Après la tempête Kalmaegi, un super-typhon s’approche des Philippines où près d’un million de personnes ont été évacuées
L’arrivée imminente de Fung-wong, dont le diamètre couvre la quasi-intégralité du pays, fait craindre des inondations et de nouveaux drames. Les secours peinent déjà à intervenir dans certaines zones après la tempête précédente qui a fait plus de 200 morts.
Les Philippines s’apprêtent à vivre un nouveau coup dur. La tempête Fung-wong s’est transformée, dimanche 9 novembre, en « super-typhon » à l’approche du pays, battu par les pluies et le vent, moins d’une semaine après avoir été déjà dévasté par le typhon Kalmaegi.
Fung-wong, dont le diamètre couvre la quasi-intégralité du pays, progresse vers l’ouest en soufflant des vents de 185 km/h, voire 230 km/h en pointe. Il doit toucher terre localement dimanche soir ou lundi matin, selon le service météorologique national.
Plus de 915 000 personnes ont été évacuées de villages à haut risque dans les provinces du nord-est, notamment à Bicol, une région côtière vulnérable aux cyclones du Pacifique et aux coulées de boue provenant du Mayon, l’un des volcans les plus actifs du pays.
« Les vagues ont commencé à gronder vers 7 heures [minuit, heure de Paris]. Quand elles ont frappé le brise-lames, on aurait dit que le sol tremblait », a témoigné auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Edson Casarino, un habitant de l’île de Catanduanes, dans cette région. La petite île risque d’être frappée « directement » par Fung-wong, a prévenu le service météorologique. Samedi, des habitants rivaient leurs maisons au sol avec des cordes, dans l’espoir qu’elles résistent aux rafales.
Les autorités des provinces du nord ont annoncé par précaution la fermeture des écoles et de la plupart des administrations pour lundi et mardi. Au moins 325 vols intérieurs et des dizaines de vols internationaux ont été annulés durant le week-end et jusqu’à lundi, et plus de 6 600 personnes, travaillant sur place et ayant besoin de retourner chez elles, se sont retrouvées bloqués dans plus d’une centaine de ports où les garde-côtes ont interdit aux navires de s’aventurer en mer agitée.
Plus au sud, sur l’île de Mindanao, des inondations provoquées par fortes pluies liées à l’arrivée de Fung-wong ont perturbé samedi le trafic et conduit à l’évacuation préventive d’habitants. A Sorsogon, dans le sud de l’île principale de Luçon, certains ont trouvé refuge dans une église dès samedi, a constaté une équipe de l’Agence France-Presse (AFP).
Dans la province côtière d’Aurora, au nord-est de Manille, les secouristes font dimanche du porte-à-porte pour appeler les habitants à se déplacer vers les hauteurs, selon des témoins.
Risque de débordements
Fung-wong devrait déverser « des précipitations de 200 millimètres ou plus, qui peuvent provoquer des inondations étendues, et pas seulement dans les zones de basse altitude », avait expliqué en conférence de presse Benison Estareja, un météorologue du gouvernement. « Il est aussi possible que nos plus importants bassins-versants débordent », avait-il alerté.
Ce super-typhon balaiera l’archipel d’Asie du Sud-Est seulement quelques jours après Kalmaegi, responsable d’au moins 204 morts et 109 disparus d’après les derniers chiffres du gouvernement. Il s’agit du typhon le plus meurtrier de l’année, selon la base de données spécialisée EM-DAT. La province de Cebu (centre) recense près de 70 % des victimes, et les opérations de secours y ont été suspendues en raison de l’arrivée de Fung-wong.
« Nous ne pouvons pas mettre en danger nos secouristes. Nous ne voulons pas qu’ils soient les prochaines victimes », a déclaré à l’AFP Myrra Daven, une responsable des secours de la région.
Tous les ans, une vingtaine de tempêtes ou de typhons atteignent les Philippines ou s’en approchent, les régions les plus pauvres étant généralement les plus gravement affectées.
Selon les scientifiques, le réchauffement climatique généré par l’activité humaine rend les phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, plus meurtriers et plus destructeurs.
[Source: Le Monde]