Donald Trump estime que le Hamas « veut un cessez-le-feu », lors d’une rencontre avec Benyamin Nétanyahou à Washington

En visite à Washington lundi pour évoquer la libération des otages retenus par le Hamas et une trêve à Gaza, le premier ministre israélien a dit avoir présenté le président américain pour le Nobel de la paix.

Juil 8, 2025 - 06:47
Donald Trump estime que le Hamas « veut un cessez-le-feu », lors d’une rencontre avec Benyamin Nétanyahou à Washington
Le président américain, Donald Trump, et le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou,lors d’un dîner officiel à la Maison Blanche, à Washington, le 7 juillet 2025. ALEX BRANDON / AP

Donald Trump, qui se dit déterminé à mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza, plongée dans une situation humanitaire critique et ravagée par vingt et un mois de guerre, a reçu Benyamin Nétanyahou à dîner à la Maison Blanche lundi 7 juillet dans la soirée. Le premier ministre israélien a dit avoir présenté le président américain pour le prix Nobel de la paix.

La troisième visite à Washington du chef du gouvernement israélien depuis le retour au pouvoir du républicain intervient à un moment crucial, le président américain espérant profiter de l’élan donné par la récente trêve entre Israël et l’Iran après une guerre de douze jours.

« Je ne pense pas qu’il y ait de blocage. Je pense que les choses se passent très bien », a déclaré M. Trump aux journalistes au début du dîner, lorsqu’on lui a demandé ce qui empêchait la conclusion d’un accord de paix. Assis face au chef du gouvernement israélien autour d’une grande table, le président américain s’est dit convaincu que le Hamas était prêt à accepter un cessez-le-feu à Gaza. « Ils veulent une rencontre et ils veulent ce cessez-le-feu », a-t-il dit. La rencontre lundi intervient en pleins pourparlers indirects entre Israël et le Hamas.

Le chef du gouvernement israélien a, lui, annoncé avoir présenté la nomination du président américain pour le prix Nobel de la paix, en lui remettant la lettre qu’il a envoyée au comité Nobel. « A l’heure où nous parlons, il rétablit la paix dans un pays [après l’autre], dans une région après l’autre », a loué M. Nétanyahou.

Mettre fin à la guerre

Auparavant, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait fait savoir, lors d’une conférence de presse, que « la priorité absolue du président au Moyen-Orient est de mettre fin à la guerre à Gaza et le retour de tous les otages ».

L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, doit se rendre dans la semaine à Doha, au Qatar, où se tiennent des discussions indirectes entre Israël et le Hamas, en vue d’un accord de cessez-le-feu et de la libération d’otages et de prisonniers, a-t-elle précisé. Donald Trump a estimé, dimanche, qu’il existait « de bonnes chances » de parvenir à un accord. « Nous avons déjà fait sortir beaucoup d’otages, mais en ce qui concerne ceux qui restent, un bon nombre va sortir. Nous pensons y parvenir cette semaine », a déclaré le président américain à des journalistes.

Avant de s’envoler pour les Etats-Unis, M. Nétanyahou s’est montré confiant sur le fait que sa rencontre avec M. Trump pouvait « contribuer à faire avancer ce résultat que nous espérons tous ». Le premier ministre israélien a une « mission importante » à Washington, a déclaré le président de l’Etat hébreu, Isaac Herzog, après l’avoir rencontré dimanche matin : « Faire avancer un accord pour ramener tous nos otages à la maison. »

Sur les 251 personnes enlevées lors de l’attaque du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 22 sont toujours vivantes selon l’armée israélienne.

Les conditions du Hamas sont « inacceptables », selon Nétanyahou

Benyamin Nétanyahou a affirmé avoir donné à ses négociateurs présents au Qatar des « instructions claires » : parvenir à un accord « aux conditions que nous avons acceptées ». Samedi, le dirigeant israélien a jugé « inacceptables » les « changements que le Hamas cherche à apporter à la proposition », transmise par les médiateurs qataris et égyptiens.

Selon des sources palestiniennes proches des discussions, elle comprend une trêve de soixante jours, durant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël. Les changements réclamés par le mouvement islamiste, d’après ces sources, portent sur les modalités du retrait des troupes israéliennes de Gaza, des garanties qu’il souhaite obtenir sur l’arrêt des hostilités après les soixante jours, et sur une reprise en main de la distribution de l’aide humanitaire par l’ONU et des organisations internationales reconnues.

Des dizaines de personnes, dont des parents d’otages détenus à Gaza, se sont rassemblées lundi soir devant l’antenne de Tel-Aviv de l’ambassade des Etats-Unis en Israël pour demander à M. Trump de parvenir à un cessez-le-feu. Les manifestants ont brandi des affiches portant des photos d’otages et une grande pancarte sur laquelle on pouvait lire « Président Trump, faites l’histoire, ramenez-les tous à la maison, mettez fin à la guerre ».

Une première trêve d’une semaine, en novembre 2023, puis une deuxième de deux mois, au début de 2025, ont permis le retour de nombreux otages en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël. Mais le 18 mars, faute d’accord sur la suite du cessez-le-feu, Israël a repris son offensive dans la bande de Gaza, où le Hamas, considéré comme un mouvement terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël, a pris le pouvoir en 2007.

Dans l’enclave, dont les 2 millions d’habitants vivent dans des conditions terribles selon les Nations unies et les ONG, 26 Palestiniens ont été tués, dimanche, par les bombardements israéliens, selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile du territoire.

Vendredi, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a recensé au moins 613 personnes tuées lors de distributions d’aide à Gaza entre le 26 mai et le 27 juin, dont 509 près des seuls centres de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), une organisation controversée soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L’attaque du 7-Octobre a fait 1 219 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse réalisé à partir de données officielles. Au moins 57 418 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans les représailles israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la santé gazaoui, jugées fiables par l’ONU.

[Source: Le Monde]