Madagascar: qui est Michael Randrianirina, le colonel chargé de reprendre le pouvoir sur la Grande île?
Le colonel Michael Randrianirina, 51 ans, est présenté comme l'homme fort du nouveau régime. La Haute Cour constitutionnel lui a demandé ce mardi 14 octobre de devenir le nouveau chef de l'État. Cet officier a longtemps été une voix critique de la présidence d'Andry Rajoelina.

Après la fuite du président Andry Rajoelina, l'unité militaire CAPSAT ralliée à la contestation a affirmé ce mardi 14 octobre "prendre le pouvoir" après la destitution du président par l'Assemblée nationale. "On va prendre le pouvoir à partir d'aujourd'hui et on dissout le Sénat et la Haute cour constitutionnelle. L'Assemblée nationale, on la laisse continuer à travailler", a indiqué devant le palais présidentiel, dans le centre de la capitale malgache, le colonel Michael Randrianirina.
Mais qui est cet homme qui semble être le nouvel homme fort de la Grande île? Sa carrière a longtemps été proche du pouvoir civil malgache. Il a été le chef du CAPSAT (Corps d'appui à la protection des institutions), une unité d'élite de l'armée. Il est originaire de la région d'Androy dans le sud de la Grande île. Il a dirigé plusieurs unités. Il a commandé entre autres le bataillon d'infanterie de Tulear, dans le sud-ouest de Madagascar.
Proche de Hery Rajaonarimampianina, président de la république de 2014 à 2018, il a également été un temps le chef de la région d'Androy, dans le sud du pays.
Placé en résidence surveillée
Ces dernières années, il s'était fait connaître pour ses positions critiques envers la présidence d'Andry Rajoelina. En 2023, ainsi, il est placé en résidence surveillée pour "atteinte à la sureté de l'État". Il sera en fait placé dans un hôpital militaire.
Il est condamné à un an de prison de sursis. Libéré en février 2024, il reprend ensuite sa place au sein de l'armée avec un statut d'officier mais sans commandement.
Le colonel Michael Randrianirina affirme ne pas avoir mené de coup d’État mais "restaurer l’ordre et répondre aux aspirations du peuple". Il fait partie des visages de la mutinerie mais il a eu tendance ces derniers jours à minimiser à son rôle dans le coup d'État. "L’armée a répondu à l’appel incessant du peuple malagasy à l’endroit de l’armée. Le pouvoir appartient au peuple, pas à moi", a-t-il martelé.
"Nous formerons un gouvernement et parviendrons à un consensus", a-t-il ajouté à des journalistes, dont celui de la BBC. Il a également assuré la tenue d'élections dans les "18 mois à deux ans à venir". "Le mouvement est né dans la rue, nous devons donc respecter leurs revendications".
Un triumvirat à Madagascar ?
De fait, le nouveau régime s'organise autour de trois hommes, le colonel Michael Randrianirina, le général Démosthène Pikulas et le général Nonos Mbina Mamelison.
Démosthène Pikulas est le nouveau chef d'état major des armées, le patron de l'armée malgache. Il a été à la pointe de l’insurrection. Il est originaire du sud du pays comme le colonel Randrianirina. Le général Nonos Mbina Mamelison a été nommé le 12 octobre dernier, patron de la gendarmerie malgache. Des affrontements ont eu lieu entre l'armée et la gendarmerie durant les dernières journées de la présidence Andry Rajoelina. Son objectif est de remettre de l'ordre dans les relations entre les différentes unités.
Le colonel Randrianirina a confirmé son intention de nommer un nouveau Premier ministre, qui sera chargé de former un gouvernement civil. Il a par ailleurs annoncé la tenue d’élections dans un délai de 18 à 24 mois maximum.
[Source: TV5Monde]