L’acétamipride banni des cultures, libre dans les rayons
Bien que la loi Duplomb ne l'ait pas remis dans les champs, l'acétamipride continue de se faufiler dans nos placards à produits ménagers. Dans les rayons des jardineries ou magasins de bricolage, ce neurotoxique controversé reste en libre-service. Plusieurs ONG, scientifiques et élus dénoncent une réglementation à double vitesse, incohérente et dangereuse pour la santé publique.

Une vidéo virale du syndicat FNSEA 82 met en scène une fillette de huit ans achetant sans entrave un insecticide contenant de l’acétamipride. Une démonstration orchestrée par un lobby agricole pour réclamer l’accès au produit pour les professionnels. Mais cette indignation instrumentalisée cache un non-sens : pourquoi laisser les particuliers manipuler un produit jugé trop risqué pour l’agriculture intensive ?
Le problème tient à la séparation réglementaire entre phytosanitaires agricoles et biocides domestiques. Plus de 200 produits vendus au grand public contiennent toujours ce néonicotinoïde, selon l’Anses. On le retrouve chez Kapo, Protect Expert ou Acto. Reporterre précise qu’il ne figure pas, contrairement à certaines affirmations ministérielles, dans les antiparasitaires pour animaux. En parallèle, des scientifiques comme Philippe Grandcolas (CNRS) alertent : « Qu’un tel produit avec de telles présomptions d’influences négatives sur les humains […] puisse être utilisé à l’intérieur d’un habitat domestique, même en doses très faibles », est un « scandale ».
L’ONG Générations futures a saisi le tribunal administratif de Melun contre l’insecticide antitermites Technivert, et envisage un recours auprès de la justice européenne après le refus de la Commission de retirer l’approbation du produit. Pendant ce temps, des élus comme Delphine Batho s’agacent d’un système permissif, où le principe de précaution semble relégué derrière celui de convenance commerciale.
[Source: France-Soir]