Modèles de gouvernance politique en Syrie et en Irak : Une analyse comparative en présence de l'engagement diplomatique américain
Dr. Sirwan Abdulkarim Ali / Analyste politique et chercheur - traduit par EDGEnews.
Les développements diplomatiques récents en Syrie donnent une vue d'ensemble du développement de l'évolution de l'approche de la gouvernance au Moyen-Orient. Deux faits importants sont à souligner. Premièrement, la signature d'un accord énergétique de 7 milliards de dollars à Damas, supervisé par l'envoyé spécial des États-Unis en Syrie, Thomas Barak. Deuxièmement, l'intention du président Trump de retirer la Syrie de la liste de surveillance du terrorisme représente des changements significatifs dans la dynamique politique régionale qui méritent d'être examinés parallèlement à l'expérience de l'Irak après 2003.
Les systèmes politiques contemporains du Moyen-Orient ont souvent du mal à établir des cadres constitutionnels solides qui bénéficient d'un large soutien populaire. L'administration syrienne actuelle fonctionne sans système électoral établi. Cette situation illustre une approche de la gouvernance pendant les périodes de transition. Elle contraste avec la trajectoire de l'Irak après 2003, qui a mis l'accent sur les processus électoraux, mais qui a rencontré des difficultés considérables en matière de distribution équitable des ressources et d'administration efficace au cours des deux dernières décennies. Ces trajectoires divergentes suggèrent des perspectives différentes sur la relation entre les institutions démocratiques et une gouvernance efficace.
Dans de nombreux systèmes politiques régionaux, la transition des dirigeants se fait par le biais de mécanismes familiaux plutôt qu'institutionnels. Une telle approche reflète les préoccupations relatives au soutien de la stabilité et de la continuité, bien qu'elle puisse soulever des questions quant au développement d'institutions démocratiques durables capables de faciliter les transferts pacifiques de pouvoir sur la base d'un mandat populaire.
L'accord d'investissement énergétique récent de 7 milliards de dollars de la Syrie, mentionné ci-dessus, a été signé avec un consortium comprenant des entreprises qataries, américaines et turques. Il met l'accent sur le développement économique par le biais de partenariats négociés plutôt que de mandats électoraux. Le ministre de l'énergie, Mohammed al-Bashir, a décrit l'accord comme « la mise en œuvre pratique de la levée des sanctions contre la Syrie », ce qui indique que les priorités sont axées sur la reconstruction économique et l'intégration internationale. Cette approche semble donner la priorité aux avantages économiques immédiats et à la stabilité régionale plutôt qu'aux processus démocratiques traditionnels, ce qui pourrait permettre de réaliser des économies et de réduire les complications politiques, tout en soulevant des questions quant à la légitimité et à la représentation à long terme.
L'expérience de la démocratie électorale en Irak après 2003, tout en représentant une transformation politique pertinente, a été confrontée à des défis permanents liés aux divisions sectaires, à l'allocation des ressources et à l'efficacité administrative. Malgré des revenus pétroliers substantiels et le soutien international, le pays a dû faire face à des problèmes de gouvernance qui soulignent la complexité de la mise en œuvre de systèmes démocratiques dans des environnements post-conflit.
L'évaluation de Thomas Barak selon laquelle « l'administration actuelle de la Syrie ne veut pas de guerre avec Israël » et son appel à « donner une chance à la nouvelle administration syrienne » reflètent l'évolution des stratégies d'engagement international. La rencontre entre les présidents Trump et al-Sharaa à Riyad en mai 2025, qui a abouti à la décision d'enlever les sanctions américaines contre la Syrie, démontre l'importance de la validation et du soutien extérieurs dans les accords politiques régionaux.
Ce schéma suggère que de nombreux systèmes politiques du Moyen-Orient bénéficient d'une orientation et d'une légitimité internationales, en particulier de la part de grandes puissances comme les États-Unis. Ceci est tout-à-fait appréciable dans l'environnement politique et sécuritaire actuel. Les approches contrastées de la Syrie et de l'Irak permettent de comprendre les différents modèles d'organisation politique. L'accent mis actuellement par la Syrie sur les accords négociés et les partenariats économiques représente ce que l'on pourrait qualifier d'approche dirigée par la direction, qui donne la priorité à la gouvernance pratique plutôt qu'à la légitimité démocratique. L'expérience électorale de l'Irak, bien que confrontée à des défis importants, représente une tentative d'établir des institutions démocratiques malgré des difficultés persistantes.
Les expériences de la Syrie et de l'Irak illustrent la complexité du développement politique au Moyen-Orient. Bien que les deux pays soient confrontés à des défis uniques, leurs approches sont différentes. Les accords négociés en Syrie, d'une part, et le cadre électoral en Irak, d'autre part, constituent des études de cas précieuses pour comprendre les modèles de gouvernance contemporains dans la région. Le rôle des alliances internationales et de la validation dans ces deux cas souligne l'interdépendance des dynamiques politiques régionales et mondiales.