Canicule, tribunes clairsemées, état des pelouses… Un bilan mitigé pour la Coupe du monde des clubs

Le tournoi organisé aux Etats-Unis, qui s’est achevé le 13 juillet, se voulait une répétition du Mondial des nations que le pays accueillera, à l’été 2026, avec le Mexique et le Canada. Il a mis au jour plusieurs défauts que les organisateurs devront corriger.

Juil 16, 2025 - 07:17
Canicule, tribunes clairsemées, état des pelouses… Un bilan mitigé pour la Coupe du monde des clubs
Après la finale de la Coupe du monde des clubs de football entre Chelsea et le PSG, au MetLife Stadium d’East Rutherford, dans le New Jersey, le 13 juillet 2025 JACQUELYN MARTIN / AP

Peut mieux faire. Entre la chaleur accablante, un public pas toujours au rendez-vous et des pelouses parfois en piteux état, le bilan de la première édition de la Coupe du monde des clubs élargie à 32 équipes est mitigé. Cette compétition, qui s’est déroulée du 14 juin au 13 juillet dans 11 villes américaines, montre que la Fédération internationale de football (FIFA) a encore du travail pour améliorer les conditions de jeu et l’accueil des visiteurs, avant la tenue du Mondial des nations organisé aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique du 11 juin au 19 juillet 2026.

Si le président de la FIFA, Gianni Infantino, a qualifié le tournoi d’« immense succès » en mettant essentiellement en avant son aspect lucratif, ce rendez-vous a suscité de nouvelles critiques, après celles déjà formulées avant son lancement sur le fait qu’il a alourdi encore un peu plus un calendrier déjà surchargé pour les joueurs.

La chaleur, le problème numéro un

Le problème principal a été sans nul doute les températures caniculaires observées aux Etats-Unis durant la compétition. Plusieurs matchs se sont joués sous 40 °C à l’ombre. Le phénomène a été accentué par les horaires des rencontres, le plus souvent programmées à midi ou dans l’après-midi pour satisfaire les téléspectateurs européens, en raison des six heures minimum de décalage horaire.

Des conditions qui mettent en danger la santé des spectateurs et surtout des joueurs. Le 24 juin, Gianluca Prestianni (19 ans), milieu de terrain de Benfica, s’est par exemple senti mal lors du match remporté contre le Bayern Munich (1-0), disputé à Charlotte (Caroline du Nord). Après une grosse demi-heure de jeu, il a dû rester allongé, le temps de se faire masser avec une poche de glace, avant de se faire remplacer en seconde période. « La chaleur est incroyable. L’autre jour, j’ai eu un léger vertige et j’ai dû m’asseoir par terre. Jouer par ces températures est très dangereux », a témoigné le champion du monde argentin de Chelsea Enzo Fernandez.

Le patron de la FIFA a reconnu que les températures caniculaires constituaient « un véritable problème » à un an du Mondial 2026. « Nous devons réfléchir à ce que nous pouvons améliorer : nous avons mis en place des pauses rafraîchissantes et arrosé les terrains. Nous avons des stades couverts, nous les utiliserons donc davantage en journée », a déclaré Gianni Infantino, mais seules cinq enceintes sur 16 prévues l’an prochain disposent d’un toit rétractable.

Alors que le syndicat international des footballeurs professionnels (Fifpro) plaide pour améliorer la programmation horaire des matchs, la FIFA précise que, pour l’heure, les horaires ne sont pas encore fixés. « Les discussions sur la gestion de la chaleur doivent être menées collectivement », plaide l’instance, qui se dit « prête à faciliter ce dialogue »et à « recueillir les contributions constructives de toutes les parties prenantes ».

Les interruptions de matchs à répétition

Six matchs de la Coupe du monde des clubs ont par ailleurs été interrompus ou repoussés en raison des conditions météorologiques. Avec notamment le huitième de finale entre Chelsea et Benfica (4-1), le 28 juin, qui a commencé à 16 heures à Charlotte (heure locale) pour se terminer à… 20 h 38, après prolongation. A chaque fois, les rencontres ont été perturbées à cause de l’application des protocoles de sécurité liés aux orages, très stricts aux Etats-Unis.

Ils imposent en effet l’interruption des événements sportifs en plein air pendant au moins trente minutes lorsque des coups de tonnerre sont détectés dans un rayon de 8 miles (environ 13 kilomètres). Si un éclair ou un coup de tonnerre retentit pendant cette coupure, elle doit être prolongée d’une demi-heure supplémentaire.

Malgré le respect de ce principe de précaution, certains acteurs du tournoi ont regretté des règles trop strictes. « Il faudrait établir un protocole qui soit un peu moins dur, essayer de terminer les matchs parce que ça affecte beaucoup la compétition », a jugé Dani Carvajal, défenseur du Real Madrid.

C’est un vrai sujet de réflexion pour la FIFA car les orages violents, habituels aux Etats-Unis à cette période de l’année, concernent surtout le centre et le sud-est du pays. Or huit des 16 stades qui seront utilisés pour la Coupe du monde 2026 sont situés dans cette zone : Miami, Atlanta, Houston, Kansas City, Dallas, mais aussi Monterrey, Guadalajara et Mexico, au Mexique.

Le public, pas toujours au rendez-vous

La fréquentation des stades était l’une des sources d’inquiétude de la FIFA avant le tournoi. Elle s’est révélée inégale. Au total, la FIFA affirme avoir vendu environ 2,5 millions de billets. Un chiffre qui masque le faible nombre de spectateurs présents pour certaines rencontres, en particulier lors de la phase de groupes. Le 16 juin à Atlanta (Géorgie), 21 152 personnes ont assisté au match entre le Los Angeles FC et Chelsea, dans une enceinte qui peut en accueillir 71 000. Pire, il n’y avait que 3 412 spectateurs pour le duel entre le club sud-coréen Ulsan HD et les Sud-Africains du Mamelodi Sundowns, le 18 juin, à Orlando (Floride). Les plus grosses affiches, comme PSG-Atlético de Madrid, à Los Angeles (Californie), ont fait le plein avec plus de 80 000 spectateurs, tout comme la plupart de celles de la phase finale, mais le choix d’enceintes immenses, dotées majoritairement de 70 000 à 80 000 sièges, a semblé peu adapté.

Gianni Infantino a rétorqué qu’il « préfér[ait] accueillir 35 000 personnes dans un stade de 80 000 places plutôt que 20 000 dans un stade de 20 000 places ». Reste que pour éviter des tribunes trop clairsemées, la FIFA a parfois dû brader les billets, comme ce fut le cas lors du match d’ouverture entre l’Inter Miami et le club égyptien d’Al-Ahly, à Miami. Voire en donner pour certains matchs, selon les informations du Daily Mail.

Alors que le « soccer » n’est pas le sport roi aux Etats-Unis, un pays où une bonne partie des amateurs de ballon rond sont latinos, la politique migratoire menée par Donald Trump a dissuadé certains supporteurs de se rendre aux matchs. Les populations hispaniques vivant outre-Atlantique et les supporteurs des équipes latino-américaines craignaient d’être des cibles potentielles des opérations d’arrestations de la police fédérale de l’immigration (Immigration and Customs Enforcement, ICE). Un contexte pesant, qui a également pu dissuader d’autres fans étrangers de se rendre aux Etats-Unis pour suivre la compétition.

L’état des terrains parfois dénoncé

L’état des pelouses de certains stades, qui peuvent servir la plupart du temps à des équipes de football américain, a également été pointé du doigt, notamment par l’entraîneur du PSG. Le 23 juin, après la victoire de son équipe face aux Seattle Sounders (2-0), Luis Enrique a poussé un coup de gueule au sujet du gazon, trop sec pour jouer dans de bonnes conditions, selon lui. « Le ballon rebondissait comme un lapin aujourd’hui », a-t-il déploré, regrettant un trop faible arrosage de la pelouse du Lumen Filed, à Seattle (Etat de Washington).

Sur ce point, la FIFA évoque des situations variables selon les stades, en assurant que l’état des terrains sera meilleur lors du Mondial 2026 grâce à un temps de préparation plus élevé en amont de la compétition, notamment pour permettre « une transition en douceur du gazon artificiel au gazon naturel », le cas échéant.

D’une manière générale, alors que la Coupe du monde des clubs devait faire office de répétition générale, l’instance assure que « les enseignements tirés de ce tournoi éclaireront directement les préparatifs de la Coupe du monde de l’année prochaine ». Il reste une petite année pour améliorer une organisation perfectible.

[Source: Le Monde]