Présidentielle au Cameroun: Issa Tchiroma Bakary, ex-ministre désigné "candidat consensuel" d'une partie de l'opposition
Réunis à Yaoundé, samedi 13 septembre, plusieurs partis politiques et personnalités de l'opposition ont voté à l'unanimité en faveur de la candidature de l'ancien ministre camerounais Issa Tchiroma Bakary. Le président Paul Biya, en lice pour un huitième mandat, affrontera une dizaine de candidats le 12 octobre prochain.

Un mois avant le scrutin présidentiel, l'opposition camerounaise s'organise pour contrer Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. À l'issue d'une assemblée générale d'une coalition dénommée l'Union pour le changement en 2025, l'ancien ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a été désigné candidat consensuel pour faire face au Président. Cette plateforme d'opposants a été créé juste après les investitures des candidats à la présidentielle.
Âgé de 76 ans, Issa Tchiroma Bakary, a dit accepter cette mission "avec humilité, gravité, mais aussi avec une détermination sans faille", rapporte le site d'information Actu Cameroun.
"La volonté de rassembler tous les Camerounais"
Pourtant, cette nomination "consensuelle" n'est pas la garantie d'avoir un seul et unique candidat qui empêcherait Paul Biya de briguer un huitième mandat. "C'est un vocable qui a commencé à circuler peu après l'annonce des candidats, décrypte pour TV5MONDE l'analyste politique Stéphane Akoa. D'autres groupes politiques cherchent de leur côté un candidat qui pourrait être [lui aussi] consensuel".
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"La question de regrouper les forces au profit d'un candidat a déjà été soulevée dans le passé, mais cela n'a pas réellement fonctionné", rappelle l'analyste.
Après l'annonce de sa désignation, Issa Tchiroma Bakary a interpellé le président et l'a invité à "débattre devant le peuple" : "vous avez gouverné par procuration, utilisant la peur, la manipulation et la division comme armes politiques. Moi, je viens avec l’espoir, avec la réconciliation, avec la volonté de rassembler tous les Camerounais", a-t-il affirmé.
Pas de consigne de vote de l'opposant Maurice Kamto
La candidature de l'ex-parole du gouvernement a été validée alors que plusieurs candidats ont été recalés. Selon un communiqué signé par plusieurs membres de cette organisation informelle, plusieurs partis politiques et personnalités de l'opposition, ont soutenu ce choix.
Anicet Ekane, président du parti Manidem, qui avait présenté la candidature de Maurice Kamto, figure parmi les signataires. Une décision qui surprend les observateurs."On peut s'étonner que Manidem ait tranché en faveur de l'ancien ministre de la Communication", commente Stéphane Akoa.
Mais le principal opposant Maurice Kamto, écarté de la course en août, n'a pas encore pas donné de consigne de vote. Pour l'analyste politique, sa réaction est difficile à prédire : "on ne sait pas s'il va garder son silence jusqu'à la fin ou s'il attendra jusqu'à la dernière minute pour prendre parti".
Une situation qui, selon Stéphane Akao, ne simplifie pas la compréhension du paysage politique actuel: "cela génère une grande confusion et émet plus de perplexité dans l’analyse de la scène politique camerounaise. On ne peut pas dire que ce choix est celui que tous les autres vont valider".
Pas de candidature unique dans l'opposition
Selon le communiqué de l'Union pour le changement en 2025, la collaboration avec les autres candidats, y compris les recalés, demeure possible à condition que ces "candidats retenus ou exclus par le Conseil constitutionnel" soient "favorables à la mutualisation des énergies".
Issa Tchiroma Bakary a toutefois une faiblesse : sa longue carrière aux côtés de Paul Biya. "Il a longtemps travaillé avec le gouvernement et a occupé des hauts postes", retrace le chercheur. Le dernier en date : ministre de la Communication depuis 2009, "donc, de fait, porte-parole du gouvernement".
L'incertitude persiste au sein de l'opposition qui risque de se fragmenter. D'autant que "cet accord n’interdit pas à ceux qui veulent être seuls dans leur combat politique contre Paul Biya de se présenter", précise Stéphane Akoa.
Paul Biya, 92 ans, affrontera onze autres candidats pour briguer un nouveau septennat le 12 octobre.
[Source: TV5Monde]