirmait-il, alors qu’Israël frappait le matin même le périmètre de la prison d’Evin, où croupissent des détenus politiques. Le bilan s’élevait mardi à 71 morts.
Un conservateur nationaliste
« Si le père de Reza Pahlavi était encore chah, il aurait fait exécuter son fils pour trahison. Si son grand-père était encore vivant, il l’aurait fait sans procès », estimait sur X l’analyste irano-américain Trita Parsi. Certains partisans de la monarchie ont dénoncé ces frappes, comme Ali Hamid, le présentateur de la chaîne londonienne Manoto, ou Ali Karimi, l’ex-footballeur international iranien. Selon Reza Pahlavi, seule la pression extérieure pourrait permettre le renversement du régime.
Proche de la droite américaine ultraconservatrice, il s’est rendu en Israël en 2023, où il a rencontré Benyamin Nétanyahou, afin de le remercier de son soutien aux « aspirations démocratiques des Iraniens ». Alors que la république islamique ne parvient plus à fournir emplois et subsides à ses plus fidèles soutiens, le prince héritier joue sur la nostalgie de l’ancien régime, aussi bien que sur un nationalisme exacerbé, volontiers xénophobe, parfois rudement anticlérical.
Un père comblé
Quelques jours avant les premiers raids israéliens, les Iraniens avaient pu rêver, un peu, le 8 juin, en découvrant en ligne les photographies du mariage de la deuxième fille du prince héritier, Iman Pahlavi. La fête avait lieu à Paris, où réside la mère de Reza, Farah Diba, dernière épouse du chah. Iman convolait avec un Américain, Bradley Sherman, de confession juive. Des invités la faisaient sauter à bout de bras sur une chaise.
Ils se sont rencontrés à New York. Il a fait sa demande sur une plage de Floride. Elle est senior manager chez American Express. Né en Arizona, lui travaille dans la finance. La chaîne israélienne i24 s’est réjouie de cette alliance. Mais plus qu’une célébration d’ancien régime à Persépolis, ce mariage paraissait un rêve bourgeois d’Américains à Paris. Des analystes y ont vu le signe que Reza avait en réalité cessé d’espérer redresser le trône des Pahlavi : ses filles, sur Instagram, sont de parfaites Irano-Américaines.
[Source: Le Monde]