Léon Marchand, désormais septuple champion du monde, aspire à « sortir de sa zone de confort » pour durer

Déjà sacré sur 200 m quatre nages, le Français a remporté la finale du 400 m quatre nages, dimanche, aux Mondiaux de natation de Singapour. Toujours aussi conquérant, il veut continuer à explorer de nouvelles pistes, quitte à se rater.

Août 4, 2025 - 06:54
Léon Marchand, désormais septuple champion du monde, aspire à « sortir de sa zone de confort » pour durer
Le nageur français Léon Marchand, après son titre sur 400 m quatre nages aux Mondiaux de Singapour, le 3 août 2025. EDGAR SU/REUTERS

Le règne du « roi Léon » avait débuté à Paris, en juillet 2024, son an II a vu le jour à Singapour. Un an après ses quatre médailles d’or glanées aux Jeux olympiques, Léon Marchand a remporté son deuxième titre planétaire de la semaine lors du dernier jour des championnats du monde de natation dans la cité-Etat asiatique, dimanche 3 août, en dominant la finale du 400 m quatre nages. A 23 ans, voilà le Français septuple champion du monde en individuel et en grand bassin, en seulement trois éditions des Mondiaux.

La journée n’avait pourtant pas démarré sans remous, loin de là. Dans la matinée, lors des séries qualificatives, Léon Marchand, « un peu dans le dur », avait terminé septième, avant-dernier à obtenir sa qualification. S’il avait bien dormi, les jambes étaient lourdes, le corps encore raide. C’est l’une des leçons de ces Mondiaux de Singapour : une bonne partie des nageurs tricolores ne sont vraiment pas du matin.

Le soir, quand ont lieu les finales et que le public français est enfin réveillé et installé devant son téléviseur, tout rentre dans l’ordre. Exilé dans sa ligne d’eau numéro 1, Léon Marchand a fait sa course sans se préoccuper des autres et a survolé la finale en 4 min 4 s 73, loin devant le Japonais Tomoyuki Matsushita (deuxième, 4 min 8 s 32) et le Russe Ilia Borodin (troisième, 4 min 9 s 16). Son record du monde était inaccessible, dimanche, mais le Toulousain a battu, mercredi 30 juillet, celui du 200 m quatre nages. Son objectif, largement suffisant pour faire de ses Mondiaux une réussite.

A Singapour, Léon Marchand a constaté que sa nouvelle notoriété – qu’il a dû apprivoiser ces derniers mois – dépasse largement les frontières de l’Hexagone. De son entrée en lice à sa dernière course, il fut le nageur le plus acclamé par le public de la piscine olympique – à l’exception des athlètes singapouriens et chinois. S’il s’était concocté un programme allégé, délesté de deux courses dont il est champion olympique (200 m papillon, 200 m brasse), il a rempli sa mission en remportant ses deux finales en individuel. Il y a pire, pour une année de transition post-Jeux, avec une préparation tronquée.

« Il faut le préserver de toute lassitude »

Depuis sa participation sous forme d’apprentissage aux JO de Tokyo 2021, à 19 ans, Léon Marchand ne s’est jamais raté. D’autres stars de la natation mondiale ont, récemment, goûté à l’échec, du Roumain David Popovici aux Mondiaux de Fukuoka (Japon) en 2023 au Chinois Pan Zhanle à Singapour. Mais pas le Toulousain. D’une compétition à l’autre, les objectifs sont remplis.

A la veille du début des Mondiaux, Léon Marchand avait pourtant tenu des propos équivoques. « J’ai l’impression que depuis les Jeux, j’ai de plus en plus envie de me planter », avançait-il. Compétiteur, le Français ne perdra jamais intentionnellement ses courses, mais il est persuadé qu’il ne dominera pas son sport bien longtemps s’il ne s’aventure pas dans des contrées inexplorées – par lui. « Je n’ai pas grand-chose à prouver mais j’ai envie de tester plein de choses, de prendre part à l’échec pleinement », poursuivait Léon Marchand.

Cette perspective n’effraie pas Denis Auguin, directeur technique national de la Fédération française de natation, dont l’objectif est que Léon Marchand redevienne champion olympique après un premier titre, ce qu’aucun nageur tricolore n’a jamais réussi : « L’idée, c’est de faire en sorte qu’il dure et qu’il soit heureux dans ce qu’il fait. Tant qu’il sera épanoui et que ce qu’il fait l’amuse, tout ira bien. Il faut le préserver de toute lassitude. »

Le crawl comme axe de travail

Déjà, le héros des Jeux de Paris a fait un premier pas en ce sens avec son voyage de trois mois en Australie, en début d’année, autant pour découvrir le pays que pour s’y entraîner avec Dean Boxall, coach spécialiste du crawl, sa nage la moins aboutie. Après son retour chez lui, à Austin (Texas), en avril, Léon Marchand s’est ainsi jaugé sur des courses qu’il maîtrise moins, comme le 400 m nage libre.

Lors de ces meetings américains moins médiatisés que des JO ou des Mondiaux, le Français « s’est bien planté », de son propre aveu. « Et ça me plaît », poursuit-il. « J’ai besoin de sortir de ma zone de confort, de faire des choses que je n’ai jamais faites auparavant pour progresser », confiait-il à plusieurs médias, dont Le Monde, lors d’une visioconférence de presse, mi-avril.

Ses entraîneurs, le Français Nicolas Castel et l’Américain Bob Bowman, ne peuvent que s’incliner face à la volonté du jeune homme. « Il a une forme d’intuition. Lorsqu’il sent les choses, il y va à fond. Lorsqu’il ne les sent pas, il ne les fait pas », affirme le premier, coach de Léon Marchand depuis ses 7 ans, qui l’a vu s’affirmer plus que jamais depuis ses quatre titres olympiques.

Dans les prochains mois, Léon Marchand pourrait donc s’aligner plus régulièrement sur ces courses. Sans pour autant mettre de côté ses ambitions de médailles d’or, lors des deux prochaines grandes échéances auxquelles il pense déjà : les championnats d’Europe à Paris à l’été 2026, puis les Jeux olympiques de Los Angeles, en 2028. Mais en toute modestie et avec l’envie irrépressible de continuer à se découvrir comme nageur et comme jeune homme, il l’affirme : « J’ai encore beaucoup à faire dans le monde de la natation. »

[Source: Le Monde]