La serviette à carreaux, indéboulonnable de la table
Ces objets étaient tombés en désuétude. Ils retrouvent aujourd’hui une nouvelle jeunesse.
On la connaît tous. Traditionnellement posée à gauche de l’assiette dans les bistrots et les brasseries, la serviette à carreaux est aussi indissociable de la pause déjeuner que l’œuf mayonnaise ou le hareng pommes à l’huile. Dans certains restaurants, les habitués, ceux, par exemple, qui avaient leur table attitrée, possédaient même leur exemplaire brodé de leurs initiales.
A la différence de son homologue immaculée en coton damassé ou en percale, cette robuste serviette du quotidien, 100 % coton double fil et lavable à 60 degrés, affiche la couleur – rouge, bleue, verte, jaune… –, et c’est même à ça qu’on la reconnaît. La « normande », son nom de modèle, est pourtant fabriquée dans les Vosges, chez Gaufrex, le spécialiste du torchon de grand-mère (breveté en 1941, puis propriété de Tissage de Rambervillers jusqu’en 1997), et a voyagé à travers le monde, ambassadrice d’un art de vivre à la française, mais côté bonne franquette…
Un temps chassée de table par des versions en papier aux multiples coloris et motifs qui, comble de l’ironie, lui ont bien souvent copié ses carreaux emblématiques, l’originale ressort enfin des tiroirs. Elle a retrouvé son rond de serviette à la maison et même le chemin de l’école, puisque, depuis quelques années, elle est de retour dans les cantines. Plus écolo que la jetable, en passe, elle, de vraiment finir à la poubelle, la normande n’a même plus besoin de se tenir à carreaux. Elle est à nouveau dans les petits papiers.
[Source: Le Monde]
