Au Brésil, des milliers de manifestants pro-Bolsonaro dans les rues dans la foulée des sanctions américaines contre le juge Alexandre de Moraes
Accusé d’avoir conspiré pour se maintenir au pouvoir malgré sa défaite électorale face au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva en 2022, Jair Bolsonaro encourt une lourde peine de prison.
Des milliers de sympathisants de Jair Bolsonaro sont descendus dans les rues de plusieurs villes du Brésil, après l’annonce de sanctions américaines contre le juge chargé du procès de l’ex-président d’extrême droite, dimanche 3 août. La plupart des manifestants étaient vêtus en vert et jaune, les couleurs du Brésil, et certains brandissaient des drapeaux des Etats-Unis ou des pancartes avec la mention « Merci Trump ».
Jair Bolsonaro, 70 ans, qui réside dans la capitale brésilienne, n’a pas pu prendre part à cette manifestation. Visé par une enquête pour obstruction présumée de son procès pour tentative de coup d’Etat, il est contraint de porter un bracelet électronique, de rester chez lui soir et week-end, et il lui est interdit d’utiliser les réseaux sociaux.
Accusé d’avoir conspiré pour se maintenir au pouvoir malgré sa défaite électorale face au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva en 2022, il encourt une lourde peine de prison lors du procès qui devrait être bouclé dans les prochaines semaines.
« Il ne peut pas parler, mais nous pouvons parler à sa place », a scandé le député Marco Feliciano, haranguant les manifestants massés sur l’Avenue Paulista, artère emblématique de Sao Paulo, où a eu lieu la principale manifestation, qui a rassemblé plus de 37 000 personnes selon les estimations d’un groupe de recherche de l’Université de Sao Paulo (USP). C’est trois fois plus que lors de la dernière manifestation sur la même avenue en présence de l’ex-président, fin juin.
Un membre de son entourage a envoyé, dimanche, à l’agence France-Presse une vidéo de M. Bolsonaro, en bermuda et maillot de l’équipe brésilienne de football, regardant sur son téléphone des images des manifestations.
Surtaxe douanière américaine de 50 % sur certains produits brésiliens
Mercredi, le département américain du Trésor a infligé des sanctions financières au juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, en charge de ce procès et également honni par les bolsonaristes pour son combat contre la désinformation qu’ils assimilent à de la « censure ». Le même jour, Donald Trump a invoqué une « chasse aux sorcières » contre son allié d’extrême droite pour justifier une surtaxe douanière de 50 % sur certains produits brésiliens exportés vers les Etats-Unis, une mesure qui doit entrer en vigueur le 6 août.
Sur la plage de Copacabana, où a eu lieu la manifestation à Rio de Janeiro, le sénateur Flavio Bolsonaro, fils aîné de l’ex-président, s’est félicité des sanctions infligées au juge Moraes : « la plus grande démocratie du monde l’a désigné comme un violateur des droits humains ».
Dimanche, Lula a évoqué la surtaxe punitive sur les produits brésiliens exportés vers les Etats-Unis lors d’un événement du parti des travailleurs, sa formation politique, à Brasilia. « Nous voulons négocier (…), nous ne voulons pas nous battre. Mais qu’ils ne pensent pas qu’on a peur », a déclaré le président de la première économie d’Amérique latine. « Nous voulons négocier à conditions égales, nous voulons être respectés à notre juste valeur », a-t-il insisté.
[Source: Le Monde]