En vacances, on s’était promis de faire du sport : « J’ai pris un peu de poids cet été, mais c’est parce que je me suis musclé »

« Les fausses résolutions de l’été » . Tous les ans, avant de partir en vacances, on fait des promesses… que l’on ne tiendra pas. Comme pratiquer une activité physique autre que le lever de coude.

Août 9, 2025 - 17:32
En vacances, on s’était promis de faire du sport : « J’ai pris un peu de poids cet été, mais c’est parce que je me suis musclé »
MARTIN GROCH POUR M LE MAGAZINE DU MONDE

Cet été, on se met aux palmes ! La promesse de belles fesses et de belles cuisses. Dans un fauteuil, on avait même regardé des tutos pour s’entraîner. On nagerait une heure le matin. On se lèverait tôt, évidemment, puisqu’on se coucherait tôt. On ne picolerait pas comme l’été dernier, en tout cas pas tous les jours, en tout cas pas le midi. On siroterait d’ailleurs des trucs sans alcool avec des feuilles de menthe et des rondelles de citron, et même de concombre. Et on mangerait des salades.

Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’on se retrouve à barboter juste un quart d’heure avec de l’eau jusqu’à la taille ? D’abord, on avait oublié qu’il fait chaud en été. « Evitez de faire du sport aux heures les plus chaudes, quand le soleil est à son zénith, entre midi et 18 heures », écrit le ministère des sports sur son site. Pile au moment où on est disponible, après la grasse mat’ et le marché. « Ça tape trop là ! »

Plutôt que de reculer seul, on entraîne les autres avec nous : « Avec cette chaleur, c’est dangereux le sport. Il aurait fallu se lever tôt. » On ne s’est pas levé tôt parce qu’au lieu de se remettre au sport on s’est remis à l’apéro. Finalement, on préfère regarder les exploits de Léon Marchand dont les compétitions à Singapour tombent dans le deuxième créneau qu’on s’était réservé pour la séquence palme. Au moins, quelqu’un fait du sport.

Encore au lit

On s’était imaginé qu’on allait s’inscrire quelque part, histoire de se discipliner (à noter qu’on ne décide jamais de « se mettre » mais toujours de « se remettre » au sport, comme s’il fallait entretenir la fiction du sportif en pause ponctuelle). Mais le stage de paddle, zut, ça commence les lundis. Les cours de tennis sont complets, les locations de kayak hors de prix. Le yoga sur la plage était gratuit, mais on était encore au lit.

Aux Jeux olympiques des bonnes intentions, il y a aussi ces sports que l’on a failli pratiquer mais pour lesquels il manque toujours un équipement. On voulait emporter les vélos mais les espaces du train étaient déjà réservés. Et pour les baskets, on a oublié les chaussettes. C’est pas grave, tout ça servira à dessiner le programme des vacances de l’an prochain. Et puis, on pense à tout ce qui nous a manqué pour s’y mettre, mais jamais à ce qu’on a apporté et qui n’a pas servi. Les élastiques pour les séances de gym qui devaient suivre les longueurs avec palmes. Les ballons gonflables avec lesquels on était supposé se concocter une petite balnéothérapie maison.

Consolation ? Les applis de running, fitness ou méditation témoignent des mêmes résolutions jamais tenues. Une étude menée en 2018 par trois chercheurs de Stanford (« I’ll Be Back : On the Multiple Lives of Users of a Mobile Activity Tracking Application ») montre que les utilisateurs de ces applis reviennent l’été après une longue pause, portés par l’illusion d’un nouveau départ… avant de laisser tomber. En été, l’agenda se libère, mais la routine se détricote. Entre trajets, allers-retours à la gare, repas à horaires décalés, enfants à gérer et soirées sans fin, on se dit qu’on aura le temps, mais le cadre nécessaire à la constance sportive s’effondre.

« Fresh start effect »

Bref, l’été est un lundi qui dure deux mois : tout semble encore possible avant d’attaquer la semaine. Et, très franchement, les attentes étaient un peu excessives. Même à un rythme intensif, une semaine de randonnée l’été, c’est 1,9 % du temps annuel pour rattraper 98,1 % de l’année (et encore, en comptant le premier jour où on s’est installé et le dernier dans les transports après avoir bouclé les sacs).

On misait pourtant sur ces congés à cause du fresh start effect, ce phénomène étudié par la chercheuse comportementaliste et professeure à Wharton, en Pennsylvanie, Katherine Milkman, qui consiste à croire que, dans un nouveau lieu, à partir d’une nouvelle date, une ardoise magique va nous permettre de devenir une nouvelle personne. Arrivé au milieu de l’été, on trouve toujours une consolation et une solution : « J’ai pris un peu de poids cet été, mais c’est parce que je me suis musclé. » En septembre, on s’inscrira à la salle.

[Source: Le Monde]