Présidentielle en Côte d'Ivoire: les manifestations en soutien aux candidats de l'opposition exclus interdites
Le gouvernement de Côte d'Ivoire a interdit ce jeudi 2 octobre les meetings et manifestations qui contestent l'exclusion de candidats d'opposition de l'élection présidentielle du 25 octobre prochain. L'opposition à Alassane Ouattara prévoyait d'organiser une marche pacifique ce samedi 4 octobre à Abidjan.

"Plusieurs individus, dont des responsables politiques, tiennent des propos à caractère xénophobe, haineux et subversif, et diffusent de fausses informations de nature à troubler l'ordre public", a constaté le Conseil national de sécurité (CNS) de Côte d'Ivoire, depuis le 8 septembre.
Ainsi, des mesures ont été prises par le gouvernement ivoirien pour sécuriser le pays en cette période électorale. L'élection présidentielle aura lieu samedi 25 octobre. "Les ministres en charge de la Justice et de la Sécurité ont été instruits à l'effet de prendre toutes les dispositions nécessaires pour maintenir l'ordre et la sécurité, y compris l'interdiction des meetings et manifestations publiques visant à contester les décisions du Conseil Constitutionnel", poursuit le CNS, qui réunit l'appareil sécuritaire ivoirien, dans un communiqué.
Le 8 septembre, le Conseil constitutionnel a publié la liste définitive des candidats qualifiés. Il a rejeté les candidatures de l'ancien président et opposant Laurent Gbagbo et du chef du principal parti d'opposition, Tidjane Thiam, une décision largement critiquée par leurs partis.
Le CNS rappelle que "les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours" et que "toute contestation" de celles-ci "de quelque nature qu'elle soit, est illégale et expose ses auteurs aux sanctions prévues par la loi".
Une autre mesure sécuritaire prise par le gouvernement de Côte d'Ivoire, le déploiement de 44.000 femmes et hommes sur l'ensemble du territoire ivoirien, comme le rapporte nos confrères de Jeune Afrique. 18.000 policiers, 18.000 gendarmes et environ 8.000 militaires, soit près d'un quart de plus que lors du scrutin émaillé de violences de 2020.
Manifestation reportée au 11 octobre
Le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo et le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, principal parti d'opposition) de Tidjane Thiam - qui est hors du pays depuis mars -, avaient annoncé une marche ce samedi pour "la démocratie, la justice et la paix".
Elle a été interdite jeudi notamment pour "risques élevés de troubles à l'ordre public", a indiqué la préfecture dans un communiqué. Jeudi soir, lors d'un point de presse, le PPA-CI a déclaré "prendre acte" de l'interdiction de la marche et a annoncé son report au 11 octobre. "Le PPA-CI déplore cette situation" mais "appelle ses militants à rester mobilisés", a déclaré le secrétaire exécutif du parti, Sébastien Dano Djedje.
"Nous exigerons la libération immédiate et sans conditions de tous les prisonniers politiques injustement incarcérés", a-t-il dit. Les deux formations politiques dénoncent des séries d'arrestations et d'incarcérations depuis juin.
Plusieurs rendez-vous en juin et août
Deux manifestations importantes se sont tenues ces derniers mois, réunissant plusieurs milliers de militants de l'opposition en juin et en août. L'opposition critique également la possibilité qu'Alassane Ouattara puisse effectuer un quatrième mandat, l'estimant contraire à la Constitution.
La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel estime qu'avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels avait été remis à zéro.
Quatre candidats d'opposition sont qualifiés pour affronter Alassane Ouattara: l'ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon, dissident du PDCI, deux anciens compagnons de route de Laurent Gbagbo en rupture avec lui, son ex-épouse Simone Ehivet Gbagbo et l'ex-ministre Ahoua Don Mello, et enfin Henriette Lagou, déjà candidate en 2015.
[Source: TV5Monde]