Lando Norris, Max Verstappen ou Oscar Piastri, trois hommes pour un coup fin : le sacre en formule 1
A l’occasion du Grand Prix d’Abou Dhabi, dimanche, les deux pilotes McLaren et leur concurrent de l’écurie Red Bull peuvent tous trois prétendre au titre de champion du monde. Le Néerlandais pourrait bien profiter de la stratégie de McLaren pour conserver sa couronne lors de la dernière course de la saison.
Le suspense est enfin de retour sur les circuits de formule 1. Après trois saisons au cours desquelles Max Verstappen (Red Bull) aura exercé une domination sans partage, lui assurant un sacre précoce, il aura fallu attendre l’ultime Grand Prix (GP) de la saison, dimanche 7 décembre, à Abou Dhabi, pour savoir qui va décrocher le titre de champion du monde 2025. A la différence de 2021, lorsque le pilote néerlandais avait surclassé son rival Lewis Hamilton dans le dernier tour de l’ultime course, ils sont encore trois à rêver de consécration.
Leader du classement mondial, Lando Norris (McLaren) se présente sur la ligne de départ du GP émirati – dont il occupe la deuxième place – en position favorable. En effet, il dispose de 12 points d’avance sur Max Verstappen, qui a fini premier des qualifications, et 16 sur son coéquipier, l’Australien Oscar Piastri, troisième sur la grille. Le Britannique de 26 ans n’a besoin que d’un podium – qui serait son 18e de l’année – pour être certain de devancer définitivement ses adversaires et de s’adjuger une première couronne mondiale. « Mes résultats précédents m’ont permis de me mettre dans cette position, rappelait-il, dimanche 30 novembre, au sortir d’un Grand Prix du Qatar mal négocié par son équipe (il a terminé 4e). On encaisse le coup, et on verra bien ce que l’on peut faire [dimanche]. »
Ce n’est pas la première fois que le titre se décide lors d’un ultime affrontement entre plus de deux pilotes. La dernière remonte à la saison 2010. A l’aube du dernier Grand Prix – également à Abou Dhabi –, un quatuor se disputait encore la première place. Et le troisième homme, Sebastian Vettel (Red Bull), avait finalement coiffé sur le fil le leader au départ, Fernando Alonso (Ferrari), son équipier Mark Webber (Red Bull) et Lewis Hamilton (McLaren-Mercedes).
Des combinaisons multiples
Dimanche, les combinaisons sont multiples et chacun des pilotes doit surveiller le résultat des deux autres. Disposant de la marge la plus importante, Lando Norris doit d’abord se méfier du quadruple tenant du titre. Si ce dernier, vainqueur de cinq des huit derniers Grand Prix, s’imposait à nouveau, le Britannique ne devrait pas échouer hors du podium ; en cas de 2e place du Néerlandais, il pourrait « descendre » jusqu’à la 7e place, voire à la 8e dans l’hypothèse d’une 3eplace de Verstappen. Et si son coéquipier l’emportait, Norris serait sacré à condition de figurer dans les cinq premiers. Il pourrait même se contenter de la 9e place dans l’éventualité où ses deux rivaux seraient à la peine.
Max Verstappen a moins de calculs à faire. Dépendant des résultats de ses adversaires, le pilote néerlandais doit à tout prix monter sur le podium pour s’adjuger une cinquième couronne d’affilée. Et même une victoire ne lui assurerait pas le titre, les cartes demeurant par-devers Lando Norris. Quant à Oscar Piastri, le plus jeune des trois prétendants, il lui faudrait l’emporter – où, au pire, finir en 2e position – et miser sur les contreperformances de ses concurrents pour envisager de célébrer son premier titre. Le scénario le moins probable à ce stade.
Cette situation incertaine doit beaucoup à un pénultième Grand Prix – celui du Qatar – renversant, remporté, dimanche 30 novembre, par Max Verstappen. Ce dernier a tiré parti de la stratégie égalitariste de l’écurie McLaren, qui a fini par désavantager ses deux pilotes au lieu d’accorder la priorité à l’un d’entre eux. Alors que toutes les autres écuries profitaient d’une voiture de sécurité (qui fige la course après un accident) pour effectuer l’un des deux arrêts au stand obligatoires, la formation « papaye » (de la couleur de ses monoplaces) a gardé ses deux pilotes en piste.
Un épilogue similaire en 2007
« On n’a pas pris la bonne décision. Avec le recul, il est évident de savoir quelle stratégie il fallait adopter. (…) C’est évidemment dur à avaler à cet instant », a réagi Oscar Piastri, privé d’une victoire facile. « On a fait ce qu’on pensait être le mieux. On s’est rendu compte que c’était une erreur quand on a vu tous les autres rentrer, a estimé Lando Norris, hors podium à cause de cette stratégie défaillante. Ils ont fait un meilleur travail que nous. »
Depuis le début de la saison, le patron de McLaren, Zak Brown, assume la stricte mise en concurrence de ses pilotes. A ses yeux, la défaite face à Max Verstappen est préférable à un titre au rabais pour non-respect de l’équité sportive au sein de l’écurie. Longtemps distancé au classement à la suite d’un début de saison difficile, l’ogre néerlandais n’en demandait pas tant. « C’est incroyable de pouvoir me battre jusqu’au bout, a-t-il jugé à l’issue de la course au Qatar. Tout est [encore] possible ».
L’épilogue de cette saison n’est pas sans rappeler la configuration du championnat du monde 2007. A l’époque, déjà, le titre était à la portée de McLaren, dont les pilotes occupaient les deux premières places au classement avant la dernière course. Lewis Hamilton devançait Fernando Alonso de quatre points, tandis que Kimi Raïkkönen (Ferrari) était relégué à sept points. Fidèle à la stratégie qu’elle poursuit cette saison, l’écurie britannique avait refusé tout au long de l’année de privilégier l’un de ses coureurs. Si bien qu’aucun d’eux ne s’était détaché et qu’ils avaient été battus sur le fil par le Finlandais, victorieux au Brésil et sacré avec un point d’avance sur ses deux concurrents.
Au début du mois novembre, Zak Brown, qui est arrivé aux commandes de l’écurie en 2016, a évoqué lui-même ce précédent fâcheux. « Si la situation de 2007 se reproduisait, je préférerais ce résultat à tous les autres obtenus en favorisant un seul pilote, a insisté le dirigeant britannique. Nous ne le ferons pas. Nous sommes des compétiteurs. » Prendre le risque de tout perdre pour maintenir l’égalité à tout prix : d’aucuns perçoivent cette approche de la course comme une hérésie. Dimanche, seule la course décidera du nom du nouveau champion du monde.
[Source: Le Monde]