Syrie : l’armée israélienne a mené des frappes à Damas, assurant chercher à défendre la minorité druze de la région de Souweïda
Mercredi dans la soirée, l’armée syrienne a entamé son retrait de la ville, après l’annonce d’un cessez-le-feu. Plus de 350 personnes sont mortes depuis dimanche dans le sud de la Syrie, en proie à des violences intercommunautaires.

L’armée israélienne a frappé Damas, la capitale syrienne, mercredi 16 juillet, ainsi que la ville à majorité druze de Souweïda, dans le sud de la Syrie, en proie à des violences intercommunautaires qui ont fait plus de 350 morts depuis dimanche. L’Etat hébreu, qui dit vouloir défendre les Druzes, affirme également qu’il ne permettra pas une présence militaire dans le sud de la Syrie, près de sa frontière, et considère avec méfiance le pouvoir islamiste syrien.
Dans l’après-midi, les autorités syriennes ont annoncé un cessez-le-feu à Souweïda, prévoyant « un arrêt total et immédiat de toutes les opérations militaires », la formation d’un comité regroupant des représentants de l’Etat et des chefs spirituels druzes pour surveiller sa mise en œuvre. L’armée syrienne a entamé, mercredi soir, son retrait de Souweïda, « en application des termes de l’accord conclu après la fin des opérations de ratissage contre les groupes hors la loi », selon un communiqué du ministère de la défense qui ne fait pas mention du départ d’autres forces syriennes déployées dans la ville. La présidence syrienne s’est engagée à « punir » les auteurs d’exactions.
Plus tôt, dans l’après-midi, Israël a visé Damas, prévenant les autorités syriennes, par la voix de son ministre de la défense, Israel Katz, que « les coups douloureux ont commencé ». L’armée israélienne a déclaré avoir visé une cible à proximité du palais présidentiel, sur une colline surplombant la capitale syrienne, où le président, Ahmed Al-Charaa, reçoit ses visiteurs. M. Katz a aussi publié un message sur les réseaux sociaux montrant la diffusion en direct à la télévision syrienne d’une attaque aérienne détruisant une grande partie du quartier général militaire du régime syrien.
Des bombardements ont aussi visé près de Damas « les environs de l’aéroport militaire de Mazzé », selon les autorités syriennes. D’autres ont ciblé notamment Souweïda et l’autoroute Damas-Deraa, d’après l’agence Sana.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), quinze soldats et membres des forces de l’ordre ont été tués dans des frappes israéliennes. Le dernier bilan du ministère de la santé syrien faisait pour sa part état de trois morts et trente-quatre blessés dans les seules frappes sur Damas.
Selon un communiqué du ministère des affaires étrangères syrien, « la Syrie tient Israël entièrement responsable de cette escalade dangereuse et de ses conséquences ». Le ministère, selon lequel les bombardements ont visé « des institutions gouvernementales et civiles », affirme le droit de la Syrie à « défendre son territoire et son peuple par tous les moyens garantis par le droit international ».
Mercredi soir, le chef d’état-major de l’armée d’Israël, Eyal Zamir, a déclaré que « les commandants et les soldats agiss[aient] de manière responsable et avec retenue ».
Renforcement des troupes israéliennes à la frontière
Dans la matinée, Israel Katz avait exigé du pouvoir syrien qu’il « laisse tranquilles » les Druzes de Souweïda. « Comme nous l’avons clairement formulé, Israël n’abandonnera pas les Druzes en Syrie et imposera la politique de démilitarisation » dans le sud du pays annoncée après la chute de Bachar Al-Assad, a-t-il affirmé. Dans le même temps, l’agence syrienne SANA avait rapporté une frappe israélienne, pour le deuxième jour d’affilée, à Souweïda.
Les affrontements entre les forces gouvernementales syriennes et les combattants druzes locaux avaient repris mercredi dans la région, mettant fin à un premier cessez-le-feu annoncé mardi soir par le ministère de la défense syrien.
Lundi et mardi, l’armée israélienne avait mené des frappes contre des véhicules des forces syriennes, entrées à Souweïda après deux jours d’affrontements meurtriers opposant à l’origine des combattants druzes et des tribus bédouines de la région. Les troupes gouvernementales sont intervenues en affirmant vouloir pacifier le secteur, mais elles ont pris part aux combats contre les factions druzes aux côtés des Bédouins, selon l’OSDH, des témoins et des groupes druzes.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a exhorté les Druzes israéliens à ne pas franchir la frontière avec la Syrie ; l’armée israélienne a par ailleurs annoncé qu’elle renforçait ses troupes à la frontière. Des dizaines de Druzes ont en effet traversé la frontière entre les deux pays dans les deux sens, sous les gaz lacrymogènes : des soldats israéliens et des gardes-frontières patrouillaient la frontière marquée par des murs de barbelés de plusieurs mètres de haut près de la ville de Majdal Shams.
Appels au calme
Le dernier bilan des violences à Souweïda, diffusé jeudi matin par l’OSDH, s’élève à plus de 350 morts depuis dimanche. L’ONG a déclaré que 79 combattants druzes et et 18 combattants bédouins avaient été tués, ainsi que 55 civils druzes, dont « vingt-sept civils exécutés sommairement par les membres des ministères de la défense et de l’intérieur ». En outre, 189 membres de l’armée ou des forces de sécurité ont été tués, auxquels s’ajoutent donc quinze soldats et membres des forces de l’ordre morts dans des frappes israéliennes, a précisé l’ONG. Un journaliste local figure également parmi les personnes tuées, a précisé l’OSDH
Le porte-parole du ministère des affaires étrangères français a fait part, mercredi, de la « vive préoccupation » de Paris au sujet de ces affrontements et a déclaré que la France « appelle à l’arrêt immédiat des affrontements ».
L’Union européenne (UE) « exhorte Israël à cesser immédiatement ses frappes » en Syrie, a déclaré auprès de l’Agence France-Presse un porte-parole de la Commission, Anouar El Anouni. « Y compris sur des institutions clés à Damas, qui mettent en danger la vie des civils et risquent de compromettre la transition en Syrie ».
Sans donner plus de précisions, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a quant à lui annoncé, mercredi après-midi, « un accord sur des mesures spécifiques qui permettront de mettre fin à cette situation troublante et terrifiante » en Syrie.
[Source: Le Monde]