Le surfeur français Kauli Vaast retrouve Teahupoo en compétition, un an après son sacre olympique
Le champion de Paris 2024, qui évolue toujours en deuxième division, espère renouer, jeudi, avec la victoire à l’occasion du Tahiti Pro, où se réunit l’élite mondiale de la discipline.

Un an après avoir gravé son nom dans l’écume des Jeux olympiques, Kauli Vaast retrouve la vague de Teahupoo, jeudi 7 août, à partir de 7 heures (19 heures à Paris) à l’occasion du Tahiti Pro, une étape du circuit du championnat du monde de surf. Le Français de 23 ans a bénéficié d’une invitation de la World Surf League (WSL), chargée de l’organisation des compétitions professionnelles de la discipline.
Tout champion olympique qu’il est, Kauli Vaast évolue depuis cinq saisons en Challengers Series, la deuxième division mondiale. Or, à Teahupoo, il va affronter des athlètes évoluant au sein de l’élite, le Championship Tour. Malgré ce statut, il fera partie des favoris. « C’est le meilleur sur cette vague. Il vise la victoire. Il ne serait pas content d’un autre résultat », explique au Monde son entraîneur, Joan Duru. Et pour cause, Kauli Vaast la connaît parfaitement, lui qui a grandi à Vairao, à 8 kilomètres de cette lame mythique, qui hypnotise autant qu’elle terrifie.
A force d’innombrables sessions face à son mur d’eau, il a appris à en lire chaque frisson, chaque souffle. Comme un langage secret. Chaque année, sur cette scène dantesque, le gotha du surf vient défier cette force brute du Pacifique.« [Teahupoo] est très dangereuse, reconnaît son coach, qui, lui, a fini 5ᵉ des JO de Paris 2024. Il faut y passer beaucoup de temps pour l’apprivoiser et ne pas se blesser. »
La vague tahitienne, épaisse, imprévisible, qui explose à fleur de corail dans un grondement sourd, ne pardonne aucune approximation. Dans cette arène liquide, la technique ne suffit pas sans courage.
« Nuage » olympique
Ce retour à Teahupoo sera l’occasion, pour Kauli Vaast, déjà finaliste du Tahiti Pro en 2022, de reprendre confiance. Après son titre olympique, le triple champion d’Europe de surf junior (2017, 2019 et 2020) a traversé six mois en demi-teinte, entre obligations médiatiques et performances en retrait. « Je dois dire que ce n’est vraiment pas facile de redescendre de ce petit nuage », expliquait-il, en juin, auprès de la Fédération française de surf.
Mais, depuis le début de 2025, Kauli Vaast a effectué un changement de cap, recentrant son énergie sur la compétition. « Je n’ai pas l’impression d’être face à un champion olympique. Il s’est remis à fond comme s’il venait de commencer le surf, explique Joan Duru. Beaucoup de champions olympiques ont du mal à rebondir. Les Jeux étaient un grand objectif de carrière, mais il veut désormais devenir champion du monde. »
Au mois de juin, le goofy (se dit d’un surfeur dont le pied droit est posé à l’avant de la planche), « très fort dans les tubes », s’est classé deuxième d’une étape à Newcastle (Australie), défait par le local Jacob Willcox, en tête de la Coupe du monde des Challengers. Kauli Vaast occupe la 12e place de ce classement après trois épreuves disputées sur un total de sept. Pour accéder à la première division, il doit terminer la saison dans les dix premiers du général – le règlement ne prend en compte que les cinq meilleurs résultats de chaque athlète.
Aucun point distribué
« Il lui faudrait deux très bonnes performances pour intégrer l’élite, observe Mathieu Carpentier, conseiller technique des jeunes au sein de l’équipe de France. Le niveau est exceptionnel et Kauli doit être plus régulier. » S’il termine au-delà de la 20ᵉ place, il sera relégué à l’échelon inférieur. Cette saison, seul un Français, Marco Mignot, évolue en Championship Tour. Ce dernier est aussi du déplacement en Polynésie française. Chez les femmes, Vahine Fierro, vainqueure du Tahiti Pro en 2024, sera la meilleure chance tricolore.
S’il « effraie déjà ses adversaires », selon Mathieu Carpentier, Kauli Vaast, aligné dans la série du Japonais Kanoa Igarashi (3ᵉ mondial), n’y marquera pourtant aucun point au classement général en raison de son statut d’invité – la prochaine étape des Challengers aura lieu à la fin du mois de septembre, à Ericeira (Portugal).
Sur le récif de Teahupoo, le Brésilien Yago Dora, leader de la Coupe du monde, sera l’un des surfeurs les plus attendus. En 2024, il avait été éliminé en quarts de finale face au futur vainqueur, Italo Ferreira. Mais, « dans de bonnes conditions, Kauli Vaast met tout le monde à l’amende », assure, optimiste, Mathieu Carpentier. Sur ce récif qu’il connaît mieux que personne, le Français joue bien plus qu’un coup d’éclat : il doit rallumer la flamme d’un rêve olympique et prouver qu’il appartient à l’élite.
[Source: Le Monde]