Le XV de France termine l’année par une victoire contre l’Australie mais ne rassure pas : « On est moins forts qu’il y a quatre ans »

Les joueurs de Fabien Galthié se sont imposés 48-33 face aux Wallabies, samedi, au Stade de France. Ils concluent la tournée d’automne par une deuxième victoire en trois matchs. Un bilan positif, mais la qualité du jeu, elle, l’est beaucoup moins.

Nov 23, 2025 - 10:37
Le XV de France termine l’année par une victoire contre l’Australie mais ne rassure pas : « On est moins forts qu’il y a quatre ans »
Louis Bielle-Biarrey, Nicolas Depoortere, Kalvin Gourgues et Romain Ntamack, lors du match contre l’Australie, samedi 22 novembre, au Stade de France. THIBAUD MORITZ / AFP

Fabien Galthié avait vu juste dans la semaine. Le rugby de sélection, « c’est un éternel recommencement ». Samedi 22 novembre, le XV de France a joué contre l’Australie un mauvais remake de ce qu’il a produit face aux Sud-Africains et aux Fidjiens lors de la tournée d’automne. Un rugby sur courant alternatif, sans saveur, sans identité de jeu.

Devant les 80 000 spectateurs transis de froid du Stade de France, les Bleus se sont imposés contre les Wallabies (48-33), mais n’ont pas rassuré. Pire, ils sont retombés dans leurs travers. Aux problèmes d’indisciplines (12 pénalités concédées, carton jaune de Maxime Lucu peu avant la mi-temps) se sont ajoutés les ballons perdus, les plaquages ratés, les en-avant…

Soit le même diagnostic que celui posé contre les Sud-Africains, le 8 novembre, à Saint-Denis, et contre les Fidjiens une semaine plus tard à Bordeaux. Pourtant, le deuxième ligne Thibaud Flament avait, dans la semaine, exhorté ses coéquipiers à « faire preuve de panache » sur le terrain, et gommer cette impression « moyennasse » qui rongeait les Bleus depuis le début de la tournée.

Le match contre l’Australie n’aura donc pas effacé cette entêtante sensation de « oui, mais ». Pas plus qu’il ne nous a appris grand-chose sur le niveau de ce XV de France. Sinon qu’en plus de chercher une animation offensive construite, il se cherche aussi une défense. Cinq essais encaissés contre les Australiens, après trois contre les Fidji et quatre contre les Springboks, c’est beaucoup trop au niveau international. La défense tricolore, autrefois réputée quasi infranchissable, craque désormais de tous les côtés.

« C’est un point d’amélioration, euphémise le sélectionneur Fabien Galthié au moment de faire le bilan de la tournée. On termine par une victoire avec des choses positives et d’autres moins. Défensivement, il y a quelque chose de récurrent et qu’on n’a pas rectifié, sauf en deuxième période et lors des vingt dernières minutes face aux Fidji où on maîtrise nos positions défensives sans se mettre à la faute. Là, on fait beaucoup de fautes en début de match dans notre camp et on défend beaucoup de pénaltouches. »

Les Bleus sauvent leur place dans le Top 6 mondial

Heureusement pour eux, les Bleus ont retrouvé une conquête samedi et peuvent toujours compter sur les fulgurances de leurs trois-quarts. A l’image de l’ailier supersonique Louis Bielle-Biarrey, des centres Nicolas Deporteere, auteur de deux essais et élu homme du match, et Kalvin Gourgues, la promesse toulousaine, qui, grâce à une percée tranchante en fin de match (71e minute), a offert sur un plateau un doublé au premier.

Mais tout ça est bien maigre. La prestation face aux Australiens, et ce n’est pas leur faire injure, ne fera pas oublier l’automne laborieux des Bleus. Sur un plan comptable, les hommes de Fabien Galthié terminent l’année 2025 avec tout juste la moyenne (six victoires pour cinq défaites). Ils sauvent également leur place dans le Top 6 du rugby mondial. Et le statut de tête de série qui va avec, synonyme de parcours plus aisé en phase de groupes à la Coupe du monde en Australie, en 2027.

De leur côté, les Wallabies concèdent une troisième défaite de rang contre les Français, une première depuis 1976. Battus également en Angleterre (25-7), en Italie (26-19) puis en Irlande (46-19), ils repartent fanny de leur tournée en Europe, avec quatre défaites dans les valises, ce qui ne leur était pas arrivé depuis près de soixante-dix ans. Voilà pour le cancre de la soirée.

Mais les Bleus ne s’en tirent pas avec les honneurs. Romain Ntamack – transparent cet automne – et ses coéquipiers devront impérativement faire mieux dès le 5 février contre l’Irlande en ouverture du Tournoi des six nations dont ils sont les tenants du titre. Revanchard, le XV du Trèfle, qui a également subi les foudres des Sud-Africains lors de cette tournée (13-24 à Dublin), sera un vrai test pour se jauger. Le froid mordant qui s’est abattu samedi sur le Stade de France est un rappel avant l’heure des rigueurs de l’hiver et de celles de sa compétition plus que centenaire.

« Offensivement, c’est une belle prestation mais il y a trop de fautes. On sait que les matches de Tournoi peuvent se jouer à trois points ou moins donc la discipline va être super importante pour cette compétition », a mis en garde samedi au coup de sifflet final le Rochelais Grégory Alldritt. Le capitaine tricolore appelait pourtant ses coéquipiers, la veille, à jouer « sans avoir cette sensation de job à moitié fait ».

La Dupont dépendance du XV de France

Dix-sept matchs séparent désormais les Bleus de la Coupe du monde 2027. C’est beaucoup et peu à la fois. Surtout pour une équipe en quête de son identité. « On croit qu’on a des acquis solides depuis six ans, eh bien non, il faut retravailler en permanence la base », constatait froidement dans la semaine Fabien Galthié.

Le sélectionneur n’était pas plus optimiste à l’issue du match contre l’Australie. « Si je compare à il y a quatre ans pile, on est moins forts. On était alors lancé dans une série de quatorze victoires, ce qui ne nous a pas empêchés de perdre contre l’Afrique du Sud en quart de finale de la Coupe du monde. Il faudra voir dans deux ans, il n’y a pas de vérité… Mais, oui, on n’est pas au même niveau, je le dis avec sérénité. »

Ces huit derniers mois montrent également et surtout que l’équipe de France a du mal à se passer d’Antoine Dupont, son maître à jouer. Le retour du demi de mêlée toulousain sous le maillot tricolore (il pourrait reprendre la compétition le 29 novembre en Top 14) devrait lui redonner un nouveau souffle et une nouvelle identité. Comme ceux d’Uini Atonio et Peato Mauvaka à la mêlée – mise au supplice par les Boks – ou encore du troisième ligne François Cros, véritable tour de défense tricolore, tous blessés pour cette tournée. Les blessures, « ce sont les seules choses qu’on ne maîtrise pas », philosophait Fabien Galthié samedi, conscient de l’ampleur du chantier qui l’attend.

[Source: Le Monde]