Diagnostic du président Nechirvan Barzani sur la situation politique en Irak

Journaliste à EDGEnews.

Oct 10, 2025 - 12:11
Diagnostic du président Nechirvan Barzani sur la situation politique en Irak
Le président Nechirvan Barzani lors du forum MERI, le 8 octobre 2025

D'Erbil aux forums régionaux à Téhéran et au-delà, le président Nechirvan Barzani parle de la crise irakienne non pas à travers des slogans ou des abstractions, mais avec une aisance née d'un engagement de longue date avec ses lignes de fracture, qu'elles soient territoriales, institutionnelles, sécuritaires, économiques ou culturelles. Ses discours montrent clairement qu'il a une vision plus complète de la crise que la plupart des gens, osant l'interpréter plutôt que de s'en excuser. Si les politiciens irakiens prenaient ne serait-ce qu'une fraction de cette clarté au sérieux, la tragédie qui se déroule en Irak pourrait encore être réorientée. Mais à moins que les intellectuels arabes et irakiens n'ouvrent de force l'espace nécessaire à un tel dialogue, l'histoire de ce pays restera celle d'un leadership défaillant, et non celle d'acteurs héroïques.

Ce qui distingue le président Nechirvan, ce n'est pas seulement son talent rhétorique, mais son diagnostic structurel. Dans son discours de 2021 intitulé « Iraq: a Tragic Destiny » (L'Irak : un destin tragique), il a refusé de réduire les problèmes centenaires de l'Irak à des accidents coloniaux ; il a plutôt insisté sur le fait qu'il s'agissait de distorsions de la volonté et de la structure, et non du hasard. Il nous a rappelé que l'Irak a été construit artificiellement à partir de Mossoul, Bagdad et Bassorah, des régions aux géographies, langues et politiques distinctes, et que les Kurdes, les Arabes et d'autres communautés ont vécu avec cette disjonction depuis lors. Ce cadre rejette l'étiquette simpliste de « sectarisme » et recadre la crise comme un décalage structurel entre la constitution et l'art de gouverner.

Dans son approche de la sécurité et de la stabilité régionale, Barzani établit à nouveau un lien entre les racines historiques et les risques actuels. Il attribue bon nombre des maux de l'Irak à l'héritage non résolu de la carte géopolitique de l'après-Première Guerre mondiale, aggravé par une gouvernance faible, les inégalités sociales, la polarisation sectaire et les pressions extrémistes.

Le président Barzani a en outre abordé des questions que d'autres considèrent comme secondaires, comme une question de routine et d'urgence : le stress climatique, la pénurie d'eau et les migrations. Il a récemment averti que les perturbations climatiques mettent en danger la sécurité alimentaire, poussent à des mouvements de population massifs et intensifient les tensions régionales. Cette volonté de considérer les problèmes comme complexes et historiques est plus profonde que la rhétorique de nombreux politiciens basés à Bagdad, qui réduisent souvent tous les problèmes à la corruption ou à l'intervention étrangère.

C'est une chose de signaler un problème, c'en est une autre de proposer une solution. Barzani fait partie de ces derniers. Il ne se contente pas de déplorer « notre échec », mais s'efforce d'attribuer les responsabilités, d'envisager des remèdes et de remettre en question les discours dominants. Par exemple, lorsqu'il accuse Bagdad de ne pas avoir mis en œuvre le fédéralisme constitutionnel ou la justice pour la région du Kurdistan, il le fait non pas sur un ton sectaire, mais en termes juridiques et politiques. Dans son discours de 2025 à Téhéran, il a exprimé à la fois son respect pour les liens entre les Kurdes et les Iraniens, mais a également souligné l'incapacité de Bagdad à respecter la promesse constitutionnelle de décentralisation. Cette dualité entre engagement respectueux et critique fondée sur des principes est rare dans la politique traditionnelle irakienne.

La manière dont Barzani gère la politique pétrolière et fiscale illustre sa méthode d'interprétation. Il milite depuis longtemps pour le droit de la région du Kurdistan à exporter du pétrole, non seulement comme monnaie d'échange, mais aussi comme expression d'un droit constitutionnel et d'une nécessité régionale. Sa stratégie est progressive, combinant diplomatie et ouverture économique, plutôt que des postures conflictuelles soudaines.

M. Barzani envisage souvent l'avenir de l'Irak non pas en termes de vengeance ou de jeux à somme nulle, mais en termes de reconstruction de l'imaginaire politique : constitutionnalisme, négociation, respect du pluralisme et de la dignité des petites communautés. Cela contraste avec la classe politique irakienne en général, qui traite trop souvent la crise en termes transactionnels, tels que les accords de partage du pouvoir, les quotas et le sectarisme. Les politiciens irakiens négligent trop souvent les cadres à long terme qui intègrent la réforme constitutionnelle, la décentralisation et la diversification de l'économie. Ils ont tendance à privilégier les gains immédiats plutôt que le changement systémique.

L'approche du président Nechirvan Barzani implique une meilleure voie à suivre pour tous, combinant une défense régionale fondée sur des principes (pour les droits constitutionnels kurdes) et un engagement en faveur de l'intégrité de l'Irak. Si les politiciens arabes de Bassorah, Ninive, Anbar, Diyala ou Bagdad eux-mêmes commençaient à penser comme Barzani, on pourrait alors voir émerger de véritables alliances réformatrices, transcendant les clivages ethniques et sectaires sur la base d'injustices communes telles que le chômage des jeunes, la dégradation structurelle et les difficultés climatiques, par exemple.

M. Barzani envisage souvent l'avenir de l'Irak non pas en termes de vengeance ou de jeux à somme nulle, mais en termes de reconstruction de l'imaginaire politique : constitutionnalisme, négociation, respect du pluralisme et de la dignité des petites communautés. Cela contraste avec la classe politique irakienne en général, qui traite trop souvent la crise en termes transactionnels, tels que les accords de partage du pouvoir, les quotas et le sectarisme. Les politiciens irakiens négligent trop souvent les cadres à long terme qui intègrent la réforme constitutionnelle, la décentralisation et la diversification de l'économie. Ils ont tendance à privilégier les gains immédiats plutôt que le changement systémique.

L'approche du président Nechirvan Barzani implique une meilleure voie à suivre pour tous, combinant une défense régionale fondée sur des principes (pour les droits constitutionnels kurdes) et un engagement en faveur de l'intégrité de l'Irak. Si les politiciens arabes de Bassorah, Ninive, Anbar, Diyala ou Bagdad eux-mêmes commençaient à penser comme Barzani, on pourrait alors voir émerger de véritables alliances réformatrices, transcendant les clivages ethniques et sectaires sur la base d'injustices communes telles que le chômage des jeunes, la dégradation structurelle et les difficultés climatiques, par exemple.

M. Barzani n'est bien sûr pas à l'abri des critiques. Certains l'accusent d'utiliser l'autonomie régionale comme une autre forme de centralisation basée à Erbil. D'autres s'inquiètent de la responsabilité et de la transparence. L'approche du président Nechirvan Barzani a le mérite d'inviter à exprimer des points de vue alternatifs plutôt que de faire taire les critiques.

À l'avenir, le danger pour l'Irak ne réside pas dans les ingérences extérieures, les conflits sectaires ou la raréfaction des ressources, mais dans la sclérose politique et la désertion intellectuelle. Si la classe politique irakienne reste attachée à des approches dépassées, le pays s'effondrera.

Le président Barzani montre qu'il est possible d'affronter la crise en profondeur, de l'interpréter de manière nuancée et d'agir avec vision, sans excuses ni nostalgie. Cette attitude doit devenir la norme en Irak, et non une exception. L'histoire ne pardonnera pas à ceux qui n'auront pas su penser ainsi le moment venu.

Les politiciens arabes et irakiens ne peuvent rester silencieux. Ils doivent appeler à une véritable démocratie sous la forme du respect de la Constitution, de la décentralisation et de la responsabilité, plutôt que de se lamenter sur un passé qui n'a jamais servi le peuple irakien. La prochaine génération n'aura ainsi peut-être pas à subir les tragédies que nous avons endurées à l'heure actuelle. L'Irak mérite mieux.