Île Maurice, Afrique du Sud, Gabon et Angola: le programme et les enjeux de la tournée africaine d'Emmanuel Macron

Le président français Emmanuel Macron débutera ce jeudi 20 novembre une tournée de cinq jours dans quatre pays africains. Île Maurice, Afrique du Sud, Gabon et Angola: le président français entend "impulser" de nouvelles "dynamiques" avec ces États. Il participera au sommet du G20 à Johannesburg et à un sommet Union européenne–Union africaine à Luanda.

Nov 20, 2025 - 07:23
Île Maurice, Afrique du Sud, Gabon et Angola: le programme et les enjeux de la tournée africaine d'Emmanuel Macron
Le président français débutera ce jeudi 20 novembre une tournée africaine de cinq jours. Ebrahim Noroozi/AP

Pour cette tournée africaine d'Emmanuel Macron, le mot d'ordre est aux relations redessinées, débarrassées de l'héritage de la France coloniale et de la "Françafrique". Pendant cinq jours, de ce jeudi 20 au lundi 24 novembre, le président français se rendra tour à tour sur l'île Maurice, en Afrique du Sud, au Gabon puis en Angola. Objectif: "Impulser des dynamiques et valoriser le renouvellement de notre relation avec l'Afrique", détaille l'Élysée dans un brief consulté par nos confrères de l'AFP. Jeunesse, économie... TV5MONDE détaille étape par étape le voyage du président de la République française et ses objectifs. 

  • Étape 1: Maurice, une projection stratégique vers l'océan Indien

Elle représentera la première étape d'Emmanuel Macron, du 21 au 22 novembre: Maurice, État insulaire d'un peu plus d'un million d'habitants répartis sur 2.000 kilomètres, est l'un des pays les plus riches du continent en terme de PIB par habitant. Il est aussi en pleine croissance économique avec un taux de croissance de plus de 4% en 2024. À 45 minutes en avion du département français de La Réunion, l'île se situe à l'est de Madagascar, dans l'océan indien. 

La visite du président français à Maurice est la première depuis 1993 et celle de François Mitterrand. Le partenariat entre Port Louis et Paris est ancien, mais il s'est "distendu" ces dernières années. Les entreprises françaises voient un intérêt à resserrer les liens avec l'île qui attire de nombreux touristes. 

"La France vient de subir un échec à Madagascar où le président (Andry Rajoelina) qui était proche d'Emmanuel Macron a été destitué (par des militaires, NDLR). Il y a donc un besoin de rééquilibrage" de la diplomatie française dans la région, détaillait auprès de l'AFP François Gaulme, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Le président français suivra également un exercice de coopération entre les forces armées dans la Zone-sud de l'océan Indien (FAZSOI) et les garde-côtes mauriciens, "dans un contexte de trafics de plus en plus accrus", rapporte l'AFP citant l’Élysée.

  • Étape 2: Afrique du Sud, G20 et rapprochement franco-algérien

Le 22 novembre, le président français s'envolera pour l'Afrique du Sud pour une visite bilatérale. Au programme, passage au mémorial de la lutte contre l'apartheid à Pretoria et surtout acte de présence au premier sommet du G20 organisé sur le continent, à Johannesburg. Il se déroulera du samedi 22 au dimanche 23 novembre et est marqué par l'absence des États-Unis qui boycottent l'événement. Washington reproche à Pretoria une persécution de ses fermiers blancs, sans fondement.

Lors de ce sommet, Emmanuel Macron rencontrera son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa. Il pourrait également s'entretenir avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, en guise de rapprochement après la libération de l'écrivain gracié, Boualem Sansal. "Je tiens à ce que la France soit respectée et à ce qu'elle mène un dialogue sérieux, calme et exigeant", "et donc, si ces conditions sont remplies et qu'on peut obtenir des résultats, je suis disponible évidemment à tout échange à mon niveau", a déclaré ce mardi 18 novembre le président français. 

Enfin, en parallèle, le président français se joindra au lancement d'un conseil d'affaires franco-sud africain. Une démarche identique à celle de la France et du Nigeria, où un conseil "réunit les principales entreprises françaises et nigérianes souhaitant lancer ensemble des partenariats d'investissement". 

  • Étape 3: Gabon, soutien aux nouvelles "autorités" et économie 

Le 23 novembre, Emmanuel Macron se rendra au Gabon. Il y rencontrera le général Brice Clotaire Oligui Nguema, élu président en avril 2025 après avoir occupé le poste de président de la transition. Lors de ce scrutin, les observateurs internationaux n'ont pas constaté d'irrégularité majeure. 

En 2023, Ali Bongo subissait un coup d'État et était destitué, mettant fin à 55 ans de règne de la famille Bongo. Aujourd'hui, le pays sort tout juste d'une transition politique de 19 mois et Emmanuel Macron veut "saluer le parachèvement de la transition" et "soutenir" les nouvelles "autorités" selon l'Élysée. 

Au Gabon, malgré la rente pétrolière, un tiers des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. L'économie est en difficulté mais des entreprises françaises comptent participer à sa diversification, notamment dans le domaine de l'exploitation de minerais. 

"Le nouveau président est bien plus francophile qu'Ali Bongo", a déclaré auprès de l'AFP François Gaulme, ajoutant que la situation depuis le coup d'État est désormais "normalisée du point de vue constitutionnel". 

  • Étape 4: Angola, un sommet UE-UA

Le 24 novembre, Emmanuel Macron se rendra en Angola, ultime étape de sa tournée africaine. S'y déroulera un sommet Union européenne-Union africaine. L'événement permettra de dresser le bilan du "Global Gateway". La stratégie européenne, créée par la Commission européenne et lancée en 2021, vise à "accélérer les transitions numérique, énergétique et écologique dans les pays émergents et en développement". 

En Angola, 50 millions d'euros ont par exemple été dégagés pour renforcer les principales "chaînes de valeur agricoles" du corridor de Lobito, "un projet ferroviaire et d'infrastructure de 1 300 km s'étendant du port angolais de Lobito aux régions minières de la République démocratique du Congo et de la Zambie". À l'échelle du continent, 150 milliards d'euros sont prévus pour financer des infrastructures africaines. 

[Source: TV5Monde]