Maxime Grousset, roi du papillon : un troisième sacre mondial pour le Français sur une nage redécouverte par hasard

Après son titre sur 50 m papillon, lundi, le Français est redevenu champion du monde du 100 m papillon, samedi, à Singapour. Un doublé, assorti du record de France et d’Europe, qui consacre ses prédispositions pour une nage qui n’a jamais été sa priorité.

Août 3, 2025 - 07:15
Maxime Grousset, roi du papillon : un troisième sacre mondial pour le Français sur une nage redécouverte par hasard
Le nageur français Maxime Grousset, après son titre sur 100 m papillon aux Mondiaux de Singapour, le 2 août 2025 à Singapour. HOLLIE ADAMS / REUTERS

Non, dans la vie, il n’y a pas que Léon Marchand pour rendre fous de joie les Français férus de natation. Aux Jeux olympiques de Paris 2024, Maxime Grousset était passé presque inaperçu – il n’avait décroché aucune médaille en individuel –, mais les championnats du monde de Singapour le replacent de manière assez spectaculaire comme le deuxième personnage central de la natation française, presque à hauteur du « roi Léon ».

En début de semaine, « Max » avait lancé la locomotive bleue et décroché le titre sur 50 m papillon, son deuxième sacre mondial après le 100 m papillon à Fukuoka (Japon), en 2023. Le troisième n’a pas traîné, cinq jours seulement entre les deux, et cette nouvelle finale du 100 m papillon remportée avec le record de France et d’Europe (49 s 62), samedi 2 août, devant son ami, le Suisse Noè Ponti (2ᵉ, 49 s 83), et le Canadien Ilya Kharun (3ᵉ, 50 s 07).

Deuxième meilleur performeur de l’histoire sur la distance, Maxime Grousset est le premier Français à passer sous les 50 secondes sur 100 m papillon. « Qu’est-ce que j’ai fait ? La dinguerie ! », savourait-il, le regard extatique après sa course. « Il a imposé son rythme aux autres dès le début de la course, il avait déjà en partie gagné. Il a fait une course de patron », analyse à chaud Denis Auguin, directeur technique national de la Fédération française de natation.

Ce nouveau titre n’avait absolument rien d’évident, jeudi, après sa finale ratée du 100 m nage libre. Le nageur de 26 ans a du mérite parce qu’il fallait en revenir, de cette grande déception. « C’est la course reine, celle dont je rêvais quand j’étais petit », soufflait-il, la mine défaite, après sa 7ᵉ place (47 s 59), à plus d’une seconde du Roumain David Popovici (46 s 51), nouveau roi de la distance.

« J’avais un peu arrêté le papillon »

Dans la foulée, le nageur de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) avait très mal dormi. Peut-être réalisait-il les progrès de la concurrence sur 100 m nage libre et, simultanément, sa lente dégringolade : médaille d’argent aux Mondiaux de Budapest en 2022, de bronze à ceux de Fukuoka un an plus tard, puis 5ᵉ place aux Jeux de Paris. « La page est tournée, même si ça m’a fait un peu ruminer », évacuait-il, vendredi.

L’heure était venue de se remobiliser pour le 100 m papillon, dont il détenait la meilleure performance mondiale de l’année avant ces Mondiaux de Singapour, et de rebasculer sur cette nage qui pouvait faire de lui un double champion du monde lors de la même édition des Mondiaux. Le « pap », Maxime Grousset le porte pourtant moins dans son cœur que le crawl. Il n’y peut rien, ça le stimule moins. Pourtant, aucune autre nage ne le sublime autant.

Lors de son arrivée dans l’Hexagone, en 2016 à Amiens, où officiait alors son coach, Michel Chrétien, Maxime Grousset avait mis l’accent sur le crawl à l’entraînement, délaissant le « pap » qu’il avait pratiqué chez les jeunes. « J’avais un peu arrêté le papillon, mais j’ai toujours été bon. Je ne suis pas complètement étonné mais ce n’était pas ce que j’imaginais quand je me suis mis à faire du crawl. Parfois, il faut savoir ouvrir un peu son esprit », concède-t-il.

Le Néo-Calédonien l’avait fait, un peu par hasard, lors du Giant Open de mars 2023, à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). A la veille de la dernière journée de compétition et du 100 m nage libre, il s’aligne pour le 100 m papillon sur les conseils de Michel Chrétien, qui rembobine : « Je lui ai dit que ça lui ferait une bonne préparation. On s’aperçoit alors qu’il est proche du record national et aux championnats de France, il se qualifie pour les Mondiaux. J’étais bien emmerdé, je me suis demandé : “On va en faire quoi de ce truc ?” Mais Maxime a voulu continuer. »

Plus raisonnable que par le passé

Une intuition divine ? A Fukuoka, Maxime Grousset devient champion du monde du 100 m papillon, cette nage qu’il travaille toujours aussi peu à l’entraînement. « C’est curieux mais ça arrive souvent de voir des nageurs qui s’entraînent en crawl progresser naturellement en pap, assure Robin Pla, responsable scientifique à la Fédération française de natation (FFN). Sur 50 m pap, Maxime a toujours été fort naturellement. Sur 100 m pap, il a plein de données qui montrent qu’il a progressé en endurance, ce qui lui permet de tenir la distance. »

L’entraînement et un peu plus de sérieux au quotidien, comme le confient volontiers plusieurs membres de l’équipe de France, ont fait le reste. Déterminé à se racheter sur le crawl, Maxime Grousset envisageait initialement de s’aligner sur le 50 m nage libre, dont la finale avait lieu trente minutes avant celle du 100 m papillon, samedi. « J’ai zappé le 50 [m nage libre] parce que je me sens bien en pap, donc autant profiter à 100 % de ce que je peux faire en pap », explique-t-il, plus raisonnable que par le passé.

Pour autant, le Néo-Calédonien n’a pas dit adieu à ses ambitions sur l’épreuve reine. En témoigne sa participation au relais mixte du 4 × 100 m nage libre, quelques dizaines de minutes après sa première finale de la journée, avec lequel il a décroché la médaille de bronze. Mais c’est sur papillon qu’il aura brillé à Singapour. « L’histoire est belle parce qu’on aurait pu ne jamais se mettre au pap », résume un Michel Chrétien ému. Avant son départ de l’Insep à la rentrée, l’entraîneur aura vu son protégé s’offrir deux titres mondiaux à Singapour.

[Source: Le Monde]