L’ouragan Melissa a provoqué des « dégâts considérables » à Cuba, a annoncé le président, au moins dix morts en Haïti

En Haïti, où les autorités ont ordonné la fermeture des écoles, des commerces et des administrations mercredi, au moins dix personnes sont mortes dans des inondations provoquées par l’ouragan, rétrogradé en catégorie 3 dans la matinée. Trois personnes y avaient déjà perdu la vie avant que l’ouragan ne touche terre, ainsi que trois autres en Jamaïque et une en République dominicaine.

Oct 29, 2025 - 17:27
L’ouragan Melissa a provoqué des « dégâts considérables » à Cuba, a annoncé le président, au moins dix morts en Haïti
Ouragan Melissa - NOAA.

Le puissant ouragan Melissa, qui a touché Cuba tôt mercredi 29 octobre après avoir durement frappé la Jamaïque, a été rétrogradé en catégorie 3, a annoncé le Centre national américain des ouragans (NHC). La tempête évolue depuis quelques jours entre les catégories 3 et 5, la plus élevée sur l’échelle de Saffir-Simpson, avec des vents dépassant encore mercredi 200 kilomètres à l’heure (km/h).

Cuba a subi des « dégâts considérables » a affirmé Miguel Diaz-Canel, président de l’île où plus de 700 000 personnes ont été déplacées. « La nuit a été très complexe », a déclaré le chef de l’Etat sur son compte X, sans fournir plus de précisions concernant les dommages, mais en demandant aux Cubains « de rester bien à l’abri » en raison de l’ouragan toujours présent avec des vents très violents.

Les habitants de Cuba fuient les côtes à l’approche de l’ouragan. Les autorités locales ont déclaré « l’état d’alerte »dans six provinces de l’est du pays et les habitants tentent de stocker vivres, bougies et piles depuis lundi. Les autorités cubaines ont rapporté qu’environ 735 000 personnes avaient été évacuées, en particulier dans les provinces de Santiago de Cuba, Holguin et Guantanamo. A El Cobre, une ville de Santiago de Cuba, la protection civile tentait de secourir 17 personnes bloquées après la crue d’une rivière et un glissement de terrain, selon le journal d’Etat Granma.

Les rues de Santiago de Cuba, dans l’est de l’île, sont inondées, jonchées de débris divers, des arbres sont à terre comme des poteaux électriques, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) sur place. L’équipe de l’AFP ne peut encore sortir de l’hôtel de la ville où elle se trouve – où des vitres se sont brisées et des plafonds se sont écroulés –, en raison de la force des vents et des nombreux débris qui tourbillonnent, mais elle a pu constater que de nombreuses maisons alentour sont inondées en raison de l’intensité des pluies accompagnant l’ouragan.

La tempête évolue entre les catégories 3 et 5, la plus élevée sur l’échelle de Saffir-Simpson, avec des vents dépassant encore mercredi les 200 km/h, selon le Centre national des ouragans américain (NHC). « L’ouragan Melissa, extrêmement dangereux, touche la côte sud-est de Cuba », a annoncé le NHC. Il doit ensuite atteindre les Bahamas et les environs des Bermudes.

En Haïti, à l’est de Cuba, où les autorités avaient ordonné la fermeture des écoles, des commerces et des administrations mercredi, au moins dix personnes sont mortes dans des inondations, ont fait savoir, mercredi, à l’AFP des autorités locales. La rivière La Digue, dans la localité côtière de Petit-Goâve (Sud), a débordé et emporté plusieurs personnes selon le maire de la ville et le directeur général d’un hôpital local, précisant que plus d’une dizaine de cadavres avaient été retrouvés et que les recherches se poursuivaient pour retrouver des disparus. Trois personnes avaient déjà perdu la vie en Haïti, lundi, avant que l’ouragan ne touche terre, ainsi que trois en Jamaïque et une en République dominicaine.

Clôtures et toits arrachés

Melissa a frappé mardi de plein fouet l’ouest de la Jamaïque alors qu’il se trouvait en catégorie 5. Ses vents soutenus soufflaient alors à près de 300 km/h. Il s’agit du pire ouragan ayant touché la Jamaïque depuis le début des relevés météorologiques.

Le premier ministre jamaïcain, Andrew Holmes, a déclaré que l’île était une « zone sinistrée ». Selon Desmond McKenzie, ministre des collectivités locales, « plus de 530 000 Jamaïcains (…) sont privés d’électricité. Des travaux sont en cours pour rétablir notre service et donner la priorité aux infrastructures essentielles, telles que les hôpitaux, les stations de pompage et les stations de traitement des eaux ».

Saint Elizabeth, paroisse située dans le sud-ouest de l’île peuplée par 150 000 personnes et « grenier à blé » de la Jamaïque, a été submergée, a expliqué Desmond McKenzie, lors d’une conférence de presse. « Les dégâts à Saint Elizabeth sont considérables (…) toute la Jamaïque a subi les effets dévastateurs de Melissa », a-t-il ajouté, précisant que plusieurs hôpitaux avaient été endommagés.

Inondations et pluies diluviennes

A Saint Catherine, au centre de la Jamaïque, la rivière Rio Cobre est sortie de son lit et les vents puissants ont arraché des clôtures et des toits, a constaté un photographe de l’Agence France-Presse. Kingston, la capitale, a été relativement épargnée, selon Mathue Tapper, un habitant de 31 ans. « J’ai l’impression que le pire est passé », a-t-il confié, disant toutefois être très inquiet pour les zones rurales.

Le Rio Cobre déborde près de Saint-Catherine, en Jamaïque, le 28 octobre 2025.

Des bourrasques extrêmement violentes ainsi que des inondations côtières sévères et des pluies diluviennes pouvant provoquer des glissements de terrain catastrophiques étaient attendues à travers le pays. Les autorités avaient appelé la population à faire preuve de vigilance vis-à-vis des crocodiles, qui, du fait des inondations, pourraient être une menace.

Dans ce type de catastrophe, « l’eau tue beaucoup plus de personnes que le vent », avait rappelé en amont le météorologue Kerry Emanuel, insistant sur le rôle joué par le changement climatique. En réchauffant les mers, ce dernier entraîne l’intensification rapide d’un plus grand nombre de tempêtes, comme ce fut le cas pour l’ouragan Melissa.

En frappant la Jamaïque mardi, Melissa a atteint le record de 1935 de l’ouragan le plus intense au moment de toucher terre, selon une analyse par l’AFP des données météorologiques de l’Agence d’observation océanique et atmosphérique américaine (NOAA). Le record est détenu depuis quatre-vingt-dix ans par l’ouragan Labor Day, qui a dévasté l’archipel des Keys, en Floride, dans le sud-est des Etats-Unis, en 1935 avec des vents approchant également 300 km/h et une pression atmosphérique minimale de 892 millibars.

[Source: Le Monde]